En août 2022, alors touché par un cancer du côlon, Darius Keeler, co-fondateur et membre permanent du collectif Archive annonçait amèrement le report de la tournée du douzième album « Call to Arms and Angels » à l’automne suivant. Désormais tiré d’affaire après une longue convalescence, c’est le cœur plein de joie que le leader du groupe londonien repartait sur les routes européennes à l’occasion de cette tournée à retardement, qui passait notamment le 22 novembre dernier par la salle de La Carrière, à Saint-Herblain, dans la proche banlieue nantaise. Avec un enthousiasme contagieux et présentant une scénographie toujours plus ambitieuse, nous étions ravis de retrouver le collectif britannique, quatre ans déjà après la célébration de ses 25 ans de carrière dans le cadre d’une tournée mondiale. En ouverture de cette nouvelle tournée affichant partout complet, nous avons eu le plaisir d’y découvrir sur scène les Anglais d’October Drift, le temps d’une performance condensée en trente minutes chrono, renversante d’intensité, avec l’envie certaine de marquer les esprits du public français.
À 20h, les Nantais sont déjà massés en nombre et au plus près de la crash barrière afin de ne rien manquer du programme à venir. Quelques minutes plus tard, La Carrière atteindra sa jauge maximale ; pas loin de 1900 spectateurs venus profiter du spectacle en son et lumière promis par le collectif britannique. Si la majeure partie du public les découvre pour la toute première fois ; de notre côté, nous sommes particulièrement enthousiasmés et objectivement impatients d’assister à la performance d’October Drift, quatuor post-grunge de Taunton (au sud-ouest de l’Angleterre), dont nous suivons de près les sorties discographiques depuis le premier album « Forever Whatever » en 2020. Avec ses trois acolytes, Daniel Young (guitare), Alex Bipsham (basse) et Chris Holmes (batterie), Kiran Roy, chanteur et guitariste démontre avec une hargne certaine et l’envie d’en découdre qu’ils sont les héritiers d’une scène rock alternative anglo-saxonne explosive.
Le concert est généreux, extrêmement expressif et remuant, à l’image même de cette démonstration sonique réduite à une demi-heure. Le temps suffisant pour compiler le meilleur des premiers efforts du quatuor, parmi lesquels les incontournables « Oh the Silence » et « Losing My Touch » du premier opus ainsi que « Lost Without You », l’époustouflant « Airborne Panic Attack » et l’hymnesque « Waltzer » du second. On en aurait voulu plus, mais pour cela, il faudra attendre l’occasion d’une future tournée française, en tête d’affiche, qui passera notamment début 2024 par le Supersonic à Paris le 24 mai prochain.
Passé l’entracte, le spectaculaire dispositif scénique d’Archive se dévoile, abandonnant par ailleurs les redoutables (et redoutés) lasers de la tournée des 25 ans pour se concentrer sur des dispositifs lumineux futuristes, dignes des meilleurs ouvrages de SF, évoquant jusqu’aux tenues de scène revêtues par les frontmen Dave Pen et Pollard Berrier cette idée d’embarquer à bord d’une station orbitale façon « Interstellar ». Habitué à distiller de longues performances comme autant de murs soniques infranchissables, le voyage de nuit à bord de la station Archive nous conduira aux frontières de plusieurs galaxies ; à commencer évidemment par celle de « Call to Arms & Angels », largement à l’honneur ce soir-là.
Parmi ces titres, l’industriel « Mr Daisy » et le surnaturel « Surronded By Ghosts », entonné par la fascinante Lisa Mottram, nous plongeront intensément dans l’expérience live telle que pensée par les Anglais. Entre rock progressif, trip-hop et électro-rock, le collectif londonien mutant continue d’ailleurs en 2023 de témoigner de sa créativité sans cesse renouvelée, à l’instar de la composition de la récente bande originale du blockbuster français « Voleuses » (dont l’extrait « The Skies Collapsing On To Us » sera d’ailleurs joué). Les Nantais seront ravis de retrouver entre les titres du douzième album quelques-unes des œuvres emblématiques d’Archive, à l’instar du sublime « The Empty Bottle » emmené par la voix envoûtante de Dave Pen ou la créativité électronique supersonique de « The False Foundation ». Si certains fans dans la salle ont pu regretter l’absence du cultissime « Again » côté setlist, le rappel a su combler les attentes d’un public averti avec « Fuck U » et « Bullets » comme derniers souvenirs mémorables d’une performance à part et hors du temps de près de deux heures quasi ininterrompues.
Setlist
Mr Daisy
Sane
The False Foundation
Vice
Bright Lights
Conflict
Daytime Coma
Surrounded by Ghosts
The Skies Collapsing Onto Us
Take My Head
The Crown
Fear There & Everywhere
Enemy
The Empty Bottle
Gold
Fuck U
Bullets
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