[Interview] Melenas au Wheels and Waves 2023

De retour en live au Pays basque après son concert à l’Atabal en novembre dernier, Melenas a enflammé la scène biarrote du Wheels and Waves à l’occasion de sa 12e édition. Le quatuor espagnol nous a délivré un superbe show alternant entre indie rock et pop mélancolique des années 80, le tout dans une ambiance nocturne estivale bouillonnante. Les jeunes musiciennes ont fait danser le public au rythme de leurs plus grands titres, dont « Dos Pasajeros » et « Bang », leurs deux nouveaux singles envoûtants. Un live exclusif qui annonce en beauté la sortie d’« Ahora », le prochain album studio de Melenas prévu pour la rentrée 2023, trois ans après son second album. Quelques instants avant leur passage sur scène, nous avons eu l’opportunité d’échanger en toute intimité avec Oihana (guitare et chant), Leire (basse), María (synthé) et Lauri (batterie). Le quatuor féminin originaire de Pampelune se confie sur son nouveau virage électronique, l’histoire derrière ce nouvel opus et nous raconte quelques anecdotes marquantes.

crédit : Charlène Dosio
  • Bonjour les filles et bienvenue à Biarritz ! Excitées à l’idée de jouer ici ?

Oui, à chaque fois on est toujours très contentes de venir ! Le public est génial et on se sent vraiment connecté aux gens d’ici. On trouve que les Français sont davantage à l’écoute de la musique et moins présents pour faire la fête, comme ça peut parfois être le cas en Espagne.

  • En parlant de l’Espagne, j’ai entendu dire que vous étiez toutes originaires de Pampelune. Vous vous êtes rencontrées là-bas ?

Il faut savoir que la ville de Pampelune, dans le nord de l’Espagne, est plutôt petite. Donc on sortait toujours dans les mêmes bars, restaurants, concerts, etc. À force de se croiser, on a commencé à sympathiser et un lien fort s’est vite développé entre nous. On s’est alors rendu compte qu’on partageait un amour commun pour la musique et l’idée de monter un groupe est rapidement venue sur le tapis. En 2016, ce projet s’est enfin concrétisé et « les Melenas » sont nées.

  • Vous aviez déjà toutes un pied dans le monde de la musique avant de vous rencontrer ?

Non, certaines d’entre nous ne jouaient même pas d’instruments quand on a commencé à envisager de monter un groupe. D’autres, comme Oihana, avaient été formées au Conservatoire et sur des instruments plus « classiques » comme le violon. On a plus ou moins toutes appris sur le tas, en expérimentant ensemble et en essayant de trouver un son ainsi qu’un univers qui nous sont propres.

  • Justement, durant vos années collèges/lycées, c’était quoi votre style de musique ?

On écoutait des styles très différents, que ce soit les années 70, 80 ou 90. Chacune avait son propre univers musical. Mais lorsqu’on a commencé à répéter et à prendre les choses au sérieux avec les Melenas, on était d’accord pour se tourner vers un son plus « indie pop », influencé par des groupes originaires de Grande-Bretagne que l’on apprécie beaucoup.

  • Quelques exemples à nous présenter parmi ces références musicales ?

On peut notamment citer des groupes comme Broadcast, Stereolab, La Luz, Television Personalities… De manière générale, il y a également beaucoup de musiciennes femmes qui nous inspirent.

  • Entre vos deux premiers albums, on sent des influences et des sonorités déjà très différentes. Ça annonce quoi pour la suite de votre carrière ?

Oui, c’est vrai que les chansons de notre premier album ont un son majoritairement dominé par la guitare. C’était ce qu’on avait envie de faire sur le moment. En juin 2021, on a fait une reprise de « Osa Polar » du groupe de cold-wave suisse Grauzone. Il y a une très forte influence du synthé et de sons plus électro. On a adoré jouer ça et on s’est dit qu’il fallait qu’on le fasse davantage pour le prochain album !

