[Live] Les Vieilles Charrues 2018

280 000 festivaliers ont foulé cette année les terres de Carhaix, en Bretagne, pour participer au plus grand festival de France durant quatre jours. L’événement a su attirer comme chaque année un public familial autour d’une programmation composée de grands noms et d’artistes émergents.

crédit : Mathieu Ezan

Commençons par les bonnes surprises de cette édition avec la révélation du label Charrues, Saro, qui a marqué sa prestation electro-beatbox par une fraîcheur et une simplicité avec des morceaux très courts dont l’un dédié aux Trans Musicales. La Montréalaise Charlotte Cardin a elle aussi fait des éclats avec sa voix rappelant celle d’Amy Winehouse sous un soleil de plomb. The Blaze aura offert un moment suspendu, poétique et transcendant avec son électro à la fois enivrante et dansante respirant la liberté, la jeunesse et la fraternité dans une scénographie aux visuels vidéo riches.

Lee Fields et le groupe qui l’accompagne sur la tournée, The Expressions, auront offert ce que l’on attendait : un show dans la plus pure tradition soul américaine. Durant plus d’une heure, le chanteur à la voix d’or a incarné jusqu’au bout des doigts ses textes. La sueur l’a rapidement prouvé. Impossible de ne pas penser durant cet éclat au feu Charles Bradley : même configuration scénique, même esprit. Lee Field feinte sa sortie en backstage, retransmise sur les écrans, en guerrier. Les Négresses Vertes auront quant à eux réussi leur come-back avec un set très dynamique, à la fois basé sur la chanson populaire et le rock, pour terminer sur une version du « Soleil de Bodega » aux beats technos, sous une pluie ironique. Dans la continuité de cette énergie, le Rémois Yuksek a assuré un DJ set ensoleillé en piochant dans sa grande palette de tubes et de celles de quelques copains comme Polo & Pan ou L’Impératrice, pour lesquels il a réalisé un remix du morceau « Vacances ».

Quelques déceptions cependant du côté des Écossais de Young Fathers qui ont malheureusement subi un son épouvantable rendant le show difficile à apprécier. Nous avons aussi vu un Eddy De Pretto en pilote automatique devant un public conquis par avance, dont nous retiendrons essentiellement la force des textes.

Le dimanche était, il faut bien le dire, la journée des rappeurs stars. La chanteuse à la voix de velours Angèle a beau avoir sorti trois morceaux seulement, une foule dense s’est pressée pour la voir et la revoir ensuite aux côtés de son frère Roméo Elvis. Ce dernier aura misé sur l’énergie de la foule pour jouer avec, laissant au second plan quelques morceaux. Mais finalement, n’est-ce pas la meilleure chose à faire devant autant de personnes chauffées à bloc ?

Un incendie qu’aura apaisé quelque temps le chanteur de Led Zeppelin, Robert Plant, avec son groupe de rock exotique The Sensational Space Shifters. Nous avons été très surpris de voir si peu de monde devant une telle légende, le public très jeune ayant évidemment préféré le show décalé et chaotique du rappeur breton Lorenzo qui s’est vu remettre sur scène son disque de platine par… Shy’m (oui oui).

Aurélien, une chanson ! Orelsan, lui, aura confirmé son statut de nouvelle idole de toute une génération avec une setlist beaucoup moins nerveuse et explosive que sur sa précédente tournée. Évidemment, le public connaît par cœur les paroles de « Basique », « La Pluie », « Tout va bien » ou encore « Défaite de famille ». Les sages conseils du rappeur dans « Notes pour trop tard » auront en revanche créé le silence dans le public. Puis le pionnier irrévérencieux de l’électro Fatboy Slim s’est occupé de conclure le festival avec un set particulièrement EDM, mais efficace avec des jeux de lumière et des lasers surpuissants, complété par les projecteurs disséminés autour du festival qui ont permis de créer un show à 360 degrés.

Si nous devions retenir un seul concert dans cette édition, ce serait probablement celui de Gorillaz. Les meilleurs morceaux de chaque album se sont enchaînés sans jamais se ressembler et c’est là toute la force de ce collectif : un mélange des genres visionnaire, pertinent et populaire. Le groupe formé en 1998 par le Blur Damon Albarn a offert un show jouissif durant presque deux heures, avec une envie gigantesque de régaler le public. Mis en scène avec les écrans géants de façon cinématographique et des extraits de clips, le récital est surtout réussi grâce à des musiciens exceptionnels et des rappeurs surdoués invités sur « Dirty Harry », « Stylo », « Hollywood » et « Strobelite ». Little Simz a incendié la foule avec son flow ultra-rapide et le charisme de Peter Everett, Jamie Principle et Bootie Brown aura réussi à conquérir les milliers de personnes présentes. Le morceau « Clint Eastwood », introduit façon western par Damon Albarn au mélodica, a évidemment clôturé ce grand moment.

Une vraie pointe d’amertume persiste cependant dans toutes ces festivités ; comme l’an dernier, avec un manque d’organisation concernant l’accueil des journalistes. Entre un stationnement dédié aux professionnels inatteignable et des agents de sûreté incapables de nous renseigner ou nous mettant sur des fausses pistes, nous n’avons même pas pu nous rendre au festival chaque jour pour faire notre travail. Le plus grand festival de France peut vraiment mieux faire.


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Yann Puron

Découvreur musical avide d'émotions fortes aussi bien sur disques qu'en concerts