Trente-trois minutes avec The Lemon Twigs, c’est le temps que les enfants terribles de la scène indie rock new-yorkaise nous ont consacré mercredi 24 mai. Après avoir échangé quelques mots dans leurs loges avec le trio Tchotchke qui les accompagnent en tournée, nous les attendons de pied ferme dans le grand hall rouge éclatant de l’Autre Canal à Nancy. Finalement, seul Brian se joindra à nous, calme avec un top imprimé « OUI » en référence aux trois dates françaises de leur tournée européenne. Nous avons discuté de leur tout dernier et quatrième album « Everything Harmony », de leur collaboration avec Weyes Blood et de leur parrain musical Jonathan Rado du groupe Foxygen.
- Parlons de votre dernier album « Everything Harmony », il est très différent de « Songs For The General Public» : je veux dire par là que chaque chanson a une âme qui lui est propre. Quel est le titre qui a été le plus dur à enregistrer et composer ?
« Ghost Run Free » n’était pas un exercice facile, elle était écrite avec un couplet complètement différent au début, on a tout réenregistré, car elle ne fonctionnait pas avec le refrain. Je marchais jusqu’au studio quand je l’ai écrite avec des paroles psychédéliques.
« What Happens to a Heart » en mixing était compliquée également, on voulait être sûrs qu’on entende bien les voix malgré tous les instruments. On a tout enregistré en trois semaines à San Francisco, mais l’histoire de cet album a d’abord commencé à New York.
- Votre musique est une perle rare, vous aimez assez théâtraliser vos titres tant et si bien que nous vous voyons bien composer la bande originale d’un film. C’est dans vos projets ?
On adorerait ! On travaillait déjà sur un projet similaire qui était un bon exercice pour nous, mais ça n’est jamais sorti. On a aussi fait ce genre de chose avec Jonathan Rado, c’est intéressant, mais c’est dur, car c’est déjà la vision de quelqu’un d’autre. On essaye de parler avec des personnes qui travaillent dans ce milieu, mais à la fin, tout dépend qui dirige le projet, c’est plutôt eux qui doivent venir vers toi.
- Vous avez produit le premier album de Tchotchke qui était délicieux à écouter et qui vous accompagne en tournée. Michael a fait un peu de batterie pour Weyes Blood pour un de ses albums, avec qui aimeriez-vous travailler plus tard ? Une collaboration est-elle en cours ?
Je joue de la guitare et du clavier sur le dernier album « And in the Darkness, Hearts Aglow » de Weyes Blood sur trois titres ; « Grapevine », « Children of the Empire » et « Hearts Aglow ». On compose pas mal avec Rado, peut-être qu’il va nous demander de travailler sur l’un de ses projets. C’était notre plus grosse influence à nos débuts, c’est une des rares personnes avec qui on peut enregistrer ce type de production, dans d’excellentes conditions.
- La gestion du son est très importante dans votre travail que ce soit sur scène ou en studio. Votre public est par ailleurs un grand consommateur de vinyles. Est-ce qu’à la fin de chaque titre composé, vous pensez directement à cette particularité ?
Ce détail vient vraiment à la fin du process, c’est la dernière chose à laquelle on pense. Pour nous, il n’y a qu’une bonne manière d’arranger le son, on essaye de faire ce qui est juste pour nos titres. Cet album, « Everything Harmony », était différent, car on avait 48 minutes de musiques et pour les vinyles c’est seulement 23/24 minutes environ, on doit aussi prendre ça en compte. On a dû l’apporter à quelqu’un qui sait couper l’album. Pour conclure, on réfléchissait plus aux meilleurs titres à mettre dedans.
- Un petit détail m’intrigue : pourquoi la version de « Fight » en vinyle est-elle différente de celle présente sur les plateformes ?
Avec la pandémie, notre label a repoussé la sortie de « Songs For the General Public » de trois mois, on travaillait déjà depuis un long moment sur cet album. Le vinyle a dû être pressé avant une date très précise. Il nous restait donc quelques semaines, on s’est dit qu’on pouvait faire mieux avec ce titre. On a donc réenregistré une nouvelle version pour la sortie digitale. On voulait que ça sonne le mieux possible, on s’est dit que les fans qui auraient l’édition vinyle aller apprécier cette différence.
Après ces mots, nous allons chercher Michael dans sa loge, il se prépare pour la session photo derrière la scène avec les housses de guitares et amplis en cuir, idéal pour refléter l’identité pop psyché des deux frères.
[Live] The Lemon Twigs à l’Autre Canal
Les frères D’Addario sont de retour pour plusieurs dates européennes pour notre plus grand plaisir, afin de jouer leur orchestre rock. Après avoir échangé avec Brian, chanteur amusant et réservé, nous les retrouvons sur la scène de l’Autre Canal à Nancy. La première partie est assurée par le power trio féminin Tchotchke, dont Lemon Twigs a d’ailleurs produit le premier album.
Le duo new-yorkais commence très fort avec « The One », extrait du précédent album, « Songs for the General Public », qu’il n’avait pas pu présenter en tournée ces trois dernières années. Brian et Michael sont accompagnés de musiciens aussi incroyables qu’eux ; leur batteur Reza Matin qui échange son rôle avec Michael à la guitare pour trois titres à la chaine « Any Time a Day », « Only A Fool » et le classique « I Wanna Prove to You » et le bassiste Danny Ayala tout aussi multi-instrumentiste.
Entre quelques sauts à droite, à gauche et des jetées de jambes, Michael se permet quelques farces sur scène et tout aussi théâtralement, son frère le coupe respectueusement avec le son de sa basse pour pouvoir continuer.
Plusieurs chansons aussi folles et électriques que les autres s’enchaînent et nous redécouvrons par exemple le deuxième album « Go to School » avec l’excellente « Queen of My School ».
Au moment du rappel, quatre chansons restent à jouer. Brian revient alors seul sur la scène pour nous délivrer un titre avec une intimité rare, ce que nous n’avons pas eu l’occasion de vivre pendant un show. Sa performance de « When Winter Comes Around », qui ouvre le nouvel album, a laissé place à une audience très silencieuse malgré l’excitation et les lourds applaudissements pendant les titres précédents. Une ressemblance marquante avec celle de la version studio de l’album suivi du doux « Corner Of My Eye ».
The Lemon Twins finit avec classe, comme à son habitude, d’abord avec l’inédit « Rock On », suivi du désormais classique « As Long As We’re Together ».
Setlist
The One
In My Head
Live in Favour of Tomorrow
Hell on Wheels
Taylor Made
Only a Fool
Any Time of Day
I Wanna Prove to You
What Happens to a Heart
Queen of My School
No One Hold You (Closer Than the One You Haven’t Met)
Fooling Around
Everyday Is the Worst Day of My Life
Ghost Run Free
What You Were Doing
Leather Together
When Winter Comes Around
Corner of My Eye
Rock On
As Long As We We’re Together
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