[Live] Tindersticks au Printemps de Bourges

Il est des lieux détournés qui s’imposent finalement comme des évidences. La majestueuse cathédrale Saint-Étienne datant du XIIIe siècle a certainement été pensée pour accueillir des oraisons musicales, distillées par de grandes orgues, mais aussi des odes à la vie comme celles susurrées presque timidement par Stuart Staples et ses Tindersticks.

Tindersticks © Nicolas Nithart

L’instant qui allait s’avérer être de grâce s’est vite arraché à la billetterie du festival et se sont 800 privilégiés qui ont ce 25 avril grossi les rangs froids et grinçants de ce lieu imposant de respect et de réflexion.
Avec un concert tout en discrétion et en retenue, certains auront peut-être regretté le manque de chaleur et de convivialité. On connaît la propension des Tindersticks à nous emmener sur des routes chahutées de respirations paisibles entrecoupées d’envolées mariachiesques. Le lieu, la lumière et l’esprit divin résiduel auront guidé le groupe vers la voix de la sagesse musicale intérieure, vers le partage d’émotions par résonances et haut-parleurs interposés. Comme pour mieux faire écho dans notre intérieur.

On perçoit bien que la setlist a été pensée, revisitée, modifiée, lustrée pour épouser la structure massive et imposante de l’édifice de pierre. La lumière monochrome presque divine qui monte de la scène, entrefilée à peine par les dernières lueurs du jour traversant les vitraux filtrants, structure les Tindersticks entourés d’une formation classique imperturbable.

Tout en retenue (c’est à peine si le percussionniste ose effleurer sa batterie), les musiciens murmurent leurs instruments, avec circonspection. Stuart Staples, dans des souffles courts, module sa voix rauque pour ne pas troubler la quiétude des oreilles suspendues à ses lèvres. En jeans et veste noire, sa fragile décontraction n’arrive pas à trancher avec celle pesante d’une atmosphère fragmentée par des lumières discrètes et minimalistes. Les mains applaudissent chaque titre avec une chaleur dissimulée qui s’engouffre dans le cœur de la cathédrale pour nous envelopper d’émotion et de compassion.

Lorsque soudainement en milieu de prestation, une crête de cuivres vient déchirer la quiétude de la nef, on réalise que ce concert sur la pointe des pieds est calé telle une perle dans son écrin. Écrin qui accueillera d’ailleurs les voix velourées de Catherine Ringer et de Cascadeur, venus eux aussi immortaliser la magie de l’instant.
On ferme les yeux, on s’envole, on se sent portés par des ailes d’anges, nos esprits planent dans un ballet de notes qui se répandent dans la cathédrale.
Une petite mort dans un lieu bien vivant.

Les Tindersticks quittent l’assistance aussi discrètement qu’ils sont arrivés. Les dernières notes de la guitare et du xylophone rebondissent sous les voûtes de ce nouveau paradis canonisé de la vraie musique. Il fallait bien une cathédrale pour accueillir l’immense talent des Tindersticks. Il fallait bien un festival comme Le Printemps de Bourges pour nous offrir un tel cadeau.


Setlist

Marseilles Sunshine
Dying Slowly
A Night so Still
Hushabye Mountain
Come Feel The Sun
She’s Gone
Dancing
Sleepy Song
Her
People Fall Down
The Road is Long (Dance With an Old Man)
That Leaving Feeling
Already Gone
The Other Side Of The World
My Oblivion
This Fire Of Autumn
Factory Girls
Another Night in
The Crossing
Cherry Blossoms
Sometimes It Hurts


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Photo of author

Nicolas Nithart

grand voyageur au cœur de la musique depuis plus de 20 ans