[LP] Vince Lahay – Birds on the Grave

Après avoir donné de la voix au reggae français, Vince Lahay signe un retour intimiste avec un album entièrement folk, « Birds on the Grave », puisant ses influences outre-Manche. Porté par la mélancolie naturelle de Keaton Henson et de Ben Howard, le Breton fait souffler un climat doux et puissant sur son premier opus.

Loin des cours de tennis, échangeant volontiers sa raquette d’entraîneur pour une guitare le temps d’un premier album aux sonorités indie folk, le natif de Quimper, casquette sur la tête comme pour s’abriter des intempéries, se consacre à un exercice personnel et percutant de sensibilité. Vince Lahay est de ces artistes, dans la veine de son voisin Alan Corbel, qui subliment la relation au sensoriel, en toute sincérité, sans pour autant faire preuve de simplicité dans les arrangements. Sombre, sinon pensive, précise, sinon précautionneuse, l’œuvre folk du songwriter breton prend toute sa mesure au fil de l’écoute, nous absorbant doucement comme dans le creux d’un vieil arbre mort pour ne plus nous laisser repartir, tel des racines nous gardant captifs d’une histoire qui n’a pas encore poussé son dernier cri.

Il y a de la gravité dans l’air, forcément marin, de ce « Birds on the Grave » ; dans ce folk maritime croisant tempêtes et ouragans sur sa route et laissant entrevoir, au loin, de beaux horizons. À l’instar du désarmant « Father », du crépitant « Weatherman » ou du solennel « Under the Best Light », celui dont on comparerait aisément l’écriture à Fink ou Lord Huron nous réserve bien d’autres aventures, bien des choix comme le vibrant « Crosses », porté par des courants plus chauds, l’investi « Here We Are » ou le résolument apaisé « This Kind of Tomorrow ».

Évoluant ainsi entre ombre et lumière, sous les pluies chromatiques, Vince Lahay, à l’orée d’un bois encore humide au petit matin, nous convie, en cette toute fin d’année, à une escapade des sens, bucolique et libératrice, qui mobilise aussi passionnément l’imaginaire de l’enfance que des émotions plus introverties. L’heure est pourtant bien à la délivrance, comme viendra nous le souffler à l’oreille son chanteur sur « I’m Free », parmi les dernières confidences touchantes et authentiques de cet exercice solitaire, mais si bon à partager avec ceux qui comptent. « Birds on the Grave » est une très belle promesse jusque dans son clin d’œil discret au « With My Own Two Hands » du grand Ben Harper sur le magnifique « Towers ».

« Birds on the Grave » de Vince Lahay est disponible depuis le 15 décembre 2017 chez Bloody Mary Records.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques