[LP] XAM Duo – XAM Duo

Alliance parfaite d’ambiances électroniques 70’s et de saxophones délicatement posés sur une base fragile et fine, le premier album de XAM Duo est un moment de repos bien mérité et spontané, gorgé de pulsations lumineuses et cristallines. Un disque totalement à part, atmosphérique et chaleureux, et qui donne à la musique instrumentale une teneur encore plus émouvante et sereine qu’à son habitude.

Que se passe-t-il quand deux musiciens de deux groupes différents se rencontrent pour créer une matière sonore originale et totalement à l’opposé de leurs styles de prédilection ? C’est exactement la question qui se pose en premier lieu lorsque l’on apprend que les Anglais Matthew Benn (membre du groupe de rock Hookworms) et Christopher Duffin (sorti quelques instants du projet psyché Deadwall) ont décidé de se retrouver au sein d’une seule et même entité, XAM Duo, afin de changer de sujet de discussion musicale et de collaborer sur une matière principale électro, les cuivres du second s’alliant aux structures artificielles du premier. Le résultat ? Un LP éponyme de toute beauté, bercé de douces influences synthétiques de la fin des années 1970 tout en dévoilant une œuvre qui, au premier abord, semble déroutante et secondaire, mais qui, au final, devient un grand moment de béatitude et de transe. Pendant plus d’une heure, l’auditeur est transporté dans des paysages pixellisés rassurants et confortables, errant alors en toute sérénité au beau milieu de ces contrées connues mais dont les lignes sont, à chaque nouvelle envolée, redessinées.

La plénitude de « Proem » se fait aimante et suave, les nappes de claviers préparant l’entrée d’un saxophone tout en sobriété et dépouillement. L’ambition du disque est ainsi présentée de la plus belle des manières : la musique de XAM Duo sera humble, simple et planante. « Pine Barrens » devient plus électro, flanger et orgues se contorsionnant les uns contre les autres tout en annonçant à la perfection les 23 minutes de « I Extend My Arms, Pt. I & II », boucle répétitive en constante évolution jusqu’à un final qui paraît brutal, alors que cette sensation erronée n’est que le résultat de l’état second dans lequel nous nous trouvons sans nous en être auparavant rendus compte. Dépouillé et sensitif, « Ashtanga » détonne et change la donne et les couleurs primaires de l’ensemble, de même que les larsens et bourdonnements industriels de « The Test Dream » nous font tomber de notre piédestal mais donnent envie d’en savoir toujours plus, tant les paradoxes qui emplissent l’opus sont enivrants et éblouissants. « René », aguicheur et presque dansant, revient vers la mélodie pour mieux clore le phénomène, tout en laissant en suspens les suites qui lui seront données.

Il est évident que « XAM Duo » ne sera pas à mettre entre toutes les oreilles, pour deux raisons principales : la longueur de la majorité de ses pistes et la sensation de perte de repères qu’il engendre. Mais n’est-ce pas justement le but recherché par les deux compositeurs ? Spatial et vertigineux, leur effort commun se place largement au-dessus de certaines productions informatisées actuelles, en y apportant un côté organique et charnel – et pas uniquement grâce à l’utilisation des saxophones – de tous les instants, sans peur mais avec une réelle volonté de pousser l’expérience à son apogée et au maximum de ses capacités. Pari réussi haut la main, tant l’on tient ici un objet rare, une véritable prouesse technologique et humaniste. Une créature hybride et fascinante.

crédit : Jed Skinner

« XAM Duo » de XAM Duo est disponible depuis le 4 novembre 2016 chez Sonic Cathedral.


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Raphaël Duprez

En quête constante de découvertes, de surprises et d'artistes passionnés et passionnants.