  • Pouvez-vous me parler un peu plus en détail de ce prochain album prévu à l’automne ?

Il s’appellera « Ahora » et ce sera notre troisième album studio. Il sortira normalement le 29 septembre prochain. On n’avait pas forcément de but précis quand on a commencé ce nouveau projet. Comme d’habitude, ça a débuté avec quelques sons, que l’on a répétés en studio, puis de nouvelles idées sont arrivées au fur et à mesure et on a composé comme ça. Aujourd’hui, on peut dire que nous sommes très contentes du résultat et excitées à l’idée de le sortir.

  • En dehors de cette influence électronique plus marquée, pouvez-vous me parler davantage de l’histoire derrière cet album ?

Comme on l’a dit précédemment, il s’appellera « Ahora », ce qui signifie « maintenant » en espagnol. On voulait aborder certains thèmes comme l’importance du moment et de vivre l’instant présent. On parle du temps qui passe, de ce qu’on fait, des gens que l’on rencontre, etc. Il met également l’accent sur ce sentiment d’union entre nous dans le groupe et des moments que l’on passe ensemble, que ce soit au studio ou en concerts.

  • Vous chantez exclusivement en espagnol dans vos chansons. Est-ce que c’est un point important pour vous ?

C’est notre langue maternelle, donc c’est la manière la plus évidente et simple pour nous de nous exprimer. Ça vient beaucoup plus naturellement que l’anglais.

  • En tant que « girls band », avez-vous envie d’aborder des thèmes plus engagés dans vos prochains chansons et/ou albums ?

Oui, on y pense beaucoup pour les prochains albums. Nous avons nous-mêmes des engagements politiques assez forts dans nos vies personnelles, mais ce n’est pas toujours facile de les exprimer. Dans notre dernier album, il y a quelques sujets politiques sous-jacents. Mais on veut juste que notre musique plaise aux gens, car ils aiment ce qu’ils entendent, pas seulement parce qu’on est un groupe de meufs qui font des chansons engagées.

  • Entre vos débuts en 2016 et maintenant, vous avez ressenti une différence de traitement en tant que femmes dans la musique ?

On trouve personnellement qu’il y a eu une vraie explosion des « girls bands » ces six dernières années, notamment en Espagne. On constate également que l’on donne davantage la place aux femmes dans la musique, que ce soit sur scène, dans les festivals, à la technique, ou dans les coulisses, et ça c’est extra !

  • En dehors de l’Espagne et la France, avez-vous eu aussi l’occasion de faire quelques dates à l’étranger ?

Bien sûr, en 2019, nous avons par exemple joué au célèbre SXSW festival à Austin, au Texas. C’était fou comme expérience de partager l’affiche aux côtés de grands groupes !

Une autre anecdote marquante, c’est d’avoir été invitée pour un show insolite durant la Fashion Week de New York la même année. Certes, le public était légèrement différent de nos concerts habituels, mais c’était puissant de voir des femmes défiler au rythme de nos chansons. On rêverait aussi de pouvoir jouer dans des pays comme le Mexique ou le Japon. Un jour, peut-être, qui sait !

  • D’ailleurs, quels sont vos projets pour le reste de l’année à venir ?

Nous attendons avec impatience d’aller en studio pour répéter le prochain album, puis de partir en tournée après la sortie de celui-ci au mois de septembre. Il devrait y avoir quelques dates en Europe, dont certaines en France et même en Angleterre. Nous avons plus que hâte ! D’ailleurs, un premier clip vidéo est déjà sorti le 16 mai  et un autre devrait aussi voir le jour d’ici septembre, avant la sortie officielle d’« Ahora ».

« Ahora » de Melenas, sortie le 29 septembre 2023 chez Mushroom Pillow Music et Trouble In Mind Records.


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Charlène Dosio

Charlène Dosio

Journaliste, photographe et fan de musiques qui font du bruit.