Une leçon d’éclectisme aux Trois Baudets

Comme on s’y attendait, la programmation des Trois Baudets, dans le cadre de cette première soirée de concerts du MaMA fût très riche. Il y avait ce soir-là, le jeune anglais, George Barnett révélé mondialement par sa reprise de « Get Lucky », l’élégante chanteuse française, Amandine Maissiat venue présenter son premier album « Tropiques » et la séduisante Américaine Emily Jane White venue vampiriser la salle avec son folk glacial à l’occasion de la sortie de son 4e album « Blood/Lines ». Trois regards sur la musique, trois univers, trois destinations, c’est ce que nous ont offert George, Amandine, Emily Jane et leurs musiciens durant près de trois heures.

crédit : Solène Patron
crédit : Solène Patron

Si on connait encore très peu le jeune anglais de 19 ans, George Barnett, auteur pourtant d’un premier album « 17 Days », le multiinstrumentiste d’Herefordshire, accompagné de trois musiciens pas plus âgés, a prouvé son indéniable talent à faire vivre des pop songs vitaminées et habitées sur la scène des Trois Baudets.
Le grand garçon, fin et élancé, déploiera une énergie sans borne, sans économie avec une assurance impressionnante. On le verra passer du clavier au piano. Puis prendre le micro sur les devants de scène pour chanter au plus près des spectateurs installés aux premiers rangs.

crédit : Solène Patron et Fréd Lombard

On n’a clairement pas vu notre temps passer sur ce premier concert conclu sur l’hymne de stade « Light A Fire », rappelant par sa fougue, un certain « We Will Rock You ».
Plus d’une minute d’applaudissements discontinus viendra saluer ce concert efficace, à l’appréciation unanime. Une sacrée révélation sur scène, bien plus que sur son premier disque ne bénéficiant que de quelques titres véritablement entrainants.

Changement de plateau et Maissiat prend possession des lieux. Elle nous annonce que nous n’allons pas voir le temps passer si on se laisse emporter par son projet. On se laisse convaincre.
Accompagnée de trois musiciens, dont la talentueuse Katel, aux chœurs et à la guitare, le quatuor nous offrira un moment apaisé, porté par de belles mélodies et des textes sensibles.

crédit : Solène Patron et Fréd Lombard

On se laissera transporter par les notes de piano jouées par Maissiat tout en pensant parfois à Zazie parfois à Françoise Hardy, parfois à Bashung. Des titres raffinés qui dessinent au fil des minutes l’élégance du projet en concert, avec une sincérité qui fait mouche.
On ressentira également cette modernité de textes, cette féminité presque sauvage, presque féline, qui, sous les tropiques ombragés, viennent nous toucher, avec sensibilité.
Peut-être pas transportés par l’univers de la chanteuse, mais touchés par l’authenticité de Maissiat, oui, certainement.

Enfin, la belle brune Emily Jane White vêtue de sa longue robe noire, à la guitare ou au piano, et accompagnée de Shawn Alpay, au violoncelle et au clavier, clôturera avec émotion cette première soirée de concert.
Avec une complicité et une bienveillance mutuelle, qui ne feront aucun doute, le duo tirera sur les cordes de la sensibilité en nous jouant des ballades folk hivernales sublimes.
Les cheveux d’Emily Jane White portés par le vent lorsqu’elle s’installe au piano, le chant en réverbération, et les ampoules installées au-dessus de la scène devenues un mur étoilé nous feront partir dans un ailleurs immédiat.

crédit : Solène Patron et Fréd Lombard

On sera fasciné par la voix envoûtante de l’Américaine capable de nous emmener dans nos rêves le temps de quelques minutes, le temps d’abandonner nos yeux clos à l’imaginaire.
Emily Jane White porte tellement bien son nom tant c’est un univers blanc et glacé qui se dessinera pendant près d’une heure. La salle des Trois Baudets et ses fauteuils rouges auront laissé place à une cathédrale de glace imposante.

Si le choix des Trois Baudets s’est révélé judicieux pour vivre cette première soirée de concert du MaMA, c’est d’abord parce que l’éclectisme de la programmation, qui aurait pu troubler plus d’un spectateur, a été défendu avec passion et talent. Un agréable moment à la croisée des genres, une belle évasion au cœur des musiques actuelles.

georgebarnett.co.uk
facebook.com/georgebarnett.uk
maissiat.com
facebook.com/Maissiatofficial
emilyjanewhite.com
facebook.com/emilyjanewhiteofficial

Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques