Rencontre avec VedeTT

Samedi dernier, je rencontrais le trio angevin VedeTT suite à un échange avec son chanteur Nerlov lors d’une soirée au Chabada. Souhaitant en connaitre davantage sur ce projet mélangeant avec talent l’électro, la pop dansante et l’indie rock, c’est chez son guitariste, Nicolas, que le groupe m’a donné rendez-vous pour une interview en toute décontraction.

  • Salut Vedett. Tout d’abord, comment allez-vous en ce samedi pluvieux ?

VedeTT : Salut Fréd, écoute, c’est un peu triste ce temps, surtout que ça fait quelques semaines que ça dure.

  • Est-ce qu’on peut faire un tour des prénoms ? Qui fait quoi ?

Nerlov : Salut c’est Nerlov, je fais la basse et le chant, et je m’occupe des compositions et arrangements. Tout ça.

Laurent : Moi, c’est Laurent. Je compose sur ordinateur toutes les séquences.

Nicolas : Et Nico… Moi, je suis arrivé il y a un an et je m’occupe de toutes les guitares.

  • Donc, guitare, basse, chant et ambiances-machines.
    Peut-on présenter votre musique comme de l’indie pop ? De l’électronique ? Vous n’aimez pas les cases peut-être ?

Nerlov : Non, ce n’est pas ça. Pour ma part, je pense que je viens assez de là. Je suis resté assez longtemps à jouer ce genre ce genre de son. J’apporte quelques influences personnelles donc, mais je ne pense pas qu’on puisse présenter totalement VedeTT comme de l’indie pop.

  • Le projet est né de deux membres ?

Laurent : Oui, c’est ça.

  • Comment tout a démarré ? C’est parti de quelles envies ?

Nerlov : À la base, le groupe s’appelait Gattaca. C’était un projet très planant, très cool. VedeTT vient de là, mais à l’époque, il s’agissait d’un projet exclusivement confiné dans notre studio.
Puis après, emmené par Laurent d’ailleurs, on est parti sur un côté plus électro. C’était aussi dans l’air du temps. On écoutait beaucoup Digitalism, Ratatat, ce genre de groupes.
La transition a eu lieu sur le titre Erotic, qui est un morceau électro assez planant, puis on est passé par des trucs un peu plus violents avant de jouer de l’électro un peu plus dancefloor avec toujours cette envie de base de faire des trucs avec des musiciens.

Ça nous a amenés à faire quelques dates à deux sous VedeTT. Et puis on a commencé à vouloir ajouter des guitares au projet alors il nous a fallu trouver un guitariste.
C’est là qu’on a alors commencé à faire pas mal de compositions à trois et à répéter.

  • Ça devrait rester une formule à trois, ou ça risque de changer ?

Laurent : Y’a rien de figé. Pour l’instant, c’est un trio. Peut-être qu’un jour on sera huit sur scène.
On a aujourd’hui Simon des Lemon Queen qui bosse avec nous pour les concerts puisqu’on a des dates qui tombent. On trouvait ça plus chouette de mettre un batteur sur scène que des machines. Ça donne un côté plus vivant au truc.
Simon, c’est un pote à la base et ça se passe super bien. Et puis, il joue bien quoi.

  • Et vous étiez tous potes avant de démarrer le projet ?

Nicolas (à Nerlov et Laurent) : On s’est rencontré en soirée non ?

Laurent : Avec Nerlov, on est potes depuis le lycée. On avait des potes en commun.

Nerlov : Ça s’est passé comme ça « Tiens Nico, ça te dirait de venir enregistrer des guitares ? ».

Nicolas : Oui, je m’en souviens, c’était à l’Abbaye.

Nerlov : Je ne suis pas guitariste et je voulais vraiment enregistrer de bonnes guitares. Nico était avec Lucid Ann et c’était un peu sur la fin. Et du coup, il nous a rejoints et c’est devenu un trio.

  • On peut parler d’une réunion d’Angevins. Vous êtes tous du coin ?

Nicolas : Oui, totalement.

  • Vous travaillez avec le label, angevin lui aussi, Tobogan Records. C’est également un collectif non ?

