[Interview] Autour du jukebox avec Von Pariahs

indiemusic a écouté avec les Von Pariahs ce qui aurait pu être leur trajectoire musicale. Avant qu’ils ne battent pavillon français à Manchester.

Von Pariahs © Fred Lombard

  • Salut Théo et Sam, on va s’amuser à écouter des extraits musicaux. Pas pour tenter de vous coller, mais plutôt pour discuter tranquillement sur que cela vous évoque.

Bérurier Noir – Salut à toi

Théo : (dès les premières notes) Ah oui, les Bérus… Salut à toi… Nous, on écoutait ça au lycée, à donf le matin pour se lever, et aussi se défouler le soir en faisant des pogos. C’est un truc qui nous parle bien maintenant le côté militant, ça ne m’a jamais plus parlé que cela alors que c’est un groupe où c’est super important le côté militant avec une musique faite pour revendiquer leurs idées politiques. Moi, ce que j’aime dans les Bérus, c’est la boîte à rythmes et les guitares un peu vénères, avec le côté « rien à foutre » du chant. C’est plus le côté musical qui me touche chez eux. C’est du chant de contestation, avec de la violence et de la tension dans la musique, et ça, j’aime.


Happy Mondays – Wrote For Luck

  • On les a choisis en pensant à toi Sam parce qu’on trouve que ton charisme sur scène reprend un peu l’esprit du groupe (hésitations…)

Sam : Ça me fait chier de pas trouver parce que ça me dit vraiment un truc…

Théo : La voix carrément, un côté hyper punk sur un truc bien eighties ; hyper typé, flegmatique…
Ah oui, les Happy Mondays ! On les kiffe grave.


Ramones – Sheena Is A Punk Rocker

Sam : Les Ramones ! En soirée ou à 10 dans la Clio, on écoutait ça à donf sur des K7 !

Théo : C’est un peu les enfants des Stooges, même si c’est beaucoup plus autoroute, y’a moins de solo, y a moins de côtés wouah wouah, c’est plus démonstratif que ce que peut montrer un Ron Asheton (NDLR : ancien guitariste et bassiste des Stooges). Pour moi, c’est aussi une sorte d’équivalent de The Undertones, avec plus d’attitude, un côté vestimentaire hyper marqué… les jambes écartées… le truc typique des Ramones.


Talking Heads – Psycho Killer

(Sam et Théo reprennent ensemble la ligne de basse qu’ils ont tout de suite reconnue).

Sam : Les Talking Heads, tu peux vraiment pas leur mettre d’étiquette.

Théo : Il y a un côté très pop dans la construction du morceau, c’est « punk », mais pas que… moi je me rappelle de leur live qui a été filmé intégralement (NDLR : Stop Making Sense), je l’avais vu sur la 5 lorsqu’ils avaient fait un Summer of the 80s et j’avais juste trouvé cela ouf !

Von Pariahs © Fred Lombard

Sam : Avec la justesse des morceaux et la justesse corporelle de David Byrne, c’est un mec qui a tout compris…
Théo : Tu as raison quand tu dis cela, dans l’interprétation de leurs morceaux, ils ne pouvaient pas les sublimer mieux que cela. Chaque groupe a sa façon d’interpréter ses titres, lui il aimait bien tout calculer, tout bien scénographier. On en parlait l’autre jour à propos de St Vincent qui a beaucoup bossé avec Byrne et qui s’est mise aussi à énormément travailler ses prestations scéniques. On se disait que nous, on n’aimerait pas tout calculer comme cela, ce n’est pas comme cela que l’on ressent le truc, lui il sait tellement bien le faire !


The Specials – Gangsters

Théo : Ah ah, du bon rocksteady, à l’ancienne…
Sam : Les Specials, les Clash , ça nous parle bien, j’ai aussi pas mal écouté Toots and the Maytals à un moment.
Théo : Nous, on avait conscience de ce que à quoi toute cette musique faisait référence culturellement, mais d’où on vient en Vendée, cela n’était pas forcément le cas de tout le monde et il y avait une sorte d’amalgame entre le côté super hippie et le rocksteady justement. Il y avait des gros « dreadeux » qui puaient le patchouli et qui écoutaient des trucs comme cela parce que c’étaient des rythmes qu’ils connaissaient. Nous, on n’aimait pas trop cela, on n’aimait pas trop la vision des choses de ces types, mais au final c’est ce qui a fait qu’on a pas passé beaucoup de temps à écouter ces groupes-là alors que cela nous parlait vraiment.


The Knack – My Sharona

Théo : Ca, c’est les B52’s ?… c’est « My Sharona » ?
Sam : C’est marrant, on écoutait cela en covoiturage, en allant à Morlaix. Moi ça me fait penser à mon père, il est plutôt classic rock genre les Eagles. Tu me dis n’importe quel titre d’eux et je te le chante par cœur, ça m’a bercé pendant les 15 premières années de ma vie. C’est un gros fan de compils et il devait y avoir les Knack. Quand Mickael Young a sorti « Comme des connards », je me suis tout de suite dit que je connaissais bien cette chanson.
Théo : C’était assez intelligent d’attaquer le grand public avec une chanson aussi énergique.


The Exploited – Punk is Not Dead

Théo : C’est Sham 69 ?
Sam : J’aime bien cette énergie ! Moi j’aime bien la contrôler, la retenir pour la lâcher sur scène, mais pas trop.
Théo : D’ailleurs faut pas trop nous chauffer sur le devant de la scène (rires), il y a eu des moments notamment à Berlin….
Sam : Mais quand ils nous voient tous les 6 !

  • On sent bien cette cohésion sur scène, notamment lorsque vous vous regroupez autour de la batterie à la fin du set. Vous êtes un vrai groupe sur scène, pas des entités individuelles…

Théo : On a vraiment des personnalités différentes et atypiques, mais qui se complètent bien, qui se réunissent.


The Clash – Know Your Rights

Théo : Ouah, les Clash, avec cette voix-là, tu peux pas te tromper ! Par contre, je ne la connais pas vraiment cette chanson… Nous, on a grandi là dedans, c’est ce qui nous parle. On a vu beaucoup de groupes et de concerts comme cela avec de la sueur et du pogo, mais pas assez à notre goût à l’époque notamment en Vendée où il y avait trop de reggae, trop de chanson française, trop de choses festives, avec l’impression qu’à aucun moment les gens n’ont vraiment envie de s’écouter.
Ils essayent toujours de coller à un espèce de rêve comme cela, un rêve américain à la française, ils se mentent constamment et jamais ils se lâchent, jamais ils essayent d’écouter leurs pulsions. Nous, on prône le côté où tu sais jamais ce qui va se passer… et c’est pas parce que ça se barre en couille que c’est mal.

  • Mais, justement est-ce qu’il ne faut pas provoquer la chose ?

Théo : Ben, nous en tant qu’artistes on est là aussi pour ça, pour réveiller ce truc-là !
Sam : Ah, moi je provoque rien du tout, je me laisse porter.
Théo : J’aime bien monter sur scène et me dire qu’effectivement on ne sait pas ce qui va se passer, mais comme on a cela en nous, cela va de soi ! On provoque des choses, pas de la violence entre les individus, mais les aider à ressortir tout cela, et se laisser aller pas forcément dans un truc « peace »…

  • On peut dire que Von Pariahs ça réveille les instincts ?

Von Pariahs - Hidden Tensions

Théo : Ah ben carrément, c’est pour cela aussi qu’on a appelé notre album « Hidden Tensions », c’est les tensions cachées du quotidien qui doivent exploser, qui sont l’animalité de l’homme. Les êtres humains sont finalement en majorité des animaux.

  • Merci les gars. Il y a quoi en ce moment dans la bagnole sur la route ?

Sam : Tiens, voilà une découverte : « Amphetamine Ballads » de The Amazing Snakeheads, un groupe de Glasgow. C’est leur premier album signé chez Domino. Un putain d’album. Moi, je suis étonné de voir sortir ce truc-là en 2014, je trouve cela génial. C’est du gros blues rock qui tâche, tu sens la sueur, et les couilles.

The Amazing Snakeheads - Amphetamine Ballads

Théo : Il y a un espèce de mélange entre des trucs à la Birthday Party et les Cramps. Ce qui est vraiment moderne dans cet album-là, c’est la production qui est super intelligente. Il y a des choses sur cet album-là qui auraient pas pu être faites avec des groupes des années 70 qui faisaient du blues rock bien crade. C’est vraiment hyper actuel, hyper moderne et ça vient des tripes. Et on retrouve de l’animalité ! Il y a une espèce moiteur, une tension dans leur musique, cela parle de haine, d’amour, de violence ; le chanteur a une voix très rauque avec un gros accent écossais. Il accroche, c’est vraiment bien.

  • Merci alors les Von Pariahs, on va vite aller s’écouter cela ! On n’a pas le choix et vous le vendez super bien (rires) !

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Nicolas Nithart

grand voyageur au cœur de la musique depuis plus de 20 ans