[Live] Levitation France 2019, jour 1

De retour au Quai pour sa septième édition, avant un probable déménagement l’an prochain, le Levitation Festival offrait cette année une programmation sur le papier moins étourdissante que les éditions précédentes, avec finalement peu ou pas de grosses têtes d’affiches internationales, mais une remarquable sélection de valeurs sûres, d’étoiles montantes et de découvertes dans des styles allant du rock psyché au post punk. Récit d’une formidable édition « outsider », qui confirme la place de choix qu’occupe désormais ce festival en France ; et on commence comme il se doit par la soirée du vendredi ! 

crédit : Erwan Iliou

On arrive comme d’habitude pour l’ouverture, le festival angevin proposant traditionnellement les premiers créneaux de ses deux jours à des artistes locaux, gages de découvertes toujours intéressantes. Cette année, c’est donc un one-woman-band nantais dénommé Miët qui ouvre les hostilités dans la pas si petite salle T400, devant une foule grandissante de curieux qui ont droit au « Dopethrone » de Electric Wizard pour patienter avant le début du concert. Seule sur scène avec sa basse et son pad Roland, la jeune musicienne enchaîne les loops et les beats industriels sur lesquels elle vient poser une voix très polyvalente, capable de chanter mélodieusement et de monter haut dans les aigus comme de crier de façon plus énervée et punk. La basse est double emploi : une fois sa ligne mise en boucle, elle vient y ajouter des textures sonores plus proches d’un son de guitare, assumant ainsi à elle seule tous les postes d’un groupe de rock traditionnel sans que le résultat ne sonne cheap une seule seconde. Jouant pendant une grosse demi-heure les morceaux de son premier album « Stumbling, Climbing, Nesting »,  sorti en octobre, Miët nous régale de son univers froid et tranchant, très cold wave.

Par moments, son phrasé s’éloigne du chant vers une sorte de spoken word qui évoque un peu Kate Tempest ; sur d’autres morceaux, la basse n’est utilisée que comme une guitare traditionnelle, et globalement les compos sont plutôt longues et variées. La fin du deuxième morceau embraye sur quelque chose de beaucoup plus violent, rappelant l’univers de formations actuelles comme Jessica93 ou Gold, entre univers gothique dépressif et rugosité métallique des machines. Plus tard, elle pousse l’inventivité un cran plus loin en utilisant les frettes comme une caisse de résonance, les frappant avec une baguette à pompon, puis sort un archet pour jouer de son instrument et basculer dans un son beaucoup plus expérimental et planant, à la Tony Conrad, tandis que vocalement, ses inflexions beaucoup plus théâtrales évoquent subitement Chelsea Wolfe ou Anna Von Hausswolff. Une fois ce pas expérimental franchi, le set opère une irrésistible montée en puissance lorgnant du côté du krautrock industriel du « Third » de Portishead sur un morceau fiévreux tout en rythmiques à contretemps, ou encore en créant une loop vocale sur des polyrythmies oppressantes et tournoyant tout autour de nous sur plusieurs minutes. L’archet revient pointer le bout de son nez sur l’avant-dernier morceau, et enfin c’est un titre très goth qui achève cet excellent premier concert du festival, démarrant en beauté avec l’une des meilleures découvertes de cette année.