Nicolas : À la base, c’est un vrai label. Aujourd’hui, on peut, en effet, plus parler d’un collectif de producteurs. Comme on est entre potes, on essaye de s’entraider et de se filer des plans.

  • Qu’est-ce qu’ils vous apportent ? Qu’est-ce que vous leur apportez également ?

Laurent : On s’apporte déjà tous un soutien. On les a rencontrés quand on faisait de l’électro, lors de soirées dans les bars. Maintenant, on est un peu le groupe pop du label, car les autres font plutôt de l’électro comme Funkadhesive ou du dubstep comme Piktogram.

  • Et si on parlait des morceaux ? J’ai remarqué qu’à chaque fois que vous dévoilez un titre, il s’accompagne d’un clip. C’est une manière de mettre en avant vos morceaux ?

Nicolas : Il y a ça et aussi on voulait, d’un point de vue artistique, avoir de belles images à associer à notre musique. On a aussi fait le constat que les écoutes se font surtout via YouTube. C’est d’ailleurs bien pour cette raison qu’on a voulu faire des clips.
Ensuite, c’est hyper intéressant, tu vois, de tourner un clip et de voir comment l’équipe fonctionne.

Nerlov : Il y a plusieurs choses. C’est aussi une histoire de rencontres. Les clips, on les a faits avec des gens qu’on connait bien et qui nous ont ouvert leurs propres connaissances, leurs propres réseaux. On a eu beaucoup de chance de ce point de vue.

Laurent : Oui, et on ne peut pas mettre de côté l’aspect artistique. Comme on n’a pas encore fait de concerts sous cette formule-là, on essaye aussi de sortir de la vidéo musicale pour commencer aussi à préparer le terrain. Pour que les gens aient envie de parler de nous.
Une anecdote ; un autre jour, j’avais un collègue qui me disait « Eh, tu sais qu’il y a un autre groupe qui s’appelle VedeTT ? ». En fait, il croyait que c’était un autre groupe, mais c’était le projet avant qu’il prenne cette forme actuelle. Le style était complètement différent.
C’était important, même pour nous, de préparer le terrain avec des vidéos. C’est carrément cool de faire ça et de travailler avec des gens qui, avec peu de budgets, obtiennent des résultats très propres. C’est certainement des personnes avec qui on va sûrement rebosser.
On se fait un tissu de contact, un réseau de cette manière pour essayer de faire bosser tout le monde.

Nerlov : Le dernier clip qu’on a fait, Nothing Else, a été réalisé par un sociologue qui ne fait que des documentaires. C’est la première fois qu’il faisait un clip pour un groupe.
Et du coup, lui aussi, il a accroché et il envisage, pourquoi pas, de continuer dans ce domaine-là.

Nicolas : Oui, c’est le fruit de rencontres artistiques avec des réalisateurs, des monteurs et des artistes. Ça demande du courage et puis ceux qui nous suivent sont contents de constater qu’on poste régulièrement de l’actualité concernant notre projet avec des vidéos notamment.

  • Pour faire un lien avec le concert d’hier (vendredi 19 octobre), le groupe anglais Breton a projeté des vidéos derrière lui. Est-ce que ça ne serait pas une idée à prendre ?

Nicolas : Peut-être, mais pas sous cette forme-là.

Nerlov : C’est vrai qu’on ne l’a pas trop évoqué. Moi, j’aimerais bien en tout cas qu’il y ait un travail comme ça derrière.

Laurent : C’était mortel en tout cas, les vidéos derrière étaient vraiment belles.

Nicolas : Après, je ne suis pas forcément fan des vidéos derrière, car tu scotches vachement l’image et tu oublies presque la musique.

Nerlov : C’est une parade aussi…

Nicolas : … Ouais, je sais que c’est une parade, mais eux quand même !

Laurent : Vu qu’ils n’ont pas un super jeu de scène, je crois qu’ils en avaient besoin. C’est un peu comme les gars de Pink Floyd qui étaient tellement statiques sur scène qu’ils foutaient des putains de lumière comme ça tout le monde s’en prenait plein la gueule.
Mais après si on devait le faire, ça serait plus d’une manière détournée.

