[EP] Yaya Bey – The Things I Can’t Take With Me

Si elle n’avait pas prévu de donner une suite immédiate à « Madison Tapes », son album paru l’année dernière, Yaya Bey a vécu une peine de cœur qui est venue en décider autrement. Né de manière soudaine, « The Things I Can’t Take With Me » est un EP qui traduit toute l’importance de s’exprimer plutôt que de garder pour soi, où personnel et universel s’entrecroisent sans cesse.

Yaya Bey a cette capacité à vous charmer dès les premiers instants. En ouvrant son EP par « The Root of a Thing », la New-Yorkaise nous plonge immédiatement dans une ambiance douce comme du miel par le prisme de cordes de guitare caressées. L’instrumental développe une ambiance rêveuse – faisant écho au printemps naissant – au fil d’un flow RnB pur, tendre et séduisant, en faisant la piste la plus belle de l’EP.

Au fil de cette ambiance utopiste où les détails sonores s’accumulent et s’entremêlent jusqu’à provoquer le frisson, Yaya Bey n’en développe pas moins un texte personnel engagé et comme souvent, centré autour du sensible, évoquant ici son éducation et son entourage familial.

On pouvait déjà se douter de la capacité de l’artiste pluridisciplinaire – elle qui crée ses propres illustrations et expose ses collages en galeries – à fasciner son auditoire lorsque paraissait il y a quelques semaines « Fxck It Then », premier extrait de l’EP.

Certainement la production la plus riche et affirmée de ce mini album, le titre fait résonner l’appel des cuivres dès les premières secondes, auquel se joint très vite un chant au placement affûté. Hybride neo soul et RnB, où la rondeur de la basse se fait tantôt ample tantôt plus discrète, le morceau rappelle l’univers d’un Loyle Carner dont on se plaît à imaginer une potentielle rencontre avec le talent de Yaya Bey.

De manière générale, l’EP développe une atmosphère relativement dépouillée, franche et directe – comme sur « September 13th » – mais toujours orientée vers l’expression du sensible et du for intérieur. Passant de l’après-midi ensoleillée à celle pluvieuse de l’automne (« We’ll Skate Soon »), au détour d’un interlude en session live (« You Up? »), l’interprète américaine fait battre notre cœur au fil du sien, de ses sentiments et de ses ressentis sur le monde l’entoure.

Elle affirme à nouveau sa singularité sur « Industry Love / A Protection Spell », titre scindé en deux parties qui vient clore l’EP en développant deux ambiances différentes et néanmoins complémentaires. La première dans l’esprit général du disque, avant un break brut à la guitare qui nous ramène à un nouveau chant envoûtant faisant appel aux sens et au partage de l’âme.

Artiste qui semble toujours dans l’expérimentation, la recherche et l’expression nette, tranchante, pure et sans détour, Yaya Bey prouve à nouveau – après « Madison Tapes », un très bel album empli d’expérimentations et d’interludes – qu’elle a bien fait de ne pas laisser tout ce qu’elle ressentait derrière elle pour l’exprimer et le partager à travers cet EP en développant un univers toujours empreint de poésie.

crédit : Andres Norwood

« The Things I Can’t Take With Me » de Yaya Bey, sortie le 9 avril 2021 chez Big Dada (Ninja Tune).


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Florian Fernandez

Florian Fernandez

"Just an analog guy in a digital world". Parfois rock, parfois funk, parfois électro, parfois folk, parfois soul, parfois tout à la fois.