Avec tout ça, on en a raté le début de The Warlocks. Il faut dire que Miët a un peu débordé et que les plupart des concerts se chevauchent de quelques minutes, sans doute pour permettre à la foule de mieux circuler sur le site. Les Américains, en pleine tournée française (ils jouaient la semaine précédente à Lyon), font office de quasi tête d’affiche pour la soirée, avec leur nombre d’années d’existence au compteur. Leur son est massif et remplit tout l’espace de son psychédélisme sombre, comme si le Brian Jonestown Massacre avait décidé de s’enfermer dans le studio avec « Faith » et « Seventeen Seconds » des Cure pour seule bande son autorisée. L’effet est très séduisant et le premier morceau auquel nous assistons est excellent. Mais on remarque rapidement que le bassiste se la pète beaucoup trop, et petit-à-petit on sort complètement de la prestation en déplaçant notre attention sur la présence de ces musiciens, très artificielle et poseuse. Si la musique tient encore la route pour le moment, avec une ballade un peu goth qui rappelle The Jesus and Mary Chain et se termine sur un mur de son des trois guitaristes (dont un sosie modèle réduit de Philippe Manoeuvre croisé avec le Swann de « Phantom of the Paradise » assez rigolo et qui est le seul de la bande à pas avoir l’air de se faire chier ou de mépriser son public), puis un titre plus rapide semblant être un des « tubes » du groupe avec ses « Hey hey hey ! » repris en chœur par le public au taquet. Rapidement, c’est l’attitude du bassiste qui revient nous sortir complètement du truc et mettre en valeur les défauts d’un set rapidement trop répétitif et sage. Finalement plus shoegaze que psyché en live, le groupe se révèle un peu clinique et froid, et les deux batteurs n’apportent finalement pas grand chose si l’on compare avec d’autres formations actives ces dernières années et possédant le même format, Thee Oh Sees en tête.

Au bout d’un moment, les chansons se suivent et se ressemblent toutes, on se retrouve avec un show sage et propre, privé de tout sentiment de danger ou d’urgence sur scène comme dans la fosse,. Bref, on s’ennuie. C’est le syndrome Brian Jonestown Massacre de l’an dernier : au bout de vingt minutes, on en a fait le tour et on attend qu’il se passe quelque chose de nouveau et de différent. Mais au contraire de la bande à Newcombe, dont le flegme indolent finit par avoir quelque chose d’hypnotique, ici l’attitude de control freak fier de ses effets du bassiste dessert complètement la monotonie de la musique. On veut de l’audace, du risque ! On en a un peu sur les deux morceaux suivants, qui essaient quelque chose avec leurs motifs plus ouvertement répétitifs ; mais là où le premier s’arrête lorsque ça devenait intéressant, le suivant offre, avec « Hurricane Heart Attack », un son plus psyché et qui annonce déjà The Black Angels. Le chanteur demande au public de faire des chorés ridicules sur l’avant-dernière piste, effectivement plus rythmée, et nous assistons à une scène étrange : sortant un peigne de nulle part, un mec chelou entreprend de faire une raie au milieu à son pote ultra bourré et ultra relou. Le groupe en profite pour dépasser un peu et jouer un dernier titre après la fin supposée de sont set, mais nous sommes déjà partis voir le groupe suivant en T400.

Rebelote : nous avons raté le début du concert de New Candys, et on se dit qu’à moins de partir systématiquement avant la fin du précédent sur notre liste, il sera difficile d’assister à une performance complète pour le reste du week-end. Programmés la veille au nouveau festival de Lyon, la Messe de Minuit, c’est auréolés des échos d’une excellente prestation que les Vénitiens débarquent sur scène. Nous ne verrons que la moitié de leur prestation, et depuis le fond de la salle, mais c’était beaucoup plus incarné et puissant que The Warlocks, avec un gros côté noise rock et shoegaze mâtiné de post punk, entre A Place to Bury Strangers, The Jesus and Mary Chain et The Horrors pour leur look de hippies post gothiques. L’antépénultième morceau joué est énorme, avec une fin démentielle très bruyante et répétitive qui nous cloue sur place.