Nerlov : Un peu comme Radiohead et ses 18 écrans sur scène. Tant qu’à faire (rire).
Et puis, ce ne sont pas de gros écrans qui seraient au final impersonnels, mais là davantage une multitude d’écrans ce qui donne un côté hyper artistique à la vidéo, et dont 12 de ces 18-là bougent en plus.

  • On va revenir sur les clips. Il me semble que le dernier se passe à Angers ; on reconnait notamment le toit du Quai. Est-ce un moyen de mettre en avant la ville d’Angers ou par souci de praticité ?

Nicolas : Les deux. On n’avait plus d’essence, on ne pouvait plus bouger à Segré donc on s’est dit, on va le faire à Angers.
« Nothing Else » a été réalisé par le Nantais David Gamet, très naturellement qui nous a laissés très libre.

  • J’ai remarqué une chose. Il y a pas mal de crosses et d’animaux empaillés dans vos clips. D’où vient cette passion ?

Nicolas : On commence par quoi ? La tête de biche ? (rire)

Nerlov : C’est juste qu’à Paris, pour le tournage du premier clip « Armoire », il y avait cette tête de biche dans le salon. On a pris des photos avec et on trouvait ça mortel. On s’est dit qu’il faudrait peut-être essayer de travailler là-dessus parce qu’en ce moment, il y a tous les symboles avec des triangles. C’est un phénomène d’actualité chez les groupes.

Laurent : C’est ptêt pas très sympa pour nos potes de chez Lemon Queen. (rire)

Nerlov : Non, haha. OK, on va ne pas citer le triangle. On va juste dire la mode est aux symboles que les groupes ont en commun. On trouvait ça chouette visuellement et y’avait un truc à faire avec.

  • Pourquoi ne pas se prendre en photo et s’insérer dessus par exemple non ?

Nerlov : C’est marrant ça, j’y avais pensé à cette idée d’avoir nos têtes en trophée.

Laurent : Pour le chevreuil ou la biche, on trouve ça vraiment esthétique même si c’est triste, c’est malheureux. Ça existe, mais pour autant, on ne défend pas la chasse…

  • …Ni PETA ?

Laurent : Pas pour l’instant en tout cas. Ni Pêche, chasse et nature (rire). C’est juste pour l’esthétique.

Nicolas : Oui, ça nous a bien plu, c’est surtout une coïncidence.

Laurent : Tu vois, maintenant, y’a des potes qui nous taguent sur Facebook quand ils trouvent des images de trophée de biches, et au final, c’est plutôt rigolo. C’est une forme de symbolique qui n’est pas encore beaucoup utilisée, alors pourquoi pas ne pas essayer de se l’approprier un peu plus !

  • En parlant de ça (rire). Il y a un groupe nantais qui s’appelle Astoria Dogs qui lui utilise aussi une photo similaire avec un trophée d’animal derrière.

Laurent : Ouais, je l’ai vu cette photo. Je me suis dit « merde » ! (rire)

Nicolas : Oui, on s’en doutait bien. Ce n’est pas non plus le truc le plus original.

  • Et sinon, pour les crosses et les battes ?

Nerlov : On aime bien associer un côté décalé à notre musique qui est plutôt pop, planante, à la cool. Et n’empêche qu’on pense que tout n’est pas rose, car on aime bien la violence aussi.
En résumé, on trouve ça à la fois décalé et esthétique.

Laurent : Sur le tournage du clip, Nerlov donnait des coups de batte partout. Il cassait tout avec, il avait besoin de se défouler. (rire).

Nerlov : On dirait pas comme ça, mais je viens du milieu du hardcore où il y a pas mal ce genre d’ambiances.

  • Vous sortez régulièrement de nouveaux singles. Aujourd’hui, combien de titres avez-vous d’enregistrés ? Combien sont prêts pour un EP ou un album ?

Laurent : Des morceaux mixés et masterisés, on en a plus que nécessaires pour un EP ; on en a six.

Nerlov : On en aura même huit dans peu de temps.

Nicolas : Et avec deux morceaux de plus, on pourrait envisager un album. Mais on ne prévoit pas ça pour le moment. Là, clairement, l’idée c’est un morceau égal un clip. On était parti sur le principe de publier quatre morceaux et d’en ajouter un inédit sur le disque. Et c’est ce qui va se passer, car là on a un EP non distribué, promotionnel, qui sera destiné à la vente à la fin des concerts.
D’ailleurs Laurent avait proposé que tu joignes à ton interview ce morceau !

