Coup d’essai, coup de maître ; avec leur premier album, les Anglais de The Sherlocks ne se contentent pas de frapper un grand coup dans la fourmilière rock de Sa Majesté. Ils déploient, en effet, des trésors d’ingéniosité mélodique transformant tout ce qu’ils touchent – et composent – en or pur, dans des exploits musicaux fabuleux et étonnants de la part d’un si jeune groupe. Nul doute que « Live for the Moment » est destiné à devenir un classique en puissance ; et pour cause…
D’abord, découvrir fébrilement la musique d’un projet que l’on a effleuré à travers des clips aussi aérés qu’obsédants et puissants, alliant l’énergie de guitares maîtrisées à la perfectionde mouvements plus mélancoliques et savamment pensés, le tout orné d’arrangements d’une désarmante subtilité, peut sembler risqué, de peur de voir nos espoirs réduits à néant. Autant vous prévenir tout de suite : une fois que vous serez rentrés dans les méandres du premier opus de The Sherlocks, « Live for the Moment », vous ne pourrez plus en sortir. L’incroyable et inusable vivacité du quatuor est un exemple de dévotion totale à un art modérant ses ardeurs sans pour autant abandonner un seul instant son but premier ; à savoir, une extase communicative dans un rock mélodique et soigné, collection d’hymnes aussi festifs que contemplatifs. Unir ces deux émotions semblait impossible ; pourtant, c’est bel et bien ce que The Sherlocks est parvenu à accomplir, et de la plus belle des manières.
Pour exister, il suffit de développer les surprises, d’orner l’abrasion d’un art orageux de subtiles idées, comme la fugace introduction de « Live for the Moment », entrée en matière d’une douceur ne préparant en rien à ce qui va suivre, mais ancrant l’auditeur dans un confort apte à le laisser profiter de chaque offrande faite avec générosité par nos interprètes. Allant de plaisirs contagieux, dynamiques et dansants (« Escapade ») à des errances plus intériorisées et apaisées (le remarquable et inattendu « Turn The Clock »), The Sherlocks conçoit la cohérence de son travail en ne cherchant à aucun moment à laisser les éléments s’emballer ni échapper à son contrôle. De ce fait, si « Chasing Shadows » flirte avec le surf rock sans en emprunter les voies les plus ridicules et aberrantes (quel bonheur de voir que certains comprennent la dynamique irrépressible et contagieuse de ce genre !), « Heart of Gold » pourrait presque sembler sorti d’une époque encore inconnue et prometteuse, ce que confirmera plus loin l’inoubliable et émouvant « Candlelight », final aussi grandiose que personnel ; une ouverture à ce que pourrait devenir l’entité avec les moyens que son succès, amplement mérité, permettront de lui accorder.
Il est donc impossible de contester l’influence inébranlable que The Sherlocks s’apprête à déverser sur le rock actuel ; celui-là même qui a parfois trop tendance à se reposer sur des fondations d’un autre temps. Et, sur scène, la synergie et la communication de nos cavaliers d’un soir est encore plus jouissive ; on ne peut donc que vous encourager à aller les admirer, pour une soirée pleine de sueur et de plaisir, à La Mécanique Ondulatoire, le 17 octobre prochain. Et, d’ici là, régalez-vous sans limites avec ce disque phénoménal et inoubliable.
« Live for the Moment » de The Sherlocks est disponible depuis le 18 août 2017 chez Infectious Music Ltd. / [PIAS].
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