On quitte les lieux sur cette jolie petite baffe afin d’être assurés de se retrouver tout devant dans le Forum pour le concert de black midi, les sensations live de cette année 2019, vus plusieurs fois en festival cet été et dont l’excellent premier album « Schlagenheim » tourne en boucle sur la platine depuis sa sortie. Sans surprise, leur concert est aisément une des meilleures performances de la soirée et du festival tout court, le groupe étant d’une précision diabolique et qui deviendra à coup sûr leur marque de fabrique. Un peu circonspect au début, le public met un moment à se lâcher et à péter un plomb devant ce math rock imprévisible aux embardées jazz, country ou noise. Le quatuor enchaîne comme à son habitude les morceaux de l’album sans s’arrêter, en gros blocs de plus de vingt minutes à chaque fois, et on reste bouche bée tant devant les prouesses de leur incroyable batteur que devant la bizarrerie mélodique et rythmique des deux guitares ou la voix nasillarde si étrange du chanteur principal et son impayable chapeau de cowboy. Puis, lorsqu’ils lâchent les chiens et que le deuxième chanteur prend le relais pour hurler façon punk hardcore, les gens deviennent fous.

À tous les niveaux d’ailleurs, puisque bienheureux celui qui arrive à pogoter en rythme sur une musique aussi retorse. Le set embraye sur un long passage très prog et surprenant, peut-être improvisé – le cobmo est connu pour sa capacité à jammer quand lui en prend l’envie ou qu’il a un problème technique, comme à la Route du Rock – avant de repartir sur des morceaux du disque et une fin acoustique. La quasi intégralité de l’opus aura d’ailleurs été jouée, avec en premier lieu des titres comme « 953 » et « Speedway » en début de set, « Western » et « Of Schlagenheim » au milieu et « bmbmbm » et « Ducter » à la fin, respectant dans ses grandes lignes la structure de l’enregistrement studio en y incorporant de larges portions réarrangées ou improvisées. Un coup de maître et un groupe à suivre définitivement.

Celui qui suit en T400, Mattiel a le malheur de jouer après un concert aussi marquant, et pis encore relèverait presque de la faute de goût ou de l’erreur de programmation. Difficile de comprendre ce que ce projet de pop-rock lambda et totalement passe-partout fait vraiment ici, avec ses passages un peu hard FM ou rock’n’roll mille fois entendus et sa chanteuse qui crie mais sonne comme un truc qu’on aurait vu en première partie d’un concert pas terrible dans un bar de province. Elle gueule, elle gueule encore et elle gueule toujours mais, surtout, on s’agace vite et on ne sauve rien des trois morceaux – dont un en français (avec des musiciens qui portent un béret !) – auxquels on assiste.

Grosse foule en revanche pour les stars françaises de la soirée, Frustration, en pleine tournée promotionnelle d’un album qui est sorti depuis. Évacuons d’emblée le seul problème de ce concert, son public de gros débiles violents et assez flippants, dont les vestes à doublure rouge et les crânes rasés nous font un peu questionner l’orientation politique ; le groupe lui-même jouant pas mal sur le côté très viril et très martial d’un certain punk à skins pas toujours recommandable. On se tient donc à bonne distance des pogos, car la fosse se révèle vite simplement dangereuse, mais le groupe lui déroule comme à son habitude un concert incroyable, bourré d’énergie et de violence verbale et musicale. Les nouveaux morceaux marchent vraiment bien et, au milieu, on reconnaît quelques classiques musclés comme ce « Assassination » complètement frappadingue qui nous pousse à nous jeter corps et âme dans la mêlée pour en découdre un peu quand même après quelques bières. Rouleau compresseur post punk qui n’a rien perdu de sa force et de sa pertinence après toutes ces années d’existence, la musique de Frustration tire son épingle du jeu avec ses riffs de synthé démoniaques qui donnent une coloration plus originale à une musique par ailleurs très codifiée – un peu comme les Stranglers ou les Cramps en leur temps, dans des registres légèrement différents.

