Des images tout droit sorties d’inspirations seventies, entre cinéma d’exploitation et comédie décalée : White Wine nous invite à retrouver toutes ces bandes à la fois drôles et noires qui faisaient le charme de salles obscures anonymes et précieuses.
Tout amateur de films bien barrés et réalisés avec des bouts de chandelles vous le dira : le cinéma bis des années 70 reste l’un des phénomènes les plus attractifs et attachants de l’histoire du Septième Art. À tel point que bon nombre d’artistes, actuellement, ont tendance à retourner y puiser de nouvelles racines, tant ce genre sous-estimé a pu laisser dans son sillage un sens de la débrouillardise toujours utile, quand on a des idées et peu de moyens. Et, lorsque l’on visionne la vidéo de « A Drink And A 6 Lane Freeway » des Allemands de White Wine, on replonge, comme une madeleine de Proust, en ces temps fascinants pendant lesquels un récit, aussi bancal soit-il, conservait une saveur et une union de la comédie et de l’amertume fondamentaux et incontournables.
Le trio de Leipzig nous offre une ballade intemporelle, un folk aérien et venu d’ailleurs que n’aurait pas renié Hood. Et, sur cette complainte sarcastique et émouvante, l’image prend une place prépondérante et nécessaire, en nous racontant les mésaventures d’un voyageur revenu des States et immédiatement interrogé, puis malmené par deux individus dont, on imagine, le but est tout sauf sympathique. Un interrogatoire de police ? Une confession soutirée pour une bande de gangsters ? On n’en saura pas plus, mais une chose demeure : la réalisation nous replonge dans ces bandes nostalgiques d’une époque révolue – malheureusement – durant laquelle l’imagination se mettait au service de pellicules mises bout à bout, de pièces récupérées à la sauvette pour tourner le plus possible. Tout y est, des costumes et lunettes has been au magnétophone à bandes et à la machine à écrire. Ainsi, quand le cours de l’action saute, comme si la péloche venait de nous lâcher, on se sent immédiatement en terrain connu ; White Wine prouve, grâce à ce clip, qu’en plus de créer une musique furieusement évocatrice des temps passés, il retient surtout le pouvoir d’évocation de ces instants argentiques si convoités de nos jours. Pour ceux qui connaissent, c’est un régal visuel ; pour les autres, une raison supplémentaire de découvrir ces attachants moments du grand écran, autant que la musique elle-même. Un petit chef-d’œuvre d’humour noir et de mélancolie.
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