Une douce poésie s’évade des étirements synthétiques lancinants du nouvel EP du duo français UTO. Malgré leur jeunesse, la maîtrise instrumentale d’Émile et Neysa alimente déjà un univers musical complet, aussi élégant que séduisant. Porté par la voix mutine et malicieuse de sa chanteuse, chaque morceau induit un scénario mental différent, en jouant avec les espaces sonores, du très resserré au subitement immense.
Dans la sphère de la pop électronique actuelle, la production est juste faramineuse et pléthorique. Dans le flux, les sorties s’enchainent, se remplacent et s’interchangent sans discontinuer. Exister est déjà un exploit. Susciter l’intérêt devient quasiment un miracle. Si des tracks comme «22 » ou « Synthesise » sont finalement assez classiques, ils nous permettent de nous installer tranquillement au cœur de rythmes langoureux et cotonneux tels que pouvait en composer Émilie Simon à ses débuts.
Le trip-hop semble être le terme facilitant (mais réducteur) pour qualifier le style de UTO : c’est lorsque que nous sentons justement le souffle brumeux de Tricky (mais qui produirait un morceau de The Knife) sur le très (trop) court « More » que l’affaire commence à prendre une tournure plus qu’intéressante. Nos deux complices cultivent vraisemblablement une véritable curiosité dans leurs écoutes respectives qui, à défaut d’entretenir une certaine homogénéité, induit des escales prometteuses à proximité de Chet Faker (« Strange Song ») et d’After Marianne (« Untitled#1 »). « Black » est certainement le titre le plus abouti de cet EP, il présage de toute évidence du futur de UTO.
« The Night’s Due » de UTO est sorti le 8 mars 2019 chez Pain Surprises.
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