[Interview] Natas Loves You

Entre leur premier EP « Skip Stones » sorti en mars dernier, et leur premier album, le très attendu « The 8th Continent », à paraître à la rentrée de septembre, indiemusic a rencontré trois de cinq membres de Natas Loves You : Joachim, guitariste, Virgile, bassiste et chanteur et Jonas, batteur. L’occasion pour nous de remonter en leur compagnie aux origines de leur histoire commune, afin d’explorer leurs influences et leur rapport à la musique pop. Une rencontre détendue avec l’un des groupes les plus attachants de cette nouvelle scène parisienne.

de gauche à droite : Jonas, Virgile et Joachim
de gauche à droite : Jonas, Virgile et Joachim
  • En attendant la sortie de votre premier album, on va revenir sur votre premier EP « Skip Stones » sorti en mars dernier. Quelle est l’histoire du titre de ce disque ?

Virgile : C’est un titre qui a un signification assez particulière pour nous, parce que c’est un des premiers titres qu’on a écrit pour l’album qui va sortir cette année. Ce titre a déclenché beaucoup de choses pour nous : ce côté dansant, un peu léger qu’on n’avait pas du tout avant dans notre musique, qui avant était beaucoup plus recueillie, planante et psychée.
De plus, le message de cette chanson est assez fort : skip stones, littéralement, ça veut dire faire des ricochets. C’est l’idée des ondes qui se propagent, et plus particulièrement de propager des ondes positives… et que celles-ci deviennent infectieuses. C’est une idée de partage et d’amour si tu veux !

  • Vous êtes très peace and love finalement ?

Virgile : On n’aime pas trop l’avouer, mais oui, on a un petit côté hippie. (rires)

  • Suite à ce premier EP va sortir votre premier album « The 8th Continent »…

Virgile : C’est ça. En fait, les titres qui figurent sur Skip Stones sont en grande partie des titres qui figureront sur l’album.
On a enregistré cet album avec Chris Zane, producteur américain qui a produit Passion Pit, Holy Ghost! et Friendly Fires, des groupes assez cools. Et tu lui ressembles un peu d’ailleurs… (rires).
On l’a enregistré en juin dernier, et ça sortira normalement après l’été, pour la rentrée 2014.

  • Avant ces disques, il faut quand même revenir au tout début de Natas Loves You. Vous venez de pays différents, qu’est-ce qui vous a réuni au sein de ce projet ?

Virgile : Trois d’entre nous avaient déjà un groupe avant, quand on était plus jeunes, pas encore majeurs pour te dire.
Les débuts de Natas, ça remonte à 2007-2008… C’était au Luxembourg. On est des amis de lycées, ou des amis d’amis, et cetera. On a ensuite rencontré Alain avec qui on a commencé à enregistrer de nouvelles choses, et assez naturellement, on a déménagé tous ensemble à Paris en 2009, où on a rencontré Joachim, par une incidence, je sais pas, cosmique ! (rires)
Et, ça fait depuis 2009 qu’on est tous les cinq, et c’est vrai que c’est un peu improbable parce qu’on est très cosmopolites, on a des origines un peu tous de partout.

crédit : Elliott Arndt
crédit : Elliott Arndt
  • Vos origines cosmopolites vous apportent d’ailleurs une aisance, une facilité avec les langues, non ?

Virgile : Totalement, et ça tombe bien parce qu’on essaye de porter une attention particulière sur les paroles. On a beaucoup travaillé les textes.
On est un groupe français, certes, mais entre nous, on parle anglais tous les cinq. Jusqu’à très récemment Jonas ne parlait pas un mot de français. On a un peu cette chance-là et c’est sur que c’est une bonne chose.

  • Qui sait, on verra peut-être un jour Natas Loves You chanter en esperanto ?

Joachim : Haha, a priori, nous, on n’est pas contre. On a même pensé à faire un titre en français.

Virgile : Mais c’est vrai que la musique qu’on écoute, c’est avant tout de la musique anglo-saxonne, du moins chantée en anglais.

  • Si on devait parler de la musique que Natas Loves You fait, on peut dire de la pop au sens large 

Virgile : Oui, mais je dirais même de la pop au sens noble. On assume le fait d’aimer la belle pop, mais après pas que… ce n’est qu’une de nos influences.

  • Pour tourner le clip de « Skip Stones », vous êtes partis en Inde. Pourquoi cette destination, qu’est-ce qui vous attirait vers ce pays ?

Joachim : Au début, on devait partir soit au Maroc, soit en Espagne, et le réal du clip, Thibault Dumoulin, nous a proposé de partir en Inde. Ca nous a tous plu, et on est partis en équipe réduite, nous cinq avec lui. Et c’est tout.

Virgile : On a su dans les derniers jours qu’on allait faire ce voyage : ça s’est fait soudainement mais c’était super cool car on s’est retrouvés au milieu de tout ça…

Joachim : On n’a pas eu le temps de réfléchir.

