69 – Adulte

Cela faisait quatre ans qu’ils avaient sorti leur premier opus « Novo Rock ». Une sorte d’électro-rock bien à eux qui avait su me séduire par sa simplicité et son approche kitch du genre. On avait envie de danser sur presque toutes les chansons. Leur deuxième album, « Adulte » est beaucoup plus  froid et noir que son prédécesseur. Fini de déconner, ils passent aux choses sérieuses !

69 - Adulte

Petit récapitulatif pour ceux qui ne les connaissent pas encore : 69, c’est Armand Gonzalez et Virginie Peitavi. Ils ont influencé une génération de jeunes gens avec leur ancien groupe de noise cultissime nommé Sloy. Leur nouveau groupe 69 est plus électro-pop-rock cela dit. Des boites à rythmes, des claviers, une guitare jouée dans un style très particulier (parfois une plaque de métal est placée entre les cordes et Armand tape sur celles-ci à l’aide d’une autre corde de guitare) et une voix à la « Once In A Lifetime » des Talking Heads.

Le changement de style surprend au premier abord. Beaucoup plus de synthés, le son est plus profond et le chant moins barjo. J’ai du mal à oublier le premier album. Non pas que ce ne soit pas bien, mais je n’aurai jamais attendu cela de 69. Rassurez-vous, ce sentiment bizarre s’en va. Il m’a fallu plusieurs écoutes pour vraiment accrocher. On va dire que les premières servent de tour de chauffe.

Il aura fallu que je me retrouve un matin tout seul à poncer les murs de ma chambre. Qu’est-ce que je vais écouter ? Bon on va remettre le nouveau 69. Y’a personne ? OK, on met à fond. Et là, grosse surprise ! C’est comme si je ne l’avais jamais écouté avant. Je ne sais pas si c’est le fait de m’être habitué au nouveau son du groupe ou si j’avais écouté distraitement les dernières fois, mais là, direct, j’adhère et ponce en rythme. Il fallait juste la bonne situation pour me concentrer à fond sur la musique.

crédit : Richard Bellia
crédit : Richard Bellia

C’est parti pour un album bien inspiré des groupes de post-punk les plus sombres des années 80. Les basses sont profondes, l’atmosphère mélancolique. Sans doute dû aussi aux paroles nostalgiques d’une époque révolue qu’on ne veut pas lâcher : la jeunesse.

J’entends enfin des accords de guitare en intro de « One Man Army »0 La boite à rythmes arrive, je frissonne. Ces rythmes de marche militaire et ce chant triste, mais déterminé réveillent en moi un sentiment mélancolique et une envie rageuse de victoire.  Je ne sais pas quelle victoire, mais je reconnais très bien le sentiment. Les synthés alternant avec la voix amplifient tout cela comme si on était mené par un chef de file du post-punk dans une croisade contre Lana Del Rey et consorts.

« Faster And Faster » continue dans cette idée de « mai 68 musical sous air de Peter Pan ». Le chant anglais a beau être très approximatif, il n’empêche en rien l’écoute, surtout pour ceux qui connaissent déjà le personnage.

Arrive une chanson plus calme qui refroidit tout de suite l’ardeur des deux précédentes. Je n’ai pas fini de poncer s’il ne reste que des chansons comme celle-là…

« Schizophonic » serait plutôt une chanson à découvrir en live. À mon avis, peut-être même en intro d’un titre du premier album. C’est le genre de chanson qu’on zappe facilement sur l’album et quand on voit le groupe en live et qu’on retourne chez soit on se dit : « Faut que je réécoute celle-ci elle est trop bien en fait ! ».

crédit : Olivier Wetzel
crédit : Olivier Wetzel

Le duo « Collision » / « The Con » s’enchaine parfaitement. La première nous emmène dans les recoins les plus sombres et stressants du genre. Peur et colère dominent ce morceau (ça mène au côté obscur de la force ouais, t’y as pensé aussi, c’est bien). Ça se calme vers la fin quand le son clair d’une guitare arrive pour nous prendre la main, nous amener à la prochaine chanson et nous foutre une claque avec. Le single de l’album ne l’est pas pour rien. « The Con » est entrainant par sa basse et ses synthés aux rythmes répétitifs. Les pauses/silences sont très bien placés et permettent de casser la routine de la chanson. Ça donne envie de sauter dans mon lit. Les bouts de plâtre volent partout dans la pièce, c’est génial !

On enchaine sur « March Of The Ennemies » qui porte bien son nom. De gros synthés entament la marche à la façon d’une introduction bien lourde d’Hans Zimmer comme on en a pu écouter dans The Dark Knight ou Inception.

L’album se termine sur « New Order » qui donne envie de se battre. On imagine très bien les coups répétitifs et violents de la boite à rythmes devenir des poings enchainant des coups sur la tête d’un adversaire quelconque, sans doute dans un club du coin. On finit donc en beauté toujours avec cette tristesse rageuse que l’on a attrapée pendant le deuxième titre.

Pour résumer, un disque qui donne la patate quand on se met vraiment à l’écouter tranquillement dans son coin. Il faut essayer d’oublier le premier album et ensuite tout roule jusqu’à la fin !

Ah et j’ai fini de poncer ma chambre au cas où ça vous intéresserait.

« Adulte » de 69, sortie le 1er avril chez Lowmen.

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Quentin Lejas

chroniqueur enthousiaste, épris de The Smashing Pumpkins et des Pixies