Le défi. Celui du corps, du mouvement, du dépassement des impressions et de l’imagination afin de concrétiser ce qui semble impossible. « Terre à terre » nous sort de nos léthargies et diffuse en nous une énergie hors du commun, rythmée par les battements palpitants et électrisants de Viraje.
Savoir laisser planer le doute. Exalter, sans donner d’indice, un suspense, une dépendance future à l’action qui, devant nos yeux, se prépare. Les synthés vaporisent une atmosphère soutenue, un environnement urbain laissé à l’abandon et au cœur duquel rien ne paraît devoir arriver. Choix primordial, essentiel à la place que les trois danseurs s’apprêtent à tenir devant nos yeux. Des coups discrets, électroniques, comme sortant de la brume du sommeil et de la grisaille mélancolique des nuages. Trois visages. Trois entités. Trois complémentarités dans l’extase visuelle et musicale se mettant magnifiquement en place. Au-delà de la prouesse sportive et musculaire, « Terre à terre » nous convie à renouer avec l’envie de voler loin des poids de la ville et ses architectures, mettant chacun des protagonistes au défi de se surpasser. De la surpasser.
Tout se synchronise. Les membres, les mélodies de cuivre, le chant poétique et révélateur de difficultés enfin effacées. De ralentis en panoramiques, de vertiges en plaisirs esthétiques et sensoriels, « Terre à terre » ouvre une parenthèse. Une libération existentielle autorisant ses acteurs et spectateurs à oublier, durant quatre minutes, leurs destins fatigués et amers. Viraje signe, avec l’aide précieuse du réalisateur Valentin Clarke, une œuvre artistique dont la beauté illumine les graviers et le béton, absorbant la peinture des graffitis et la mécanique des instruments dans un acte mêlant un désespoir vivace et une incessante volonté, une inspiration au-delà des limites du possible.
