[Flash #8] Backbone, Republik, Chien Noir, Navarre et HER

Entre musiques électroniques, rock et soul, découvrez notre regard sur ce qui se fait de mieux dans l’Hexagone ces derniers temps à travers le huitième épisode de Flash, notre série de chroniques courtes. Focus de choix ce mois-ci sur les nouveaux EPs et albums de Backbone, Republik, Chien Noir, Navarre et HER. Soyez curieux : vous ne le regretterez pas !

[EP] Backbone – Millioke

7 avril 2017 (Animal Records)

OVNI électronique mutant apparu à Choisy-Le-Roi en 2014, l’exigeant et atypique quatuor Backbone revient cette année avec un second EP, « Millioke ». L’expérience nous réserve quatre pistes aux destinées individuelles, refusant coûte que coûte les conventions et les cloisonnements longtemps imposés par les genres musicaux. Soutenant fermement cet audacieux pari, le projet parisien fusionne, avec goût et une impeccable maîtrise, des tendances que nous aurions pu, à tort, songer incompatibles. Entre R’n’B, house, dream pop et indie rock, Backbone décode les musiques actuelles pour mieux se les réapproprier et les réinventer. Une offre à considérer de toute urgence, par ces protégés de l’excellent label Animal Records.


[LP] Republik – Exotica

31 mars 2017 (LATDK)

Frank Darcel, monstre bien vivant et bienveillant du rock breton, reprend le lead comme une torche incandescente au sein de sa formation Republik. Son second album, « Exotica », sort un an et demi seulement après le très concluant et convaincant récit initial et initiatique « Elements ». Le guitariste rennais, également chanteur, y explore, entouré de Stéphane Kerihuel à la guitare et Robin Poligné aux claviers et aux chœurs pour noyau dur, des récits graves et austères avec la plus convaincante des allures. Comme un disque d’une autre époque qui ne prend pas d’âge, « Exotica » est un album aux attentions et intentions nobles, aussi à l’aise pour prendre le pas sur l’anglais que le lead en français, toujours dans une recherche d’équilibre entre l’urgence, la fougue et la patience. Une œuvre écrite à l’encre noire indélébile, celle des pieuvres et des éternels veilleurs.


[EP] Chien Noir – Or et Rouille

2 janvier 2017 (autoproduit)

L’homme est un animal social et solitaire. C’est cette ambiguïté propre à notre espèce qui nourrit sans nul doute l’inspiration poétique de Chien Noir, nouveau projet en français de Jean Grillet, chanteur du groupe A Call At Nausicaa. Avec pour seules compagnes sa guitare et quelques machines, le musicien bordelais dépose au creux de nos oreilles deux premiers songes pop, baignés dans le spleen romantique de l’enfance, très loin des grandes turbulences de l’âge adulte. À travers sa voix douce et attentive, Chien Noir parsème avec précaution ses paroles pures et innocentes, invitations aux rêveries infinies. Une belle façon de méditer le quotidien.


[LP] Navarre – Eurotrash Summer

7 avril 2017 (Panenka Music)

Lancinant et tortueux, le premier album, « Eurotrash Summer » de Navarre beigne dans la torpeur et la moiteur des étés brûlants. Comme un slow-motion auditif, le chant cinglant et gravissime de Jérôme Coudanne, échappé de son aventure rock en trio au sein de Deportivo, se découvre une nouvelle muse, électronique cette fois-ci, avec ce premier album d’abord étrange et imprévisible, avant de se révéler particulièrement envoûtant et ambitieux. Sous un climat fiévreux, ce projet solo brûle les cendres des guitares pour céder aux attractions des machines, celles des clubs et des soirées qui se terminent au petit jour. Un disque pop sombre, entre le lo-fi et la sci-fi, laissant entrevoir un malin rictus et frôlant parfois même la perversion. Un album au kitsch assumé et au trash sublimé qui profile quelques réussites brûlantes, à l’instar de la comète « Comment fait-on ? » et de l’hédoniste « Eurotrash Summer ».


[EP] HER – Tape #2

7 avril 2017 (FAM Records / Barclay)

Après avoir dédié le premier volet de sa « Tape » aux femmes et à leur féminité, le duo néo-soul HER tend à exprimer sa vision de l’amour, donné par les femmes à autrui, dans ce second acte toujours plus revendiqué. Il y est question, immanquablement, de l’amour maternel, mais tout autant des ambassadrices d’un amour plus universel, non sans omettre de célébrer le désir et la passion. À travers cette « Tape #2 » en forme d’éloge à la condition féminine et à leurs innombrables muses, Victor Solf et Simon Carpentier se font les émissaires de l’affection et de la tendresse, célébrant les mères et les grandes figures du sexe dit faible. On en oublierait presque le talent inné du groupe français à nous embarquer dans sa ferveur musicale à la croisée de la soul, du blues et du hip-hop, sur des titres aussi passionnés que « Blossom Roses » et « Swim ». Si, pour Aragon, la femme est l’avenir de l’homme, HER donne à sa maxime un authentique présent.

Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques