Dépassant largement toutes les espérances que ses influences pourraient laisser augurer, We Are The Line livre un EP d’une puissance émotionnelle ravageuse et captivante, porté par une ambition à la fois intérieure et communicative. Du grand art, entre mélancolie, noirceur et lumière, comme on aime en découvrir alors que l’on ne s’y attend pas !
Si vous parcourez les pages Web de We Are The Line, vous verrez de nombreux noms cités, en remerciements, pour la passion qui anime le projet ; des promesses qui semblent difficiles à tenir, tant la qualité desdites idoles est à placer en haut du panier, mais qui se révèle parfaitement justifiée à l’écoute de « Through The Crack », opus aux sentiments tantôt sombres, tantôt chargés d’espoir. Sans jamais essayer d’imiter ou d’exagérer ses talents de composition, cette mystérieuse entité nous fait rapidement chavirer entre les abysses et les rapides d’une musique électronique à l’âme à fleur de peau, représentation fragile de la passion et du tourment. Cinq titres aux saveurs épicées, qui assèchent la bouche avant de répandre leur nectar hallucinogène et extatique dans nos gorges implorantes.
Car tout l’art de We Are The Line repose sur les limons synthétiques et spirituels de l’alliance entre la matière, symbolisée par la gravité d’une voix pénétrante, et les mécanismes prêts à étinceler et imploser d’instrumentations parfois graves, mais le plus souvent caressantes et frissonnantes. Ainsi, « Through The Crack » est une lente montée vers la tension sous-jacente de l’ensemble, bientôt confrontée à la beauté froide de « A Cold Place », aux arrangements directs et pénétrants. « Restless (In Vain) » invoque la dépouille de sonorités cinglantes et acérées, pénétrant nos corps et nos chairs dans un bouillonnement visqueux et paralysant, avant que « Our Last Sight » n’expérimente d’éprouvants glitches au ralenti, prenant le temps d’instiller son venin dans nos veines meurtries. L’aopthéose, ou plutôt l’irrémédiable chute dans l’abîme, trouvera son réconfort grâce au sublime et vaporeux « Shining Edge », mélange parfait de rythmiques obsessionnelles et d’une ambiance à la fois cathartique et hypnotique. Rien ne sert de vouloir échapper aux esprits surnaturels qui dansent autour de nous à l’écoute de ce disque ; au contraire, nous les laissons nous saisir et s’emparer de nos membres, afin de sentir la liberté lunaire d’une évasion sensorielle minutieuse et maligne.
En vingt minutes, We Are The Line s’impose comme l’ami imaginaire idéal de nos rêves et de nos cauchemars. Celui auquel on ose confier nos pensées les plus irrévérencieuses, les plus malsaines, autant que nos idées les plus sincères. Changer l’univers, ses particules, ses atomes, grâce à des harmonies futuristes et pourtant actuelles, mais poussées dans leurs plus lointains retranchements ; un miracle que l’on n’aurait pas soupçonné il y a encore quelques mois, mais qui se produit sans crier gare et nous poursuit, sans relâche et pour notre plus grand plaisir.
« Through The Crack » de We Are The Line, sortie le 20 octobre 2017 chez La Ligne Production(s).
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