Au cœur du paysage culturel, sportif et militant des Pays de la Loire, le moral est en berne depuis l’annonce, cette semaine, par la Présidente de la Région, d’une réduction drastique de 73% des subventions accordées aux acteurs culturels. Cette décision politique, prise sans consultation préalable, entraîne également dans son sillage mortifère une diminution de 74% des financements des structures sportives et de 90% des aides destinées au secteur de l’égalité femmes-hommes, entre autres domaines essentiels au bien vivre-ensemble et à la solidarité. L’objectif affiché par l’élue est de préparer les collectivités à une future baisse de leurs recettes. Cette mesure va provoquer un bouleversement sans précédent sur les activités de ces structures, qui œuvrent localement pour maintenir le lien social et la cohésion entre les habitants et leurs offrir d’autres perspectives qu’un monde résigné. Il est difficile de ne pas être consterné par les conséquences humaines et sociales que cette décision va entraîner à long terme sur de nombreuses initiatives locales, pourtant reconnues, bien établies et vitales. C’est le cas des activités de soutien aux artistes de Trempo à Nantes, lieu d’accueil et de formation professionnalisante dédié aux pratiques artistiques, une référence nationale pour l’accompagnement des pratiques musicales. Nous nous y sommes rendus hier, après une journée marquée par les vents violents et glacés de la tempête Caetano et nous avons bien fait ! Récit d’une soirée ayant réchauffé nos cœurs et attisé nos luttes dans le cadre du festival Jazz Tempo.
Nous avons d’abord connu Ariel Tintar sous l’alias d’Ariel Ariel et au sein du collectif pop bordelais Pendentif. Aujourd’hui, c’est sous son propre nom que ce talentueux chanteur, pianiste et compositeur se dévoile à nous, en ouverture de cette soirée. Seul sur scène, Ariel crée un univers musical unique avec ses chansons piano-voix intimistes et épurées, imprégnées de douceur et de tendresse créoles. Ses compositions captivent et émeuvent, révélant ses histoires personnelles avec une lenteur magnifiquement soutenue par des notes virtuoses. Les chansons d’Ariel sont profondément personnelles, évoquant avec pudeur et réalisme le racisme ordinaire vécu par son père douanier. Touchantes, ses paroles débordent de cœur, de tendresse et d’apaisement, tout en témoignant d’une lutte douce, reflet de sa vie et de son histoire familiale. Le chant des racines, mêlant créole martiniquais et guadeloupéen au français, résonne comme un plongeon intime dans son passé pour mieux affronter le présent. À travers le swing de ses notes, touchant la virtuosité émouvante de Brel et l’ivresse délicate de Patrick Watson, Ariel Tintar offre un moment de partage et de communion sublime, vibrant comme la chaleur d’un soleil d’hiver. Un chanteur à texte remarquable, avec un avenir plus que prometteur.
Emmenés par Laurène Pierre-Magnani et son complice Neige Arnaud à la batterie, les deux membres d’Al Ghar ont offert une performance époustouflante et audacieuse, mêlant harmonies vocales et narration captivante. La capacité de Laurène à s’auto-harmoniser avec des boucles et à accompagner sa voix envoûtante a ajouté une dimension unique à leur prestation, rendant chaque moment à la fois drôle, vivant, sincère et poignant. Vers la fin du concert, Laurène et Neige ont été rejoints par une quinzaine d’artistes nantaises de grand talent, qui ont mêlé leurs voix sur plusieurs titres, culminant en un grand final a cappella fraternisant sur le titre « Samanji ». Ce spectacle était une véritable déclaration d’amour à l’adelphité, teintée de féminisme décolonial, avec une touche de légèreté bienvenue. Leur message clair et puissant était renforcé par une sincérité et une spontanéité touchantes.
À la fin du concert, Laurène a lancé un appel vibrant à l’action, invitant le public à les rejoindre lundi 25 novembre 2024 à 8h30 à l’Hôtel de Région des Pays de la Loire pour manifester contre les baisses drastiques des aides aux pratiques culturelles décidées par la Présidente de la Région. Une prestation qui non seulement a touché les cœurs, mais a également mobilisé les esprits pour défendre les valeurs émancipatrices du sport, de la culture et des arts, et promouvoir l’égalité et la diversité.
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