Fruit d’un long travail initié en 2013, le premier album de Paradis méritait son attente. Le duo sort un disque solaire traversé par le prisme de la French Touch, de la chanson française et de l’électro d’aujourd’hui. Rarement un album aura été une telle bouffée d’oxygène.
Début 2015, son EP « Couleurs Primaires » nous avait montré une belle palette de morceaux irrésistibles. Les Parisiens Simon Mény et Pierre Rousseau sont les détenteurs d’une recette dont ils gardent les secrets du dosage : une musicalité French Touch reconnaissable et revendiquée, des textes poétiques chantés en français, une musique aérienne et espacée ; le tout embrassé par les codes de la musique électronique d’aujourd’hui.
« Échappatoire instantané / Frappé sur les touches d’un clavier / La voix toujours un peu filtrée / Pour étouffer la timidité. » Le ton est parfaitement donné sur ce morceau « Instantané », qui rappelle subtilement la démarche musicale de Paradis, mais aussi l’hédonisme que le duo communique à travers ses morceaux. Cette envie de profiter de l’instant présent a le pouvoir de suspendre le temps et aide à mieux contempler les êtres qui nous entourent, à l’image du fondant « Quand tu souris ». Il faut avouer qu’il est très essentiellement histoire(s) d’amour(s) chez Paradis, mais en même temps nous ne voyons pas quel meilleur sujet pourrait accompagner toutes ces nappes planantes. On parle ici d’une musique rêveuse dont les paroles Voulzy-friendly auraient croisé le chemin des mélodies d’Air sous l’égide d’un héritage house emprunté aux DJs des années 90.
Belle claque également que ces trois tubes magiques glissés habilement : l’éponyme « Recto verso » et sa malice qui arrête le temps, « Toi et moi » et ses basses nous prenant par la main ou encore le retour de l’onirique « Garde le pour toi ». Les percussions plus tribales et vigoureuses de « Mieux que tout » et de « Miroir (deux) » confirment également que Paradis sait aussi bien lancer les slows qu’agiter les foules (sentimentales). L’atterrissage se fait sur la très réussie reprise du « Paradis » d’Alain Chamfort qui clôture ce disque.
« Recto verso » est une orfèvrerie à plusieurs facettes, comme une boule. C’est aussi un bonbon que l’on veut sentir fondre le plus longtemps possible en bouche, car le plaisir est total. Celui-là aura au moins le mérite de ne pas nous alourdir, mais bien de nous alléger l’esprit pour nous laisser prendre notre envol.
« Recto verso » de Paradis est disponible depuis le 23 septembre 2016 chez Barclay.
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