Nerlov : Ce titre dont on te parle, c’est « Manoir » qui sera la quatrième piste dévoilée en plus d’un cinquième inédit sur le disque.

  • Avec plaisir, ça fera une bonne exclusivité ! Aussi bien que les autres j’espère ? (rire)

VedeTT : Différent (rire)

  • Pour le moment, c’est difficile pour vous de dire « on fait un album » ?

Nerlov : C’est compliqué pour nous de sortir un EP déjà.

Nicolas : On n’a pas un rond (rire), car pour l’instant, on ne se finance pas sur les dates. On sort tout de notre poche, comme tu le sais, des clips au mastering. Ça coûte vite cher.
Après, dans la stratégie qu’on a, on s’est dit que pour faire parler de nous et sortir du lot, il fallait réaliser des clips. Et au terme de ces sorties-là, on va pouvoir proposer un premier objet qui sera entre autres écoutable sur internet, et disponible sur les plateformes de téléchargement.
Pour ce qui est de la question de l’album, justement, si on sort ce maxi-là, c’est aussi pour déboucher sur des contacts plus importants ; avec des labels ou des distributeurs qui pourront nous aider dès qu’on aura quelque chose de concret  à leur présenter.

  • Vous prenez le temps de faire bien les choses et de vous créer des contacts…

Nicolas : Oui, c’est ça, car si on sortait un album aujourd’hui, ça n’aurait pas beaucoup de chance d’aboutir. Tout simplement, on n’a pas aujourd’hui le réseau nécessaire pour produire un disque.
Quand on nous proposera de sortir un album, alors on le fera, car l’idée c’est surtout de ne pas mettre trop de billes dans un disque qui risque de tomber aux oubliettes.
On préfère clairement sortir régulièrement un morceau associé à un clip.

  • Ça marque, en effet, plus les esprits. J’ai identifié le premier clip « Armoire » à cette histoire de trophée de chasse et cette discussion houleuse entre deux retraités, « Marry Me » au thème du mariage, et le dernier en date « Nothing Else » au thème des marcheurs.

Nicolas : Des marcheurs rêveurs même. On s’est dit qu’on allait éviter de faire quelque chose de statique. David, le réalisateur, avait pour idée de nous filmer en train de déambuler, sans avoir vraiment callé un scénario précis. On a vraiment profité de certaines rencontres avec des gens dans la rue pour leur proposer de figurer sur notre clip.

Laurent : Il y avait une trame et on s’est promené avec une caméra assez librement.

Nicolas : La danseuse, au début du clip, c’est mon amie, et comme elle fait de la danse contemporaine ; on lui a proposé d’accompagner cette marche par une idée de mouvement à travers la danse. Ça donne aussi un peu de rythme au clip.

Nerlov : On a aussi prévu de sortir à l’avenir un très très gros clip avec de la danse contemporaine, car ça nous tient vraiment à cœur.
Dans Nothing Else, c’est un aperçu, un clin d’œil à la danse contemporaine qu’on retrouvera en effet dans notre univers.

Nicolas : On trouve ça esthétique cette dimension autour de la danse contemporaine. Moi je la côtoie tous les jours, et Nerlov s’est aussi mis à la danse contemporaine. Et puis visuellement, c’est chouette.

  • D’ailleurs, on te voit un peu danser (à Nerlov) sur Nothing Else, le dernier clip (rire).

Nerlov : Oui (haha)

  • On va aborder les dates de concerts. Vous n’avez pour l’instant pas encore joué à trois. Vous avez à l’inverse en duo joué deux dates au Chabada. Ça s’était bien passé ? Le public avait été réceptif ?

Laurent : Oui, c’était mortel. C’était genre notre troisième concert, et pour moi, le troisième concert de toute ma vie ! (rire). C’était assez étonnant de se retrouver au Chab.

  • Dans la grande salle en plus ?

Laurent : Ouais, on avait fait la première partie des Pony Pony Run Run. On a eu cette chance-là de jouer devant un Chabada plein.

  • La salle était-elle remplie ?