On part avant la fin pour ne surtout pas rater les trop rares en France Iceage, groupe danois phénoménal dont la seule date de tournée du dernier album l’année passée avait eu lieu au Sonic à Lyon et qui étaient donc particulièrement attendu au tournant par le public du Levitation. Leur set, très surprenant à tous les niveaux, s’ouvre dans un fracas assourdissant avec quelques minutes d’avance sur « Abundant Living », tiré de leur avant-dernier album « Plowing Into the Field of Love » et enchaîne avec « Balm of Gilead », un single paru en 2018. Concert sauvage et habité des Danois qui font face à un public assez froid et mou au début, comparé avec la foule en transe qu’on avait eue à Lyon et probablement ici dérouté par un son particulièrement noise et des renditions osées de certains morceaux, difficilement reconnaissables d’un point de vue mélodique mais à l’énergie dévastatrice. On se prend tout le concert comme une longue tempête dans la tronche, et à partir de « Hurrah » ça part complètement en vrille, plaçant très clairement le combo au rang des meilleurs performeurs de ces dernières années.

La musique, excellente sur album, est complètement transfigurée en live, touchant à quelque chose d’à la fois pur et essentiel, brutal et messianique, dans la lignée chaotique mais parfaitement maîtrisée dans sa folie des Stooges ou de Fugazi. Le chanteur est dans un état second, pas aussi manifestement ivre qu’à Lyon même s’il n’est clairement pas à jeun, la basse écrase tout mais contribue à la puissance dévastatrice de ce qui se passe sur scène et les deux derniers opus à la morgue froide deviennent sous nos yeux des disques de prophètes, de messies possédés par une fougue communicatrice. Cela donne un « Vendetta » nerveux, un chanteur qui arpente la scène et nous harangue la bave aux lèvres sur « Morals » ou encore une version tétanisante de « Painkiller » qu’on met plusieurs minutes à reconnaître sans son saxophone et avec un mur de noise guitar à la place. Les titres sont complètement éclatés, étirés et cette messe noire se termine sur deux versions époustouflantes de « Ecstasy » et de « Catch It », allongé jusqu’à l’épuisement, jusqu’à en perdre la raison, ralenti et poisseux à souhait avec un riff de basse pachydermique et une feinte en guise de faux rappel qui le prolonge jusqu’à aboutir à un chaos sonore en guise d’apothéose. Tout simplement monstrueux, et difficile d’atterrir après un truc pareil.

Ce sera à Fat White Family de faire éponge, en attendant la prochaine et dernière baffe. Nous avons vu deux fois les Anglais en festival cet été avant cette date angevine, avec des impressions contrastées. Nous savons donc qu’ils sont capables du meilleur comme du pire, mais surtout capables de tout ; en témoigne rapidement ce « Allahu Aqbar ! » de très mauvais goût lancé par un des musiciens entre deux titres. La setlist demeure la même que sur le reste de la tournée, mais ce soir, pour une raison qui nos échappe, la sauce ne prendra jamais. Si l’on est content de réentendre des morceaux aussi étranges, bordéliques et catchy que « Fringe Runner » du dernier album, quelque chose ne fonctionne pas, entre l’énergie à la limite du malsain que le groupe casse-cou envoie, la réception mitigée par le public et un son mal réglé et beaucoup trop fort qui nous fait tout simplement mal. On préfère ne pas insister, rester sur la bonne impression du concert au Pointu et en profiter pour s’aérer l’esprit et se remplir le gosier. Même de l’extérieur, le set est assourdissant et agressif. On rentre juste à temps pour chanter cet hymne weirdo bourré qu’est « Touch the Leather » mais on s’éclipse ensuite loin de cette fanfare dépravée pour la dernière halte de la soirée et pas des moindres, un concert qui aurait pu aisément être au niveau de Black Midi ou de Iceage si le public relou et un fâcheux problème technique ne s’en étaient pas mêlés.

