C’est le retour de la vague hip-hop Lotti qu’on retrouve au festival Grandes Marées. Cette fois-ci, les deux Havraises, Pauline Schaettel (Lotti) et Louise Florentiny (aka Lù), nous en disent plus sur leur histoire à l’expression neo soul et RnB. Leur début, leur EP, leur passion pour le ciné, leurs envies et on passe leur single « Hollywood » au scalpel. Anatomie d’un titre du premier beat au clip. C’est parti !
- C’est votre première fois aux Grandes Marées ? Que pensez-vous de votre scène ?
Lotti : Oui. C’est beau, on a l’impression d’être à la mer. Quand on arrive sur le site avec la falaise qui se découpe et l’eau à l’horizon et qu’on a le sable au pied des loges, on se sent bien, c’est vraiment un bel endroit.
- En parlant de mer, quelle est votre relation avec l’océan ?
Lotti : Alors, nous on vient d’une ville où il y a la mer (Le Havre, cf. interview au festival Beauregard) donc on est un peu habituées à y aller avec Louise depuis petites. Moi, j’adore la mer, je me suis baignée tous les étés depuis que j’ai quoi, 3 ans ? Je fais partie des chanceux qui ont grandi avec la mer. La mer, je la trouve poétique, c’est beau l’océan, l’horizon, c’est toujours agréable.
Louise : Oui, moi aussi j’ai eu la chance de grandir pas loin d’une plage. Après contrairement à ici, c’est une plage de galets et les marées sont très importantes pour le coup au Havre. Donc pour avoir du sable, il faut attendre la marée basse.
- Un de vos titres évoque-t-il le bord de mer ?
Lotti : Bonne question… Attends, on a un titre qui s’appelle « Le temps d’une image », mais il n’est pas encore sorti. Par contre, il évoque complètement la plage et appelle beaucoup à l’eau, aux souvenirs d’été, une vraie beach song. Par contre, parce qu’on est aux Grandes Marées, on la joue ce soir.
- Sympa pour l’exclue ! Est-ce que dans ce morceau, vous avez enregistré la mer ?
Lotti : (rires) Oui, mais on ne sait pas encore si on va garder la piste son ou non pour l’album. Il y a des mouettes qui arrivent à un moment dans la version maquette. À voir ce que le morceau deviendra plus tard…
- Est-ce qu’on pourrait décrypter ensemble la compo de l’un de vos titres ?
Lotti : Hum, lequel serait le plus intéressant ? Allez, « Hollywood », notre dernière sortie ?
Louise : « Hollywood », ça part d’une boucle du beatmaker qui travaille avec nous : Izas.
Lotti : Je voulais une afro sombre et mélancolique donc on a fait un rythme en prenant à la fois une afro et des synthés un peu dark et durs. On a fait ça sur une journée.
Louise : Ensuite, j’ai récupéré le beat, on a bossé avec Izas pour construire la structure du morceau et s’en est suivi un travail d’arrangement dessus avec des claviers.
Viens alors une période d’échanges où tous les trois, on essaie de se dire comment on aimerait que ça sonne, comment faire arriver les harmonies, il y a pas mal de travail sur les voix. On a fait ça en résidence dans une maison de campagne où on aime bien aller. On s’y enferme pendant une à deux semaines et on tire le maximum de ce que l’on peut faire.
Puis les finitions sont apportées chez Colossale Records à travers les arrangements et les mixs et voilà : « Hollywood » était prêt !
- Une fois le morceau prêt, on passe au clip ? Concrètement, ça se passe comment ?
Lotti : Alors oui, et ce clip, je l’ai co-réalisé avec Hannah Papacek Harper. L’idée, c’était de représenter « Hollywood » dans le sens caricatural. Ça veut surtout dire : « j’aurais pu t’emmener loin, mais en fait, on a pris deux chemins différents ; moi, j’ai envie de grandes choses et toi de choses plus simples. » On voulait représenter cette dualité qui travaille l’esprit de cette fille qui a vraiment envie de partir à l’aventure, mais qui n’ose pas encore et qui se sent bloquée. Il y a cette danseuse qui joue mon double et qui n’attend qu’une chose : sortir. Voilà pour la base de l’écriture du clip. Ensuite, on a monté des équipes avec qui on travaille souvent. J’ai la chance d’avoir des amis très talentueux à qui je peux faire appel pour du stylisme, du graphisme, de la déco, de la régie… C’était vraiment une super expérience de tournage sur trois jours. Et ensuite, on a monté avec un monteur-étalonneur. Je voulais une couleur vraiment particulière avec un grain particulier et on a trouvé la personne pour le faire, donc je suis assez fière du résultat.
- « Hollywood », c’est une histoire d’amours contrariés. Est-ce que c’est ce genre d’histoires romantico-tragiques qui t’inspire ?
