Pas facile de faire des raccourcis en écoutant le second et nouvel album éponyme de Warpaint, produit par le (très) grand Flood. « L’album que Portishead n’a jamais enregistré », diront certains.
Peu avant la sortie de l’album, Theresa Wayman et Emily Kokal vantaient un nouvel opus « définitivement différent » intégrant du hip-hop, son que l’on ne retrouvait pas dans le très alt-rock « The Fool ».
Cela dit, Warpaint a pris soin de garder ses guitares dégoulinantes et la basse prédominante de Jenny Lee Lindberg. De quoi rapprocher un peu plus Warpaint du son trip-hop bristolien de Tricky comme de Portishead.
Cela dit « Warpaint », l’album, n’est en réalité que la suite logique de « The Fool », et la progression vers le hip-hop ne se fait qu’à petites touches. Elle était à pressentir, puisque c’est aussi la tournure que semblent prendre les projets proches du quatuor californien. Avec son « PBX Funicular Intaglio Zone » de 2012, John Frusciante sur le titre « Ratiug », ce dernier proposait un habile mélange de guitares et de sonorités hip-hop. Quand on connait les relations fortes qui l’unissaient à Emily Kokal (chanteuse de Warpaint), le doute n’est plus permis sur l’influence du guitariste. De même que James Blake, en couple avec Theresa Wayman, avait intégré des sons hip-hop sur « Overgrown » et collaboré avec RZA du Wu-Tang Clan.
On retrouve ainsi ces mêmes influences sur « Biggy » (en référence à Notorious B.I.G ?) et sur « Hi » où les beats caractéristiques du genre avec leurs basses lourdes omniprésentes s’imposent dans le paysage.
Le groupe prend par contre un sacré détour sur « Disco//Very », construit sur un jam hip-hop, avec une batterie constante, des chœurs assez inquiétants (un peu à la manière du début du « Composure » de « The Fool » mais nettement moins enjoué) et une basse groovy qui consolide le tout avec originalité.
Le reste de l’album est similaire aux premiers efforts de Warpaint, notamment à travers un « Teese » très laid-back et acoustique, avec de magnifiques « la la » pendant le refrain. De quoi toucher l’auditeur avec autant de grâce qu’avait pu le faire « Baby ». « Keep It Healthy » et « Love Is To Die » montrent d’ailleurs que Warpaint n’a rien perdu de son panache à composer des morceaux efficaces et directs, les plus grandes réussites de l’album à n’en pas douter.
Enfin, « Love Is To Die », sorti en single il y a quelques mois, ne perd rien de son efficacité dans le contexte de l’album. Une vraie révélation, avec une production absolument impeccable et des paroles qui balancent entre cynisme et optimisme : « Love is to die, love is to not die, love is to dance »
Theresa, Emily, Jenny et Stella conscientes de leur forte féminité, proposent une subtile nuance de rythmes et de sons qui permet, entre autres, de croiser le dansant et l’inquiétant « Disco//Very » comme le poignant « Son ».
Ce nouvel opus, pas si « définitivement différent » que ça, est une grande réussite. Il laisse l’auditeur aussi bouleversé et ampli de nostalgie qu’à la dernière note de « Lissie’s Heart Murmur ».
« Warpaint » de Warpaint, sortie le 20 janvier 2014 chez Rough Trade Records.
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