[Flash #40] Yurïk Fishman, Couleur Dauphin, Pogue Life, Existe et Confiture Maison

Peu de temps avant qu’on soit tous enfermés, on nous a proposé d’aller au Diving Bell Social Club pour un Temple de l’amour. C’était comme impossible de refuser l’invitation. Y’avait des créatures incroyables dignes des meilleurs films de SF, de la cool musique, des projections, des gens très fins, des illustratrices ainsi que des photographes bien talentueuses. La soirée était organisée par Atondo Musique. Ces gens-là sont infatigables. Ils ont créé un regroupement de musiciens et d’artistes émergents. Leur mission, c’est de rendre accessible une tonne de projets survoltés. L’essence du collectif est perceptible dans leur nom. Inspiré de l’expression anglaise we got your back, le jeu de mot Atondo (« à ton dos ») symbolise l’union, le partage et l’entraide, tous utiles au cheminement du créateur. Il va sans dire que le collectif ne pouvait pas se tourner les pouces pendant le confinement. Il y a quelques semaines, ils ont lancé un appel à contributions sur le web en vue de voir émerger un album collaboratif. L’objectif était d’encourager la création en ces temps troublés et de valoriser les artistes émergents québécois encore trop peu connus. Puisque tous ne vivent pas la pandémie de la même manière, des titres plus anciens, mais n’ayant pas eu beaucoup de relais, ont aussi été acceptés. Aujourd’hui, Atondo dévoile le résultat de sa soupe avec l’album « Cannages Vol. 1 ». Ils nous ont fait le plaisir de nous l’envoyer quelques jours avant sa parution. Dans son intégralité, cet album est une merveille. Ça mélange du rap, du hip-hop, de la musique expérimentale, du noise, de l’électro, du metal, de l’ambient, du rock tout doux et même du folk. On a dansé, pleuré et ri comme jamais. Ayoye la toune de 1 seconde. C’était tout simplement de la torture de choisir cinq titres pour vous les présenter. Vous pouvez jeter un coup d’œil à notre sélection totalement arbitraire. Mais c’est plus un prétexte pour vous renvoyer vers l’écoute de l’album au complet. Le plus beau des vendredis depuis les fermetures. Merci Atondo et merci à ces trente-deux artistes tous plus incroyables les uns que les autres.

[Single de confinés #12] Yurïk Fishman – Une bombe n’a pas beaucoup d’avenir

24 avril 2020

On le répète : ça n’a pas de bon sens de faire des choix sur cet album collaboratif. Mais il faut bien commencer quelque part. Nous aurions adoré parler de Chien cul, de Saligaude et de Delirum Desh. C’est Yurïk Fishman qui commencera la série. Il nous vient de L’Anse aux Meadows (Terre-Neuve-et-Labrador). Avec « Une bombe n’a pas beaucoup d’avenir », David Marsolais nous a composé pendant le confinement un titre de musique électro bien dark sur lequel on continuerait de danser même si l’apocalypse survenait. Ça tombe bien parce que c’est quand même une sacrée bombe qui nous est tombée dessus. La voix off ajoutée sur la composition est un extrait d’un merveilleux poème récité par Pierre Morency lors de la nuit de la poésie à Montréal en 1970. Ce texte aurait pu être écrit aujourd’hui tant il ressemble à un rêve de confinement où l’on se prendrait nous-mêmes pour une bombe. Plutôt effrayant car « ce n’est pas facile d’être une bombe / Vous me comprenez / Une bombe n’a pas beaucoup d’avenir » : « j’ai dû faire beaucoup de morts quand je suis tombé ». On danse en fermant les yeux en ajoutant dans notre tête et tout autour de nous des projections du merveilleux final du film de Kubrick, Docteur Folamour ou « comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer la bombe ».

On ne se privera pas de revoir (ou de voir) des images de la nuit de la poésie…

… et de notre Kubrick préféré.


[Single de confinés #15] Couleur Dauphin – Personocratia Dub

15 mai 2020

On flyera ensuite avec Couleur Dauphin qui, pour certains, est même le meilleur groupe de tout Montréal. Si vous ne les connaissez pas, allez vite sur leur Bandcamp (le plus beau de la terre) : vous pourrez y trouver leurs quatre précédents opus. On était faite dès qu’on a entendu leur nom. Mais on a surtout commencé à leur vouer un véritable culte dès qu’on nous a expliqué la démarche de ces anonymes (n’essayez pas de connaître leur identité : on a déjà essayé et ce fut un bel échec). Couleur Dauphin, c’est donc un groupe fictionnel dont le line-up est toujours flou et qui change totalement de style à chaque album. Ils sont à la recherche d’une expression pure, loin des normes et des clichés. Ils veulent juste créer et passent du noise au folk en passant par la pop et le hip-hop. À la recherche d’informations supplémentaires, et par différents messagers, on a réussi à leur faire dire que « souvent opaque et insondable, la musique de Couleur Dauphin fait penser à un party auquel seuls les membres du groupe, Jurassique Marque, Serpillière Copy et Couche Noire sont invités. On ne peut que s’installer devant une fenêtre comme un voyeur et témoigner du spectacle aussi fascinant qu’alarmant qui se déroule à l’intérieur ». Et puis, ils ont ajouté un « mais, peut-être pas ». En somme, des gens un peu intenses. Pour « Cannages Vol. 1 », ils nous ont concocté une petite toune instrumentale intitulée « Personocratia Dub ». Le titre serait inspiré d’une chaîne YouTube new-age anti-vaccin et nouvelle médecine assez folle, « Personocratia Diesse ». Bref, on est en amour avant même d’entendre la chanson… mais en plus, elle est bonne. C’est un mélange délicieux de sons électro lourds et groovy. Au bout des 7 minutes 17 secondes, on se sent transformé en personnage de jeu vidéo très old school. Préparez-vous, y’a un cinquième album qui s’en vient pour Couleur Dauphin.


