[Live] Isaac Delusion et Michelle Blades à l’Élysée-Montmartre

Isaac Delusion et Michelle Blades se sont donnés rendez-vous sur la scène du tout rénové Elysée Montmartre le 25 avril dernier. La première des deux dates à Paris pour le quintet parisien qui, en venant défendre son nouveau disque, « Rust & Gold », n’a pas manqué d’inviter la Mexicano-Panaméenne armée elle aussi de titres inédits. Retour sur la double performance de ces valeurs sûres de la scène parisienne.

Michelle Blades et Isaac Delusion – crédit : Cédric Oberlin

C’est Michelle Blades qui ouvre le bal à 20h avec ses grandes lunettes de soleil rondes et un quatuor de scène au complet. La Mexicano-Panaméenne nous présente en introduction « Dr Psych », nouveau titre portant bien son nom, avec son rythme rock aux guitares grésillantes. Celle qui a rejoint Paris et le label DIY Midnight Special Records il y a maintenant quelques années profite de la performance pour jouer une majorité de titres inédits, et qu’on retrouvera peut-être bientôt sur un album.

Alors qu’il y a tout juste quelques semaines sortait son nouvel EP, « Premature Love Songs » – aux courtes chansons d’amour enregistrées cet hiver en seulement trois jours – elle n’en joue finalement aucun extrait, mis à part « Most Of The Time », guitare-voix vibrant où elle évoque la solitude. Des morceaux inédits ou anciens – tels que « Kim’s Poem », sorti sur un EP en 2015 -, aussi inattendus les uns que les autres, s’enchaînent ainsi entre instru garage et voix lyrique au teint latino. Une sorte de fusion d’influences américaines, du Nord autant que du Sud, bien aidée en ce sens par un live band aguerri qui nous propose un show folk rock aux riffs débridés de basse et de guitares.

Une atmosphère qui se distingue de la posture plus intimiste des dernières productions studio de Michelle Blades, même si ses acolytes finissent par s’arrêter pendant la traditionnelle reprise en solo d’« El Pastor », toujours saisissante grâce à la voix de son interprète au grain presque dramatique. La preuve que, mise à part cette chanson, on ne sait jamais trop à quoi s’attendre en allant voir celle qui est en tournée toute l’année dans le groupe de Fishbach, tellement elle joue de contre-pieds et de surprises de disque en disque.

Autre ambiance et autre style peu après quand arrive le tour d’Isaac Delusion. Révélation avec son premier long-format en 2014, le duo devenu quintet est de retour sur scène dans la capitale après un long silence, comme pour cogiter un nouveau son et éviter la redite sur l’étape toujours glissante du second disque. C’est en tout cas ce qu’indique la production finale de « Rust & Gold », sorti le 7 avril dernier sur le label Microqlima, et qui permet aux Parisiens, sans s’émanciper totalement de la formule de départ, de déborder des frontières rêveuses et vaporeuses dans lesquelles on les pensait enfermés.

Le nouveau projet, issu d’une longue gestation, accouche même d’un titre en français, « Cajun » qui, face à un public impatient et passionné, s’est élevé aisément parmi les tubes de la setlist. La performance a démarré directement sur « She Pretends », moment fort du premier disque, comme pour faire la transition entre ces deux moments du groupe ; car, par la suite, ce seront principalement les titres de « Rust & Gold » qui seront joués avec intensité. Le passage à cinq sur scène s’en est d’ailleurs davantage ressenti, le chanteur Loïc Fleury expliquant au passage au public que la formation « avait trouvé son équilibre » grâce à l’arrivée du batteur Cédric Laban.

La musique d’Isaac Delusion tend ainsi désormais vers des sonorités plus pop et agitées, plus nerveuses également, comme si les chevaux étaient enfin lâchés. C’est ce qu’on ressent par exemple sur les singles « Isabella » et « Distance », qui témoignent des nouvelles expériences tentées, autant sur le plan musical que dans l’esthétique de leurs clips vidéos.

Quelques parenthèses ouvertes sur le premier album éponyme rappellent également de bons souvenirs à une fosse de l’Elysée Montmartre conquise et remplie – le quintet enchaînant deux dates complètes dans la salle parisienne – avec « Children of The Night » notamment, ou encore « Midnight Sun » en rappel, pour prolonger la communion dans un univers onirique toujours dessiné avec talent par la voix de tête de Loïc Fleury.


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Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens