Les océans sont ces éléments qui portent les mythes de liberté et de toute-puissance. Dans le creux des vagues, se dessinent parfois les yeux des cyclones et les tourbillons ivres, hantant les récits des grands voyageurs. « Maelstrom », deuxième EP de Virgule, a le caractère des tempêtes silencieuses. Grave et doux à la fois, il marque la fin de l’été et de son insouciance.
22 septembre 2016. La saison estivale se clôture. L’automne se prépare à engloutir les villes et les vies de son manteau de feuilles et de chagrin. Dans cette date qui a la saveur d’une porte que l’on ferme, d’un rideau que l’on tire, Virgule choisit de dévoiler « Maelstrom ». Six titres en français. Six titres pour faire le pont entre deux saisons. Habité par une lumière de petit matin qui tire sur l’hiver, ce nouvel EP balance entre le tragique des journées froides et la douceur de la chaleur humaine. « Maelstrom » se déploie tel un fil d’Ariane suivant les murs du labyrinthe de nos pertes et de nos résistances. Le long des six titres règne une sensation de vertige face à la banalité et à la grandeur de la vie humaine. Virgule évoque les solitudes, les silences, les amours et par-dessus tout le temps qui passe. Une vie qui file entre nos doigts à travers les actes manqués et les rencontres déterminantes.
Par sa voix épurée marchant sur le fil, Virgule offre ses textes comme on se livre dans les poésies romantiques, là où les mots se cognent à l’intime et à l’immense. Telles des dentelles pétrifiées et pétrifiantes, les textes supposent les non-dits, les encres des cœurs et les larmes qui coulent sur des peaux trop sèches. Il y a dans les chansons de Virgule ce quelque chose de cinématographique. Elle écrit les gestes et les regards. Elle écrit ce qui est impalpable. Ode à l’insaisissable. Ode à l’inévitable. Derrière les actes les plus banals, se cachent alors toute la détresse et la beauté humaines. « Cabourg » et sa solitude. « Autel du Nord » et son élan enthousiaste. Alors, c’est dans le quotidien et les plus communs des sentiments que Virgule aperçoit l’unique. Véritable disque sur l’amour, celui pour l’être cher, celui pour l’aventure, celui pour l’expérience humaine, « Maelstrom » dresse le portrait réaliste des abîmes et des fatalités. Alors les envolées et les fins s’entrechoquent et au loin le navire, avec grâce et courage, entreprend sa plongée dans les tourbillons contemporains.
De la même façon que les textes, la musique s’empare d’un voile des plus poétiques et des plus dramatiques. Création mûrie par les rencontres et les confiances, « Maelstrom » tournoie entre mille et une envie et références. Des cuivres solennels aux rythmes suaves, en passant par les airs seventies et les cieux électroniques, Virgule choisit d’accompagner ses mots d’une musique magnifiquement mise en scène. Doucement et avec bienveillance, les cordes et les sonorités enveloppent les textes et forment un corps à corps cotonneux si ce n’est vertigineux. Ainsi, « Bleu supérieur » connaît l’ascension amenée par les cuivres et des machines, là où « Nicolas » aperçoit son drame dans le piano et une batterie feutrée.
Quatre ans après « Les précieuses », Virgule offre un EP mûri et équilibré, où la fatalité humaine s’observe dans ce qu’elle a de plus triste et de plus lumineux. Sur les notes fines d’une musique aérienne et solennelle, les textes s’établissent comme de véritables poésies romantiques à la tournure contemporaine.
« Maelstrom » de Virgule est disponible depuis le 22 septembre 2016.
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