Virgile : On a pris une claque, et visuellement, on s’est dit que le pays servirait le clip. C’est très photogénique.
Je disais à un ami : « c’est un peu comme quand tu te balades dans la rue à New-York, tu as l’impression d’être dans un décor de ciné. »

Joachim : En Inde, c’est un peu ça, tu arrives et un peu tout est photographiable ou filmable.

Virgile : Et au delà de ça, on est tous dans le groupe assez fans du travail de Wes Anderson, et notamment de The Darjeeling Limited… Alors, forcément, ça nous a un peu influencés.
Et au delà de ça, il y a toujours cette idée que les Beatles sont allés en Inde. Ça fait pas mal de bonnes raisons.

Joachim : Arrivés sur place, on avait qu’une seule envie, c’était de rester coincés là-bas, de vivre et finir notre vie en Inde.

  • Il aurait fallu perdre vos passeports ?

Joachim : Ah ouais ! (rires)

Virgile : On était un peu dégoutés de devoir partir. Notre label, il flippait un peu aussi.

  • Et vous êtes sensibles à la musique indienne ?

Virgile : Oui, totalement. On a pris des cours de tambours traditionnels du Rajasthan là-bas, c’était incroyable !

  • Ces instruments auraient leur place sur des titres à venir ?

Virgile : Sur le prochain, qui sait ! « The 8th Continent » est déjà enregistré donc c’est trop tard. Mais on se remet à écrire tout doucement des chansons.
L’univers des possibles est grand ouvert.

  • Avec cet album, vous êtes en tournée dans toute l’Europe… C’est un gros rythme à tenir, vous sentez-vous prêts ?

Virgile et Joachim : On verra bien… si on tient le rythme. (rires)

Virgile : On n’a jamais vraiment enchainé. On a joué jusque là dans pas mal d’endroits mais c’était jamais des dates à suivre. On n’a jusque là jamais fait de la route.
Ce qui arrive, c’est super cool. On est très content de partir ensemble sur la route.

Natas Loves You © Fred Lombard

  • Et ça s’inscrit finalement dans la philosophie de votre groupe ?

Virgile : Oui, très clairement : le partage, et pas que de la musique… le partage humain. Et puis même, c’est cool parce que personnellement, je sais que je me retrouve dans des endroits où je n’aurais jamais été de mon plein gré. Y aller avec les Natas, c’est hyper motivant !

  • En ce qui concerne les textes, dans quoi puisez-vous votre inspiration ?

Joachim : On se nourrit un peu tous d’influences sans le savoir. On s’imbibe de nos expériences, des gens qu’on rencontre. Et bien sûr de la musique qu’on écoute.

Virgile : Faire de la musique, c’est un truc qui nous passionne, on y met beaucoup de nous. Nos textes en l’occurrence sont assez ; je ne dirais pas introspectifs mais métaphysiques parfois. Il y a des questions existentielles, et beaucoup de remises en question.
Sur cet album-là, on s’est beaucoup tourné vers nous-mêmes pour les paroles parce que quand on a quitté le Luxembourg, on était bien établi, on avait joué un peu partout, on était connus de tous, et puis on est arrivés à Paris, et personne ne nous connaissait. On a galéré pendant longtemps et c’est dur comme ville, c’est grand, il y a beaucoup de choses.

  • Il y a énormément de groupes aussi. Comment on fait pour se démarquer ?

Virgile : Déjà, il faut jouer, c’est certain ! Et le plus possible. C’est ce qu’on a fait : on a trainé nos guitares dans tous les opens mics qu’on pouvait faire et au final, on a rencontré des gens, qui te font rencontrer des gens, et ainsi de suite.

  • Puis il y a des labels et des managers viennent vous voir, et de fil en aiguille vous avez signé chez Wagram.

Virgile : C’est bien ça. C’est Charlotte du label Chapter Two, la division world music de Wagram qui nous avait vu à un open mic au Pop In, bar légendaire du 11e arrondissement de Paris, qui fait des opens mics tous les dimanche. Je fais un peu de promo pour les potes (rires).
Elle a ramené toute son équipe, qui sont venus nous voir plusieurs fois en concerts.
Ce qui est bien chez Wagram, c’est que ça reste un label à taille humaine, pas une major, bien que je ne crache pas sur les majors, pas du tout. C’est que tu apprends à connaitre les gens avec qui tu bosses, mais eux également comprennent tes besoins et ta façon de fonctionner. Professionnellement, tu créés des liens assez forts, mais tu finis aussi à être attachés à eux humainement. C’est agréable.

  • Si on devait résumer Natas Loves You au niveau de l’état d’esprit : on a dit peace & love tout à l’heure…

Virgile : Pas totalement. Le truc chiant avec « peace & love », c’est que ça peut paraitre super niais.
En vérité, je crois qu’on est très portés sur l’amour, sous toutes ses formes, mais aussi sur le partage, sur le fait de faire les choses ensemble. On vit ensemble, on fait de la musique ensemble, et on aimerait bien que les gens qu’on rencontre fonctionnement comme ça, partagent cet état d’esprit. C’est un peu notre idéal !


Retrouvez Natas Loves You sur :
SoundcloudFacebook

Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques