[Live] Pitchfork Music Festival Paris 2015, jour 3

Après un démarrage difficile le premier jour et une seconde journée placée sous le signe des grands écarts, le Pitchfork Music Festival finit la cinquième édition de son événement parisien en grandes pompes.

Pitchfork Music Festival Paris

Textes par Cyril L’Allinec et photos par David Tabary

Au troisième du jour du festival, on n’a jamais vu autant de monde massé devant la scène pour le concert de 17h30. Certes on est samedi, mais on sent bien que Hinds a fait déplacer le public parisien sur son seul nom. Une sacrée prouesse pour ce groupe madrilène armé d’un seul EP au titre humoristique « The Very Best Of Hinds So Far ». Sur scène, le groupe gagne en spontanéité ce qu’il perd d’une production rétro plutôt agaçante avouons-le. C’est frais, parfait pour une fin d’après-midi ensoleillée d’octobre. On n’en demandait pas plus.

Hinds

Curtis Harding est l’excellente surprise de la journée ; savant cocktail de blues rock magnifié par une voix très soul. Le natif du Michigan a publié récemment l’excellent « Power Soul » sur le label Burger Records. Malgré une petite timidité en live, la musique est à la hauteur. Curtis conclut sur un « Keep on Shining » très classe, qui finit de mettre tout le monde d’accord.

Curtis Harding

Après une telle surprise, on est un peu déçu par Nao. Sensation R&B propulsée par Pitchfork (et son fameux BNM (pour « Best New Tracks »), cette jeune chanteuse londonienne nous offre une voix superbe, sur des beats à base de basse chaloupée sur rythmes concassés. On ne sait pas comment l’expliquer, mais ça ne prend pas. Seul le dernier single, « Bad Blood », permet de sortir ce show de la torpeur un peu gênante qui s’installe. Un projet qu’on espère voir murir ; mais en attendant, passons.

NAO

Introduit sur les premières notes de « Je t’aime moi non plus » de Gainsbourg, Father John Misty entre en scène et entonne directement son fameux « I Love You, Honeybear ». Ceux qui ne connaissent pas le crooner en live sont surpris de le voir s’écrouler, s’agenouiller et prier vers le public… alors que la première chanson n’est pas finie. Josh Tillman joue comme s’il était la tête d’affiche de la soirée, et ça marche. Au milieu d’un public conquis ou subjugué, la Grande halle de la Villette est emportée par son enthousiasme et le lui rend bien. Nos yeux restent scotchés jusqu’à la fin du concert et une version explosive de « The Ideal Husband ».

Father John Misty

On court vers l’autre scène pour prendre une bonne place et rejoindre Unknown Mortal Orchestra, qui amorce le tournant plus « dansant » de la journée. Dès les premières notes (sur « Acid Rain »), le problème apparaît. UMO souhaite saturer sa musique plus que de raison. Basse, guitare et clavier se retrouvent recouverts d’une chape de distorsion qui ne rend pas hommage à leurs titres aux constructions si délicates. Seule rescapée : la voix de Ruban Nielson reste claire et belle, toujours un peu unique dans sa façon de sautiller sur son jeu de guitare tout en arpèges. Le set est un joli aller-retour entre le psyché-funk des deux premiers albums et les ritournelles quasi disco de « Multi Love ». Dommage.

Unknown Mortal Orchestra

UMO fini, c’est au tour de Run The Jewels. Débarquant au son de « The Show Must Go On » de Queen, Killer Mike et El-P sont dans une forme éclatante. Malgré une année bien chargée, les deux MCs rappent avec la hargne d’outsiders qui ont encore tout à prouver. Le dernier album est un vrai plaisir sur scène, et l’enchaînement de « Lie Cheat Still », « Close your Eyes (and Count To Fuck) » et « Early » plonge le public en transe. Trop heureux d’être là. On se répète, mais la complicité entre Killer Mike et El-P fait plaisir à voir. Pas avare d’un petit geste classe, le groupe finit le concert en allant saluer les premiers rangs.

Run The Jewels

C’est déjà l’heure de Spiritualized. Le groupe psyché rock anglais livre un set très bon mais classique pour toute personne qui a déjà vu en concert la bande à Jason Pierce. C’est cependant toujours aussi agréable d’entendre à plein volume ses tubes comme « Hey Jane », « Shine a Light » et, bien sûr, « Come Together », l’hymne du groupe qui conclut un concert pêchu mais sans surprise.

Spiritualized

Ceux qui n’avaient pas jeté un coup d’œil pendant l’installation de la scène suivante en tombent à la renverse. Une scénographie démente les attend : light show total, laser et projections d’hologrammes… Pour son retour sur le devant de la scène, Ratatat a vu grand. Très grand. Ouvrant sur « Pricks of Brightness », le duo fait hurler ses guitares pleines de wah-wah digitale. On a beau avoir entendu leurs chansons mille fois en soirée, les redécouvrir en concert vaut le coup.Même avec un « Magnifique » nouvel album à défendre, ce sont les « Classics » qui reçoivent le meilleur accueil. Ce son de guitare, qui leur est si caractéristique, évoque toujours autant Brian May de Queen. Le set retourne doucement le public de la Villette et, quand tout le monde s’en va après « Gettysburg », le groupe surprend avec un rappel : le fameux « Shempi ». Très généreux, ces Ratatat.

Ratatat

On quitte le Pitchfork Music Festival Paris sur les premières notes du set de Hudson Mohawke. La grande Halle de la Villette résonne et vibre derrière nous. On ne peut plus rien vous dire ; il fallait y être.


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Cyril L'Allinec

chroniqueur globe-trotteur entre Montréal et Paris