[EP] La Vague – Lemme Be

En se libérant de sa folie douce et de ses ambitions festives et dansantes, pourtant déjà provoquées par l’afflux de l’hormone impulsive ayant donné son nom à un premier EP dont les élans ne demandaient qu’à exploser au grand jour, La Vague assume pleinement ses faiblesses et blessures sur le confessionnel « Lemme Be », disque bercé par le désir d’une libération autant que par celui, plus introspectif et intime, d’une reconnaissance de ses racines familiales, ethnologiques et émotionnelles. Le lendemain de fête le plus passionnant et émouvant de cette année 2019. 

Dès le clip illustrant « Lemme Be », La Vague avouait une ambition nouvelle, sortie des frontières visuelles de ses premières tentatives profondément imbriquées au sein de la liberté de leur précédent « Serotonin » ; entre images culturelles orientales et occidentales, apparences en mouvement constant et phénomènes picturaux à haute teneur hypnotique, le court-métrage présentait Thérèse et Jonathan sous un jour nouveau tout en approfondissant une audacieuse identité, cédant à l’extase de l’affirmation afin de vaincre la timidité. Grâce à cette introduction à laquelle une immense majorité ne se serait pas risquée, les deux artistes ont souffert, douté puis embrassé leurs origines pour donner naissance à un opus empli d’une inépuisable valeur intime. « Lemme Be », de par son titre, est une conclusion ; mais, au cœur de son contenu, il est un cheminement, une blessure que ses six pistes vont aider à cicatriser, sans pour autant oublier de laisser des marques indélébiles mais nécessaires au souvenir des épreuves et de la catharsis qu’il représente.

De la chute mélancolique de l’émouvant « Tumble » au dialogue ouvert de « Fierté », La Vague épouse la violence de sentiments refoulés, mis en musique grâce à une précision mélodique et instrumentale en totale adéquation avec le chant de Thérèse. Chaque élément de l’oeuvre la transforme en une lettre ouverte à l’absent, à celui ou celle qui, par l’oubli, a engendré l’incertitude, puis l’exhibition du mal subi. « Dernière Saison » mêle les langues dans une quête infinie de retrouvailles, celles-là mêmes que Thérèse s’emploie à redéfinir par son engagement humain dans de nombreuses causes qu’elle nous a présentées ces derniers mois sur les réseaux sociaux, avec une sincérité qui ne peut que nous bouleverser. La complémentarité de l’interprétation de Jonathan instille, dans le phrasé, une extension du domaine de la lutte, de la confrontation et de la vérité. La Vague est là, créature symbiotique complète, et propulse ses chagrins et amertumes dans le feu purificateur et brûlant d’une extériorisation sensible et puissante. L’électricité des rythmes et des guitares, la force des sonorités synthétiques et l’impulsion cardiaque de beats en permanente avance et progression, laissent émerger le second souffle, la seconde venue d’un raz-de-marée aux allures d’exutoire, où l’ultime « Guilty » fait figure de doute final rapidement effacé par le besoin viscéral de se dépasser, de danser, de vibrer, de vivre.

crédit : Romin Favre

« Lemme Be » est le cri de délivrance de deux affranchis, deux êtres dont les larmes deviennent rapidement les nôtres. Sans conteste possible, l’essence la plus pure d’une marche au calvaire devenue exemplaire et purificatoire.

« Lemme Be » de La Vague, disponible depuis le 8 novembre 2019 (version physique) et le 22 novembre 2019 (version numérique) chez La Couveuse.


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Raphaël Duprez

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