Laurent : Chose étonnante pour une première partie oui ! On s’attendait à retrouver la moitié de la salle, mais pour ce concert-là, finalement, il y avait des gamines qui attendaient depuis onze heures du matin pour ce concert parce que c’était les Pony.

  • Après ça sera pour vous ! (rire)

Laurent : On n’espère pas, enfin on n’espère pas trouver le même public adolescent à nos concerts, car on n’a clairement pas la prétention de faire de la musique pour ados.

Nerlov : Pour revenir aux Pony, c’est super bien ce qui leur est arrivé, mais ça fait aussi un peu peur. Le public adolescent est certes un super public ; on l’a vu en concert, il est motivé, réactif et sympa, mais c’est aussi un public qui est rarement fidèle, et qui ne va plus forcément te suivre dès que tu n’es plus diffusé en radio. On voit bien ce qui s’est passé avec les Pony, il y a eu une chute sur le deuxième album qui a été peu passé en radio et les ados n’ont pas suivi. Du coup, les concerts se sont bien vidés entre les deux disques.
Nous, à l’inverse, on ne vise pas ce genre de carrière, car on a clairement envie d’aller moins vite, mais de chercher une certaine stabilité dans notre évolution.
Pour moi, une carrière exemplaire avec VedeTT, ça serait une carrière comme Radiohead (rire de Laurent et Nicolas).
Ils sont restés hyper intègres en 20 ans d’existence. Ils font ce qu’ils veulent, en concert, ils ne vont pas forcément jouer Creep ou Karma Police… Ils font un peu de tout. C’est hyper indépendant en fait et c’est hyper moderne en plus.

Nicolas : Il est fan de Radiohead (rire).

Nerlov : J’aime vraiment la démarche de ce groupe qui a su évoluer, se remettre en question, prendre des risques, tout en restant humble et très généreux sur scène. C’est vraiment la classe je trouve quand la musique s’accompagne de cet état d’esprit. Il faut prendre exemple sur ce genre de pair.

  • C’est bien dit.
    Vous êtes demi-finalistes du tremplin Ampli 2012 organisé par Ouest France. Qu’est-ce qui selon vous vous a permis de parvenir jusqu’à cette demi-finale ? Qu’est-ce qui a joué en votre faveur ?

Nicolas : Je ne crois pas qu’on se soit mis en avant vis-à-vis des autres candidats. Il y avait juste ce concours-là et comme bon nombre de groupes aujourd’hui, on essaye de tirer toutes les ficelles possibles pour mettre un coup d’éclairage sur notre projet.
On l’a saisi avec ce tremplin en s’inscrivant juste dessus dans un premier temps sans envisager d’être sélectionnés, car il y a eu 700 inscrits.
Pour notre part, on a eu beaucoup d’écoutes et le jury s’est mis d’accord pour que nous fassions partie des vingt groupes sélectionnés.
C’est chouette, mais c’est là encore soumis à un vote, pour arriver à une finale entre six groupes afin d’élire un gagnant. On n’a pas encore vu la fin.

  • C’est encore long, mais ça doit sûrement vous motiver de savoir que l’année dernière, le gagnant était angevin vu qu’il s’agissait de The Dancers ?

Nicolas : Justement, on se posait cette question « est-ce qu’ils oseront faire gagner à nouveau un groupe angevin cette année ? ». Et il y a les Lemon Queen aussi.

  • Vous êtes les deux seuls groupes angevins sélectionnés, il me semble.

Nerlov : Malheureusement, oui, on a envie de dire, car on est tous assez déçus et surtout surpris, que [Georges] Guelters ne soit pas sélectionné.
Il faut quand même se dire que ça n’est pas une fin en soi ce genre de concours et que ça reste hyper aléatoire. Comment choisir 20 groupes parmi 700 groupes au départ ne pourrait pas être arbitraire, car tu écoutes une minute de chaque groupe déjà, ça fait 700 minutes ! Ça reste un concours sur internet donc il ne faut pas non plus y accorder trop d’importance.

Nicolas : Maintenant, voilà, on a été sélectionnés, le défi, ça reste clairement de faire partie des six finalistes tant qu’à faire…

  • Et même de gagner…

Nicolas : Oui, carrément, ça serait cool ! (rire)

  • On va en venir à la question que tous les gens se posent ; celle du nom VedeTT. Pourquoi avoir choisi VedeTT, pourquoi avoir mis deux grands T à la fin. Est-ce qu’on peut comprendre ça comme un hommage passionné à l’Audi TT (rire) ?

VedeTT : Hahaha.

Nerlov : On l’avoue, on partage deux passions dans la vie, Radiohead et les Audi. Non, non, VedeTT c’est venu en buvant une bière belge du même nom.

  • Et moi qui n’avais même pas pensé à celle-là ! J’avais même noté la Smica Vedette et la Ford Vedette.

Nicolas : Sans oublier les machines à laver ! Mais pour le coup, c’était bien la bière.

Laurent : Surtout, on cherchait quelque chose qui accrochait visuellement.

  • Il n’y a pas aussi une ambition : « devenir des vedettes » ?

Laurent : Non, justement, on défend ce côté décalé au même titre que la batte de base-ball. C’est vraiment un point d’honneur dans le groupe de ne pas se prendre au sérieux. De toute façon, je crois que ça se voit.

  • Oui, totalement. Vous n’avez pas la grosse tête.

VedeTT : (rire collectif)

Nerlov : Ça serait mal venu, d’ailleurs c’est mal venu, qui que tu sois.

Nicolas : On est plus dans cette démarche pour le coup de créer une unité avec d’autres groupes, de s’entraider.

  • C’est ce qu’on voit de par votre collaboration avec le batteur des Lemon Queen.

Nicolas : Ce sont des potes avant tout. On s’est rendu compte qu’il y a parfois des clivages qui naissent quand certains groupes quand ils sont mis en lumière.
On reste clairement dans cette autre optique avec eux, celle du partage et de l’échange.

  • L’union fait la force !

Nicolas : Totalement, et puis c’est important de s’ouvrir. De toute façon, tu vois bien à Angers, tous les zicos se connaissent et ça serait vraiment dommage qu’une mauvaise ambiance se répande.

  • Faut pas se tirer dans les pattes !

VedeTT : Ça sert à rien !

Nicolas : Faire des clans, ça te dessert. D’une, ça n’a pas de sens et de deux, ça ne fait avancer personne. Et nous justement, on est pour les collaborations, les rencontres que ce soit pour les vidéos, le mastering… Il y a toujours des liens qui se font et qui passent par l’ouverture.

Nerlov : Angers, ça reste une ville à taille humaine et on a la chance d’avoir un super fief, un beau terreau local.

Nicolas : Et puis, on n’oublie pas qu’il est important de jouer aussi ailleurs, en prenant bien conscience que si tu veux réussir, il faut passer les frontières. Il n’y a pas eu de groupes qui ont réussi à vivre de l’intermittence à ma connaissance, en tout cas sur Angers. À part, peut-être, pour un groupe qui ferait 50 dates au Chabada à l’année (rire).

  • Si vous deviez me donner cinq albums ou groupes, hormis Radiohead (pour Nerlov), qui vous ont chacun motivés à faire de la musique…

Nicolas : Je dirais les Suuns, l’album qu’ils ont sorti il y a un an et demi Zeroes, c’est juste la grosse calotte. Beach House, le dernier « Bloom » est aussi très très bien. Après il y a Mogwai dont je suis ultra fan depuis très longtemps, ainsi que les premiers Dub Trio ; les trois premiers sont énormes. Et The Jesus Lizard pour finir sur un côté un peu sauvage, j’adore !

Laurent : Pour moi, il y a déjà Londinium d’Archive qui est leur premier album. Il est très important pour moi. Tout comme Drukqs d’Aphex Twin, qui pour le coup n’a rien à voir avec ce qu’on peut faire nous. Je vais revenir sur Radiohead, car je n’ai pas le choix. Avec Nerlov, c’est notre référence !
En fait, quand on s’est rencontré, moi je faisais de l’électro ambiant et lui faisait du hardcore. Le seul groupe sur lequel on est parvenu à se rejoindre, c’était sur Radiohead…

Nerlov : …et Archive aussi que tu m’as fait découvrir.

Laurent : Il y a aussi Moderat que j’adore. Et puis je m’arrêterais là, il y en a trop !

