[LP] Thom Sonny Green – High Anxiety

Porteur d’une rare présence sonore et d’un grand sens de la composition, le premier album de Thom Sonny Green promet un véritable éclatement des frontières stylistiques, au profit d’une incroyable proximité avec la richesse des émotions humaines. Au carrefour de la musique électronique et du rock alternatif, l’Anglais développe ses univers intérieurs sans fausse note.

Thom Sonny Green - High Anxiety

Batteur du groupe rock alternatif alt-J, Thom Sonny Green est aussi compositeur de musique électronique à ses heures perdues. Et durant les deux dernières années de tournée, il a trouvé le temps d’enregistrer son premier disque en solo. L’occasion pour le producteur anglais de s’échapper et d’explorer toutes les émotions qui l’habitent aujourd’hui et qu’il n’exprimera pas en travaillant avec ses amis. En effet, avec « High Anxiety », il nous offre une vision panoramique de son être, arpentant les anfractuosités les plus belles et les plus chaotiques.

S’acheminant vers des horizons expérimentaux, l’artiste distille une musique aventureuse, tantôt rugueuse et tantôt symphonique, au fil d’un corpus des plus conséquents, puisque c’est pas moins de vingt et une pistes qui s’enchaînent et nous emportent dans ses tourments les plus intimes. Thom s’enfonce dans une électronique froide et souvent épurée, traversant des circonvolutions post-rock, avec son lot d’éléments organiques salvateurs, d’interludes ambient et même d’effervescences synthpop.

Avec ses textures sombres et synthétiques, « Blew » culmine dans son approche expérimentale, reliant toutes ses influences dans un seul et même horizon, envoûtant et ténébreux. Les cordes s’ajoutent et déversent une mélancolie renouvelée par l’appui de lignes fantomatiques qui retentissent en fond. Les séduisants violons de « Large », sont finalement étouffés sous les nappes granuleuses et denses qui rythment la structure.

Des titres comme « Phoenix » ou   « Market » sont de véritables chocs sonores, déversant leurs notes en suspension dans les airs, alternant de magnifiques jeux de cordes avec des structures dépouillées d’electronica et des élans symphoniques, qui séduisent nos sens.

Des échos hip-hop et même trip-hop se font ressentir dans le groove futuriste et mat des titres « Ping » et « Beach ». Et au-delà de tous ces paysages sonores à la fois minimalistes et mélancoliques comme « Grounds » et « Cologne », nous apercevons également des virages teintés d’un certain romantisme, relevés de mélodies très imagées et cinématographiques. L’introduction baptisée « Vienna » est à ce sujet, non seulement une des perles de l’album, mais également un très léger moment d’égarement pop, qui nous installe dans une absolue sérénité, avant les vagues à l’âme qui se préparent à déferler sur nos esprits.

Les titres, assez courts, oscillent entre des expérimentations électroniques et l’abstraction de vignettes symphoniques distillant une certaine mélancolie. Ils délaissent la moindre de trace de chant, si ce n’est quelques samples vocaux çà et là, pour se consacrer à la fabrique d’instrumentations magistrales. Celles-ci évoluent par petite touche, enlaçant l’auditeur dans un cocon de textures et d’harmonies finement ciselées. Pas de doute, « High Anxiety » est un album intime, qui laissera sa marque en vous bien des heures après l’avoir écouté. Aussi volumineux qu’il soit, il est sans doute préférable de s’immerger une première fois en lui, afin de s’imprégner de tous ses reliefs et latitudes, de saisir toute son essence et de comprendre vers quoi il est capable de vous amener. Ensuite viendra l’heure de le réécouter encore et encore, selon vos émotions du moment.

Thom Sonny Green

« High Anxiety » de Thom Sonny Green est disponible depuis le 19 août 2016 chez Infectious.


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Etienne Poiarez

Étudiant en master d’information-communication à Paris 3 Sorbonne-Nouvelle. Éternel adepte de Massive Attack et passionné de cinéma, d'arts plastiques et de sorties culturelles.