Depuis 2012, Thibault Marchal, aux manettes du projet Vendège, nous enchante. Lui et sa poésie en patchwork d’émotions et de sons, lui et son art pour bricoler des textures minimalistes capturées dans son quotidien, lui et son talent pour composer avec la matière sonore, parfois infime, lui et son incroyable secret pour provoquer l’imaginaire de chacun d’entre nous.
Porteur d’une vision qui lui est propre, entre élans electronica et ballades indie pop, Vendège nous offre en avant-première l’écoute de son nouvel EP « Nora’s Ark », réalisé avec ses amis Doriane Ayxandri au violoncelle, Fabien Libis au violon, Quentin Vestur à la harpe et Emmanuel Emmo aux chœurs.
On retrouve, comme à son habitude dans ses compositions, de très nombreux instruments ; les fameux glockenspiels et xylophones, mais on pourra entendre, ça et là, le piano de son grand-père, du kalimba et du sanzula (sortes de piano de poche au son métallique et cristallin), le bruit du parquet de son appartement, des instruments à cordes divers, des percussions africaines, ainsi que les sons électroniques produits par son clavier OP-1 suédois ainsi que son sampler Octatrack. Vendège est d’abord l’affaire d’un passionné.
Comme Thibault nous le confie, il s’agit de sa parenthèse la plus douce avant la sortie de « N.O.U.R.S », son EP le plus ambitieux, qu’il peaufine secrètement depuis 2013 et qu’il nous tarde plus que jamais d’entre. En effet, qui mieux que son auteur peut raconter l’histoire de cet EP. La parole est à Thibault Marchal.
« Composé et enregistré en décembre 2014, « Nora’s Ark » devait initialement sortir pour Noël. Il est le résultat des frustrations du long travail sur un autre EP nomme « N.O.U.R.S.« , beaucoup plus pop et rythmique, que je travaille depuis 2013. Ce long EP (8 titres) est terminé mais sa sortie a sans cesse été repoussée depuis. J’ai donc enregistré « Nora’s Ark », qui se veut à l’opposé de « N.O.U.R.S ». C’est un disque plus calme, introverti et ambiant.
Nora est le point de départ de ces 6 titres. Il s’agit de la fille d’une amie qui vient de naître dans les montagnes suisses.
Le premier titre « Straw, Berries », part d’un enregistrement. Il y avait cet homme asiatique qui jouait de l’erhu avec son archer, dans le métro parisien. C’était incroyable et magnifique. Il a improvisé une ligne que j’ai pu enregistrer et qui est dans le morceau. À une dizaine de mètres de lui, il y avait un homme qui vendait des fraises en criant et il s’est accordé naturellement au musicien. Son « Deux euros les trois ! » était dans la bonne tonalité. C’est de là que tout part.
Le deuxième morceau « God’s Shiver », parle d’un créateur qui voit ses œuvres lui échapper et qui est pris d’un frisson, d’un doute. Je suis parti enregistrer une chorale d’enfants dans une cathédrale. Ce sont eux qu’on entend tout le long du morceau. Ils sont l’identité de ce titre.
Pour le troisième « Nora’s Ark », qui est la célébration d’une naissance, j’ai invité un ami harpiste, Quentin Vestur. On a glissé du papier entre ses cordes pour les faire vibrer différemment. Ce genre d’expérimentations nourrit ma musique tout le temps.
« Nora’s Ark » (comme titre d’EP) fait référence à la tonalité assez mystique de l’ensemble, avec des morceaux comme « God’s Shiver ». L’arche fait également référence à l’ours orange (« Did not you see the orange bear?« ), dernier de son espèce dont je parle dans « Memories of the Orange Days », comme un mythe un peu oublié.
Le morceau « Seb Song », lui, est dédié à un ami musicien, et a été composé pour son mariage. J’ai composé ce morceau la veille de la cérémonie, et je ne lui ai finalement jamais joué. Il est sur cet EP pour lui. »
Après une année assez chargée côté concerts, Vendège s’octroie un break bien mérité pour revenir à la rentrée avec l’EP « N.O.U.R.S. » ; 8 titres beaucoup plus pop, rythmiques et amples, accompagné d’une tournée pour défendre les compositions sur scène.
« Nora’s Ark » de Vendège, sortie le 20 juillet 2015.
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