[Single de confinés #17] Pogue Life – Grand garçon

janvier 2020

La chanson « Grand garçon » de la nouvelle formation hip-hop Pogue Life fait partie de ces titres de l’album « Cannages Vol. 1 » un peu plus anciens, mais qui étaient peut-être passés trop inaperçus à leur sortie. Avec ce texte tellement cute, on se demande simplement comment ça a pu ne pas parvenir à nos oreilles. Lisez ça : « J’ai troqué mon fame et pis ma montre en or contre un vieux char qui sent le cheddar extra-fort / l’exhaust frotte sur l’asphalte. C’pas l’extase, mais ça sonne jazz / Pas une Mercedes Benz, pas de banc en cuir / Seulement l’amertume quand vient le temps d’partir / J’essaye de devenir un grand / Mais j’prends mon temps / J’ai cligné des yeux / Damn, ma blonde veut des enfants / Les lights du bar s’allument / Mon teint est pâle / Finie l’adolescence / Come on guys, last call ». On fond bien raide comme à l’époque de nos seize ans quand on écoutait en boucle l’excellent collectif français Hocus Pocus. Derrière Pogue Life se trouvent les deux membres du groupe jazz The Liquor Store : Félix Leblanc et Jean-Daniel Thibault-Desbiens. Le projet est encore en développement, mais le groupe travaille déjà sur un EP. En attendant, ils vont pas mal nous faire retomber dans des premières amours musicales trop vite abandonnées. Et on méditera aussi sur « Grand garçon » : « Good morning sunshine, déjà vingt-six ans / Je rêvais d’être une rock star. (…) Je paye mes taxes / Mais clairement c’pas la life dont je rêvais / Mais le bonheur est simple, voilà le secret ».


[Single de confinés #19] Existe – Tel un oiseau sans sens

15 mai 2020

On ne pouvait pas ne pas choisir la chanson « Tel un oiseau sans sens » du groupe Existe, assez ancienne, mais jamais publiée. Nous faire pleurer sur du black metal, ce n’est pas donné à tout le monde. Disons qu’on n’est pas exactement le public cible. On apprécie vraiment ça de temps en temps dans un sous-sol. Mais voilà tout. Et pourtant, on a été scotchée par la découverte de cette chanson de 6 minutes 25 secondes, si bien qu’on a fondu, un peu, beaucoup, en larmes à son écoute. D’accord, c’est arrivé plutôt dans la partie instrumentale avec le piano et les oiseaux. Pourtant, promis, on a été aussi très touchée par le chant du leader Cyril Tousignant. Et le texte est sublime : « Je fermerai plutôt les yeux / M’envolerai dans les rêves de l’enfance frivole / Tel un oiseau sans sens, qui vole sans sentir ». Dans les prochaines semaines, on ira sans aucun doute découvrir les trois autres opus du quartet créé en 2011. On jettera également un coup d’œil à l’autre projet de l’initiateur du groupe : Simplet, du hip-hop instrumental.


[Single de confinés #25] Confiture Maison – La tête à l’envers

15 mai 2020

Finalement, on se laisse sur un titre de rock de chambre plus joyeux et léger qui permet de reprendre ses esprits après Existe. Il s’agit de « La tête à l’envers » signé Confiture Maison, avec soupçons délicieux de notes jazzy. « À regarder le ciel, on espérait être heureux / Si seulement on flyait tous les deux / Les pieds dans les airs, la tête à l’envers / On pourrait s’embrasser, toute la soirée / Et le ciel était beau / Désabonné des gratte-ciels / Et puis toi t’étais belle / La tête à l’envers / À l’envers / À l’envers / À l’envers ». Le tout nouveau band est formé de quatre gars vivant en ce moment à Rimouski (Marc-Olivier Goudreault à la guitare et au chant, Vincent Giroux à la basse, Alexandre Robibaud à la batterie et Alexandre Théberge à la guitare). Ils nous ont fait savoir que la chanson n’avait pas été composée initialement pour « Cannages Vol. 1 » puisque le groupe travaillait déjà sur des chansons avant ce que vous savez. Ce premier titre entraînant est en tout cas suffisamment efficace pour qu’on ait hâte de suivre ça de près, d’autant plus qu’ils nous annoncent des titres plus heavy aussi.

Encore merci à tous pour le plus beau cadeau du confinement.


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Lise Brun

En quête perpétuelle d’émotions dans les salles de la ville aux cent clochers