The Psychotic Monks, quatuor racé de Paris, donne pourtant le meilleur de lui-même dans une prestation à la limite de l’irréprochable. Alignés tous les quatre en bord de scène avec une configuration relativement inhabituelle pour un groupe de rock où l’on sent que personne n’est mis en avant et que tout le monde joue à égalité, le set bénéficie du light-show le plus élaboré de la soirée, tout en jeux d’ombres et de lumière, d’obscurité profonde et de flashes blancs lumineux qui zèbrent l’espace et se font stroboscopiques ou aveuglants quand l’intensité de la musique le demande. Éclairage noir et blanc qui arrive un coup de face, un coup de dos ou sur le côté, qui sculpte l’espace sonore autour des musiciens – dont le son est d’ailleurs impressionnant, la précision remarquable et l’alchimie sur scène évidente, notamment dans le tandem joué sur la gauche de la scène entre Martin le guitariste et Paul, l’immense claviériste-bassiste qui tangue comme un fou derrière ses machines, de profil pour le public mais face à Clément à la batterie. Leur post punk est viscéral, alambiqué, avec des rythmes obsédants et martiaux, ramenant une touche de psychédélisme et de noise à un ensemble lorgnant parfois vers la densité et la solennité de certains enregistrements des Swans. Très rapidement, leurs compositions nous emmènent loin, nous font vriller, à moitié assommés par les clignotements lumineux épileptiques et les assauts des interprètes, claviers glaciaux, batterie chirurgicale et textures complexes à la guitare assurée par Martin, d’une présence remarquable et d’un style certain. On trouvait que la soirée manquait ou débordait de ce sens du danger sur scène, mais pendant la première demi-heure les Parisiens trouvent l’équilibre parfait entre prise de risque, expérimentation, ambiance fiévreuse et efficacité.

Malheureusement, un souci technique sur l’ampli de Martin le prive de son pendant de longues minutes durant lesquelles le concert, heureusement, ne s’arrête pas, laissant les trois autres faire ce qu’ils peuvent pour combler le vide et laisser avancer le show tant bien que mal pendant qu’il s’agite derrière ses amplis, se débranche, rebranche, essaie, rate, recalibre et finalement reprend la main sur son instrument. La suite est occupée par un titre de près de vingt minutes, où le krautrock vénéneux et électronique des débuts laisse place à une très périlleuse et lente montée en puissance émouvante et ténue. Là où les quasi dix minutes (en live), nerveuses et géométriques de « Minor Division » avaient catapulté la première moitié du concert (pré-incident technique) vers des sommets d’intensité et de virtuosité, les vingt minutes  de « (Epilogue) Every Sight » sont probablement plus audacieuses, avec le chant fragile de Martin, seul à triturer sa guitare de façon mélancolique pendant de longs instants avant d’être rejoint peu à peu par ses collègues pour un formidable décollage et un final bouleversant et tout en vacarme.

On regrettera seulement que ce très beau moment, qui amène une nuance encore inconnue à leur show et à la soirée tout court, soit absolument gâché par un groupe de festivaliers bourrés et irrespectueux, qui passent les dix premières minutes à se foutre de la gueule de ce que le groupe est en train de faire, à plaisanter sur la fragilité du titre et à se lancer dans un concours d’imitation du plus mauvais goût qui nous donne juste l’envie de leur en coller une. On se retient bien sûr, mais c’est vraiment honteux que parce que, trois abrutis n’étant pas dans l’ambiance du moment et squattant les premiers rangs, toute la salle ou presque en pâtisse ; et quel manque de respect pour les musiciens ! Néanmoins, le concert se termine après ce coup d’éclat terni par un problème d’attitude qui échappe au contrôle de The Psychotic Monks, et avec lui une soirée riche en émotions et en performances remarquables. Mais le comportement d’une poignée de festivaliers tout au long de la soirée s’avère hélas tristement prémonitoire de celle du lendemain, et plus largement révélateur d’un problème comportemental dans les publics « rock » en festival depuis quelques années. On aimerait un peu plus de considération pour la musique, ceux qui la font et ceux qui veulent l’écouter en live dans de bonnes conditions.


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Maxime Antoine

cinéphile lyonnais passionné de musique