Lotti : À vrai dire, j’en ai vécu une assez tragique ces deux dernières années et elle parcourt beaucoup le projet qui va venir. Le point de départ, c’est la rupture amoureuse, qui moi personnellement m’a fait penser à plein de choses : le monde qui ne va pas forcément bien, les frictions que tu peux avoir dans ta vie perso par rapport à ta vie d’artiste… J’ai un peu vécu tout ça en même temps. Ça fait deux ans qu’on a démarré ce projet, qu’on le porte, qu’on est sur la route et il y a la rupture. Il est riche de tout ce que j’ai vécu pendant cette période. Il parle d’amour, mais sous de nombreuses formes différentes.
- Autant se servir de ces choses-là comme inspiration. Et puis on dit souvent que l’écriture et la musique sont une consolation, non ?
Lotti : Oui, autant qu’ils servent ces torrents de tristesse. C’est Pomme qui joue ce soir aussi, qui est à mon avis dans ce registre là avec son « Consolation Tour ».
- Une question qui n’a rien à voir, mais est-ce que cela vous plairait d’imaginer la bande originale d’un film ou d’une série ?
Lotti : On adorerait, oui. Et c’est fou que tu dises ça parce qu’en fait cette aventure a commencé comme ça.
Louise : Oui, c’est vrai !
Lotti : Avant avec Louise, on jouait dans un même groupe mais qui n’a duré que le temps d’une chanson ! Il s’appelait YES SHE IS. On vient d’une école de musique où ils ont l’habitude de réunir plein de jeunes pour monter un groupe et, à la fin de l’année, tu pars en tournée.
Nos premières expériences de scène viennent de là. Et il y a ce réalisateur de websérie qui vient nous voir au Havre, il kiffe grave et il nous dit : est-ce que vous pourriez composer une chanson pour moi ? Et on a créé le groupe pour cette raison. Donc notre première expérience en indé de compo, c’est un groupe créé pour de la musique de cinéma.
- En effet, c’est fou ! Et avez-vous continué de créer pour d’autres projets ?
Louise : On a créé aussi pour une pièce de théâtre pour ados l’année dernière. On a fait le son et signé deux compos originales. C’était hyper intéressant de travailler ainsi, ça nous a vraiment sortis de ce que l’on fait d’habitude.
Lotti : Finalement, on peut dire qu’on a toutes les deux un pied dans le cinéma parce que toi tu viens du doublage ; Louise est ingé son dans un studio de doublage, et moi j’étais côté déco cinéma donc, c’est vrai, qu’on a ce lien toutes les deux. Quant à Izas, notre beatmaker, il serait tellement fan de travailler avec nous sur un projet ciné !
- Il y a un film ou une série dont vous auriez aimé signer la musique ?
Louise : Euphoria.
Lotti : J’allais le dire ! (rires) C’est un univers teenage, ça matche bien avec le hip-hop, il a de bons passages bien mélancoliques, bien dark. Après chez nous, il y a des influences presque electro-rock donc sur une série comme True Detective, si on était dessus avec Izas, je pense qu’on poserait de grosses guitares, on pourrait faire plein de trucs.
- Quelle est la chose que vous admirez le plus chez l’autre ?
Louise : Je pense que ce serait la manière qu’elle a de faire les choses en fonçant dans le tas : sa faculté d’ouvrir les portes fermées. Lotti, elle n’a pas peur et c’est une chose que j’admire beaucoup chez elle !
Lotti : Moi, j’admire plein de choses, mais sa force de travail, c’est quelque chose ! C’est une force tranquille. Elle est très patiente et bosseuse, donc elle est capable de travailler toute la nuit si elle n’a pas chopé le truc qu’elle cherche. Moi je suis presque l’inverse. On est très différentes…
Louise : C’est tout un équilibre finalement. (À Lotti) Tu pars enfoncer une porte ? Prends un petit bouclier avant quand même ! (rires)
- Est-ce qu’il y aurait une rencontre qui aurait déjà changé votre vie ?
Lotti : Il y a un an, à peu près, on a rencontré Doom’s – qui est aujourd’hui mon manageur -, sur l’un de nos concerts et il a su nous donner un lieu de travail et un accompagnement dont on avait cruellement besoin. Il possède un studio dans lequel on passe notre vie, il nous accompagne sur les scènes, on grandit ensemble. Et je pense à Pick aussi, ingé son chez Colossale qui nous a énormément aidés en nous apportant des bases de mix et la méthodologie qui va avec.
- Et pour clôturer cette interview aux Grandes Marées, vous avez une chanson avec mer ou océan ?
Louise : Celle de La Petite Sirène ?
Lotti : Voilà (rires) parfait ! Sinon… « Ocean Eyes » de Billie Eilish.
Louise : Et « Seaside » des Kooks !
- Merci les filles, à tout à l’heure sur scène.