Nerlov : Et moi, des albums qui m’ont marqué, y’a Neil Young avec Harvest qui arrive direct en pole position, pour ne pas citer Radiohead comme tu m’as demandé (rire). Harvest, c’est un album qui m’a fait aimer la musique, avec des compositions de fou et des ambiances terribles.
Deftones aussi, quand j’étais ado. Il y a ce côté plus dur, ce mélange de violence et ce côté ultra planant, ultra mélodieux, ultra senti. Ça, c’était vraiment une super époque.

Laurent : Il faut que j’ajoute WhoMadeWho avec l’album Knee Deep.

Nerlov : Pour moi, The Strokes, j’en suis un gros gros fan. Et tous les albums ! Je trouve que c’est vraiment l’un des meilleurs groupes de rock de ces vingt dernières années. Je ne connais pas tout, loin de là, mais je trouve que sur leurs cinq albums, il n’y a pas un seul morceau à jeter. Bien sûr, il y en a qui sont meilleurs que d’autres, mais pour ma part, ce sont tous de très très bons titres alors chapeau bas. Pas au même niveau que Radiohead quand même hein.
Et pour moi également, The Black Keys avec l’album Attack & Release. Je suis très sensible aux ambiances et c’est d’ailleurs pour ça que Neil Young, ça me parle. David Bowie aussi…

Laurent : Ah ouais, merde ! (rire)

  • Après, vous avez le droit de partager vos influences. (rire)

Laurent : Ouais, et puis les Suuns que Nico m’a fait découvrir. Ca été une grosse claque. Les Foals, super.

Nerlov : Ah oui, les Foals (rire). Il y a énormément de choses.

Laurent : Empire of the Sun aussi. Tu fous ça en soirée, t’as même pas besoin de mettre stop. Ça tourne tout seul.

  • À quoi destinez-vous VedeTT aujourd’hui ?

Nerlov : À la scène tout d’abord, car si tu veux vivre d’un projet à notre époque, il faut d’abord passer par là. Et ce qu’on disait, c’est qu’on préfère limite faire moins de concerts, mais dans de meilleures conditions afin de bien travailler sur les lumières et sur les sons. Et choisir les bonnes personnes pour bosser avec nous.
Il y a la scène, mais il y a également ce rapport avec la vidéo, avec des déclinaisons autour de la musique. En résumé, on aime travailler avec tous les arts.
Aussi, on aimerait bien, sans dévoiler quoi que ce soit – car il n’y a rien de fait en ce sens – travailler à l’avenir avec d’autres groupes, et enregistrer des morceaux en commun.

  • L’idée d’un split EP qui serait produit moitié, par exemple, par The Lemon Queen et moitié par VedeTT, ça pourrait être un truc tentant ?

Nerlov : Oui, totalement. C’est un truc qui s’est plutôt fait dans les réseaux dits undergrounds, qui n’ont pas un rond et sans voir ça uniquement dans l’optique de diviser les frais par deux, il s’agit d’une collaboration artistique.

Laurent : Et puis, on parle souvent d’une scène angevine. C’est important, je pense, de la mettre en valeur et qu’on fasse tout pour qu’on continue à en parler.

  • Surtout que cette scène est belle !

Laurent : Bah ouais, à plein d’époques et si ça peut faire un petit coup de spot sur Angers, oui ! Et on voit d’ailleurs régulièrement dans les magazines « un groupe qui vient encore d’Angers ».
Et tient, j’y pense, on n’a pas de lighteux.

  • Vous voulez faire un appel à candidature ?

Nerlov : Ouais, ouais, pourquoi pas ! S’il y a des lighteux, des techniciens qui veulent nous rejoindre, on est prêts à les accueillir. On dit souvent que les techniciens, c’est le prolongement d’un groupe.

Nicolas : Et idem, s’il y a des musiciens qui veulent collaborer avec nous sur un morceau, ça sera avec plaisir. Moi j’aimerais faire enregistrer un morceau avec un violoncelliste.

Nerlov : Et un featuring avec Thom Yorke, c’est quand il veut, il est le bienvenu et il le sait (rire).

  • Merci les gars, vraiment.

VedeTT : Merci à toi Fréd.

Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques