[Live] The Struts à La Maroquinerie

La Maroquinerie était bouillante. Atmosphère sensuellement sulfureuse. Comme un frisson sexuel qui court sur les peaux. Une Nuit de l’Alligator torride et dire que la température allait continuer à monter à l’arrivée de The Struts. On a d’abord pensé à Mick Jagger et puis on a dit Prince. On a dit Bowie et puis on a pensé Michael Jackson. Au final, on s’est aussi dit que ça nous faisait penser à Iggy Pop.

crédit : Solène Patron
crédit : Solène Patron

Pourtant si Dieu est anarchiste, Dieu sait que je n’aime pas faire des comparaisons. Assimiler un groupe aux maîtres. Comme si être bon en soi n’était plus légitime et n’appartenait qu’à un héritage. Alors si là, j’ose la comparaison c’est pour être au plus près de ce que The Struts nous a donné. Plus près de la performance. Car oui, vendredi soir, il était question de performance. Tant le concert ressemble à un show. Tant la musique est intense.

Dans le cas de The Struts, donner des références s’apparente à révéler la véritable vibration du concert. À souligner la grandeur du talent. Car à la différence de ceux qu’on compare d’ordinaire, ces garçons ont la chose en eux. Certes ils ont sûrement écouté et baigné dans cette culture rock des années 70 et 80, mais la fougue est chez eux un caractère inné. Le concert est un combat sous les projecteurs. Le concert est un spectacle fantasmé, maîtrisé et assumé. Il n’y a qu’à compter les gouttes de sueur qui parcourent les fronts pour en être sur. The Struts à la Maroquinerie, c’est une question de grandeur. Grandeur tenue par l’énergie fracassante de ces quatre mecs. La musique, amenée par le guitariste, est frontale et se construit sur de parfaites mélodies. Le rythme et ses souffles sont entêtants, là où la musique est libératrice. Dressant un son très fluide et de cette façon, direct et enivrant. De la sorte, il y a cette sensation dans l’air d’entendre une succession de tubes. « I Just Know ». « Kiss This ». « Could Have Been Me ». Percutant et doux. Et là, la voix n’y est pas pour rien.

Pourtant là, où il y a déjà tant à entendre, Luke Spiller donne encore tant à voir. Il faut l’avouer. Rendre à César ce qui est à César. Il porte en lui toute l’ivresse du groupe. Là où les trois autres tentent de sortir de la retenue, Luke exalte dans la démesure. La musique est un jeu. La scène un tremplin de rêves et de fantasmes. Luke Spiller, une bête de scène. De fourrure ou de paillette, il habite, il pulvérise la salle d’envie et de générosité. Il a l’allure de celui qui fracasse les codes et les genres, pourtant il ne joue pas les mauvais garçons. Quand il traverse la scène de son allure de guépard. Quand il tend avec grâce ses bras et offre un déhanché sulfureux, c’est avec le plaisir qu’il s’enlace.

Au dessus de sa splendeur planent les minuties d’un show américain. Ils entrent tels des boxeurs sur un son conquérant et Luke Spiller sortira dans le peignoir des grands soirs tendu par son manager. Entre temps, ils auront joué avec les photographes et la beauté des filles du public. Cette manière d’appréhender les concerts n’est pas un détail, n’est pas l’envers du décor, il est The Struts poussé au bout de son génie. Celui de la fougue, de la jeunesse, du rock, du sexe et de l’audace.


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Juliette Durand

étudiante en cinéma, arpenteuse des scènes parisiennes et passionnée des musiques qui prennent aux tripes