[Live] Nilüfer Yanya au Point Éphémère

Révélation Londonienne avec un des « debut » albums les plus importants de l’année, Nilüfer Yanya est l’auteure inventive de la pop de demain. Tel un caméléon talentueux, elle multiplie les postures vocales et expérimente des productions riches en influences.

Nilüfer Yanya
crédit : David Servant

Le disque en question, « Miss Universe », est ainsi une de ces espèces rares d’OVNIS qui plane au-dessus de la scène indie outre-Manche et vienne nous claquer au visage d’une année sur l’autre. Tantôt dépouillées pour mettre la voix et le storytelling en avant, tantôt plus produites et catchy, ses compositions déploient un imaginaire et une richesse d’idées autant foisonnantes que fascinantes. Le voyage d’une heure à travers dix-sept pistes venues du futur et parfaitement incarnées par la singer-songwriter.

On s’agite d’abord en introduction sur le rock acéré de « In Your Head », un son qui ne ressemble en fait à aucun autre sur le long format schizophrénique. La Londonienne aux racines turques a en effet autant de couleurs sur sa palette que de pistes sur son album. Oubliant les cordes grasses, elle joue ensuite de sa souplesse vocale pour enchaîner sur le tube RnB « Baby Blue » ou le folk plus minimaliste et délicat de « Monsters Under the Bed ». Trois musiciens la complètent pour notamment introduire le saxo jouissif des refrains entêtants de « Melt ». Idéal également pour réarranger ses productions, à l’image de sa saxophoniste qui se fond sur le bridge de « Thanks 4 Nothing. » Mais, pour cette première parisienne en tête d’affiche, la jeune artiste ne semble pas encore tout à fait décomplexée. La nervosité est palpable, signe que tout n’est pas encore rodé pour passer du studio au live. La performance se veut sobre et fidèle au disque sans pour autant le transcender. Une limite qui ne peut aller qu’en s’amenuisant avec l’expérience et l’enchaînement des concerts, ce qui avec le talent certain de Nilüfer, ne saurait tarder.

Car malgré l’opulence d’influences qui cohabitent dans la démarche artistique de Nilüfer, et la complexité de ses compositions qui sont déroulées de manières imprévisibles sur le disque comme la setlist, elle rend son univers accessible et le déploie avec générosité. Des intermèdes glissés avec malices, tirés des bandes de l’album, nous guident dans le dédale musical qu’elle nous propose. Le projet dense ne peut cependant être entièrement reproduit dans le format actuel de ses shows. Dommage qu’on n’ait pas eu droit aux autres nuances du disque, telles que l’esprit soul de « Paralyzed », les vibes jazzy de « Paradise » ou la pop catchy de « Heat Rises ».


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Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens