L’œuvre du groupe de musique électronique Zombie Zombie sera toujours en connexion avec le 7ème art, à travers son goût pour les mélodies de John Carpenter ou ses nombreux travaux composés pour le médium cinématographique. Aujourd’hui, ce sont les images du film « Irréprochable » qu’ils viennent renforcer, à coup de pop cosmique, de nu-disco obscur, de nappes sous-tension et de beats rétro-futuristes.
C’est décidément une superbe année pour les amateurs du catalogue de Versatile Records, qui fête ses 20 ans avec divers projets d’envergure. En plus de sortir le troisième album de Zombie Zombie, le célèbre Gilb’r, producteur et directeur du label, signe un disque collaboratif avec divers membres de celui-ci, ainsi qu’un double CD collector retraçant la musique qu’ils ont défendu avec ses amis artistes, de 1996 à nos jours. On note également l’avènement d’une compilation d’inédits et d’un nouvel EP de son cru alors qu’on est seulement à la moitié de l’année. Et pour ne pas dénoter dans cette folle lancée, Zombie Zombie s’occupe de la B.O du premier film de Sébastien Marnier baptisé « Irréprochable », avec Marina Foïs, Benjamin Biolay et Jérémie Elkaïm.
Il sera avant tout question de la B.O en tant que telle, et non de son application sur les images du film qui m’est encore inconnu. Vous serez seuls juges de la qualité de l’alchimie qui, sans vouloir trop s’engager dans l’art de la supposition, risque d’être de qualité, au vu de la maîtrise de ce type d’exercice par Zombie Zombie.
La B.O commence sur « The Running (thème de Constance) », qui s’évertue à retranscrire, à l’aide de beats mid-tempo et de volutes inquiétantes, la tension qui risque d’imprégner le film. « L’effondrement » prolonge le tir en distillant une invariable chute canalisée dans les ondulations mélancoliques des synthés. Et si « Boîte de nuit » s’entiche d’un nu-disco d’une sombre beauté, « Filature » retrouve l’angoisse si caractéristique de cette B.O, grâce à divers nappes synthétiques parsemées de beats qui grouillent sur le sol, sans jamais s’apaiser ou s’irriter. La tension ne prend jamais fin.
De manière générale, « Bowling » ou « Tuning » retrouvent ce penchant pour la pop aux allures de disco hantée qui représente la première moitié de ce disque, à l’inverse des morceaux comme « La désintégration (thème de Philippe) » qui, lui, creuse le sillon mélodique de la sueur froide. Et voilà qu’arrive « Folie Furieuse (Final) » et « Folie Furieuse Partie II (générique) », qui symbolisent en un diptyque les extrémités sculptées dans les instrumentations de Zombie Zombie. Le saxo fou d’Etienne Jaumet boucle l’inquiétude de la première partie et la frénésie prend fin sur une pop obscur, complètement rétro 80’s. C’est alors au tour de « Retour au calme (bonus) », qui intervient comme une poche d’air synthétique, à la fois minimaliste et souterraine, peuplée d’effets et de nappes rappelant les mélodies profondes et prenantes de Vangelis.
Pas de doute : la musique électronique à tout à fait sa place au cinéma, malgré le manque flagrant de cinéastes s’intéressant à de telles fusions, pourtant maintes et maintes fois réussies, en témoigne Midnight Express (Giorgio Moroder), The Virgin Suicides (Air), ou plus récemment Victoria (Nils Frahm). Elle illustre d’une autre manière les images avec parfois bien plus de vie que les sonorités organiques, et renouvelle les possibilités émotionnelles et sensorielles vécues à travers la caméra. Depuis longtemps, une symbiose est possible et d’ores et déjà effective sur de multiples projets. Il est peut-être nécessaire d’y ajouter maintenant « Irréprochable » de Zombie Zombie, une belle petite réussite au sein du cinéma français, encore timide vis-à-vis de ce type d’alliance qu’il semble ignorer plus qu’autre chose. Espérons que d’autres emboîtent le pas de Sébastien Marnier, afin de confier d’autres B.O à des artistes accomplis.
« Irréprochable » de Zombie Zombie est disponible depuis le 4 juillet 2016 chez Versatile Records.
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