Anna Calvi, stupéfiante de talent au Chabada

Avec sa timidité transcendée en énergie, l’élégante Anna Calvi a sublimé l’auditoire du Chabada hier soir durant une heure et quart d’un concert best of. Un moment inoubliable.

Anna Calvi
crédit : Fred Lombard

Souvent, les premières parties réservent des surprises. Parfois on n’a qu’une hâte, celle de parvenir à la tête d’affiche en un claquement de doigts. Parfois on est sincèrement ému par l’artiste invité, celui qui arrivera à nous faire oublier la raison première de notre venue et qui parviendra par son talent à nous accrocher à son univers.
Ce soir-là, en première partie d’Anna Calvi, il y avait ce musicien seul, avec sa guitare. Un bon mètre quatre-vingt, la barbe bien taillée et le regard bienveillant.
Son nom, I Have A Tribe, on n’en saura pas beaucoup plus sur l’identité du personnage.

Sur la grande scène, l’artiste irlandais ne s’impose pas. Mais le public prête lui l’oreille.
D’abord parce que sa voix est belle et pure, parce qu’elle donne le frisson, rappelant autant Keaton Henson que James Vincent McMorrow. Ensuite parce que ces morceaux si minimalistes soient-ils au niveau des arrangements sont portés avec une sensibilité rare.
Au piano, I Have A Tribe nous embarque définitivement avec lui, même quand il s’accorde des interludes, en français, pour nous parler de son amour pour la France, et notamment pour nos terroirs. On aura eu la chance de faire sa rencontre durant ces quelques morceaux puis le musicien se dérobe à la salle, remerciant au passage son hôte de l’avoir embarqué dans cette incroyable tournée européenne. On aurait bien aimé que l’instant dure encore un peu.

Le public était présent pour Anna Calvi. La chanteuse et guitariste anglaise est venue à nous, avec humilité.
Faisant suite à la sortie de son second album « One Breath » en octobre dernier, la salle entière n’a presque eu d’yeux que pour elle, malgré la présence d’un formidable trio de musiciens, batteur en tête, à l’expérience et au talent indéniable.
Avec ses cheveux blonds détachés et ses lèvres rouge écarlate, pleine d’assurance sur ses hauts talons noirs, vêtue de son ensemble élégant fait de sa blouse rouge et de son pantalon noir, Anna Calvi s’affiche en conquérante. Comme un masque mis à son visage, Anna Calvi anéantit ses craintes quand elle se met à chanter, avec une conviction stupéfiante.

Si Anna Calvi a charmé la foule dès « Suzanne & I », la belle Anglaise a surtout mis un point d’honneur à jouer le meilleur de ses deux albums « Eliza », « Carry Me Over », « Pieces By Pieces », « First We Kiss », « Desire » pour nous emmener jusqu’au premier rappel sur « Bleed Into Me » et « Jezebel ».
On aura également succombé, et c’est peu dire, au jeu de guitare incroyable de la musicienne. Elle a déployé une telle agilité partagée entre force et technicité, masculinité et féminité. Au-delà d’une voix, la présence et la prestance de la musicienne en impose.
L’artiste nous a offert un magnifique bouquet de chansons rocks, une heure et quart d’émotion. Un set conclu par un « Blackout » formidable en second rappel, après avoir questionné toujours timidement, mais cela fait tout son charme, le public sur le titre qu’il souhaiterait bien entendre.
On a forcément apprécié la douce innocente des « Thank You » glissés entre les pistes, et on a été ébahi par la transformation incroyable de cette femme, avec sa guitare, quand il s’agissait de faire vivre ses morceaux avec passion.
Anna Calvi est définitivement une artiste généreuse et sincère avec son public, celui du Chabada ne l’oubliera pas de si tôt.
Les quatre musiciens nous ont offert un rock à part, brut et fragile à la fois, profondément sublime.

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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques