[EP] Niko Yoko – I Love N.Y.

Les Parisiens de Niko Yoko sont déjà de retour avec un nouvel EP « I Love N.Y.», quelques mois seulement après le prémonitoire « Something Coming » plein de promesses et d’énergie et que nous n’avions pas manqué de saluer. Niko Yoko aborde l’objet pop avec toujours autant d’amour et de candeur, sans oublier des intentions garage tout-à-fait rafraîchissantes. Quatre nouveaux titres, qui naviguent quelque part entre la pop rock des Strokes et des Fratellis et la dream pop lumineuse de Yo La Tengo et Slowdive. De quoi imposer un savoir-faire délicieux et assez bluffant pour un aussi jeune groupe, qui n’a décidément pas fini de nous étonner.

Ce nouveau disque s’ouvre sur « Casual Friday » révélant à nouveau l’aisance vocale de David, qui ne serait pas sans rappeler celle d’un certain Julian Cassanblacas époque « Is it It ». Niko Yoko se moque, semble-t-il, de l’air du temps ; et, en fermant les yeux, ce nouveau format court nous transporte dans les années magiques de la pop indépendante, qui ressurgissent avec tant de force de nos jours, à grands renforts de reformations parfois heureuses. Les chanceux et chanceuses qui auront vu Slowdive ces derniers jours savent de quoi je parle. Ce premier morceau est construit sur une belle complicité basse-batterie, façon Simon Gallup et Laurence Tolhurst (excusez du peu), simple, efficace et surtout redoutable. Nous pourrions d’ailleurs poser la question à nos quatre compagnons d’aventure, et comprendre finalement ce qui motive, avec tant de justesse, cette musique profondément jubilatoire et délicieusement nostalgique. Le plaisir est palpable à chaque instant et, même si le groupe abuse par moments de certains effets de styles (comme sur les guitares de « Sun Down »), difficile de résister à tant de fraîcheur, d’élégance et d’envie. Les excès, lorsqu’ils sont maîtrisés de la sorte et ne sombrent pas dans le maniérisme, sont aussi les garants d’un impact auditif décisif.

En fin de tracklist, « To The Metro Void » pourrait d’ailleurs apparaître comme le sommet de ce disque avec son assise rythmique imparable. Nous nous surprenons à taper du pied, comme aux plus beaux jours de notre adolescence. Loin d’être passéiste, Niko Yoko nous rappelle sans faiblir que la beauté de la pop repose avant tout sur des chansons habiles et sincères, magnifiées par des gimmicks imparables, et n’a pas besoin de verser systématiquement dans la surenchère technologique pour viser au plus juste. Et ce n’est pas l’univers volontairement DIY des artworks de nos Parisiens qui pourraient nous raconter autre chose. Indéniablement, les références à la contre-culture new-yorkaise, et plus largement aux sous-cultures, attestent que nos aventuriers de la chose indé se retrouvent bien plus dans l’esprit de la Factory de Warhol que dans le business pop actuel dégoulinant et totalement insipide.

Niko Yoko poursuit ainsi sa quête musicale indépendante, en toute liberté et avec une détermination qui nous aura fait regretter d’être en retard sur l’écriture de la présente chronique, mais qui démontre que la musique est tout sauf une simple récréation pour notre quatuor. « I Love N.Y. » est ainsi une nouvelle livraison de hits underground (et surtout pas formatée) qui, de fait, nous inciterait presque à rêver à un long format. Et, en même temps, le format court convient parfaitement à nos jeunes musiciens. Il semble installer progressivement une réputation qui ne devrait pas tarder à dépasser le territoire des seuls initiés.

« I Love N.Y. » de Niko Yoko est disponible depuis le 27 mars 2017.


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Laurent Thore

Laurent Thore

La musique comme le moteur de son imaginaire, qu'elle soit maladroite ou parfaite mais surtout libre et indépendante.