[Live] The Seasons à la Maroquinerie

Perchée sur les hauteurs de Ménilmontant, la Maroquinerie est une étuve fiévreuse. La salle a l’allure des combats de boxe clandestins et pourrait sentir la sueur, le sang et la colère. Pourtant, ce mardi soir de fin septembre, les Québécois de The Seasons ont soufflé un vent innocent et frais. Dans la noirceur moite s’est alors mené un concert enjoué et sans prétention.

The Seasons © Solène Patron

De retour en France pour accompagner Louise Attaque sur sa nouvelle tournée, The Seasons a quitté les sentiers des grands lives pour se donner, de manière intimiste mais vive, au sein de l’accueillante Maroquinerie. Durant plus d’une heure de concert et principalement au rythme de l’album « Pulp », les quatre compères chevelus ont livré un set parfaitement maîtrisé et par-dessus tout équilibré. Passant d’ambiances chaudes à des brises froides, du psychédélique à la saveur des slows romantiques, The Seasons a endiablé le public français, tout en lui réservant des morceaux bien plus doux. Alors que son premier album sorti l’an dernier regorgeait de petits bijoux insouciants, c’est sûrement sur scène que se perçoit toute la jeune fougue dont ses membres sont capables. Vêtus de multiples couleurs et de paillettes, ils sont l’incandescence et la bienveillance, et distribuent à leur public des morceaux offrant un spectacle heureux et généreux.

Véritables rois mélodiques, les quatre garçons québécois ont le don de faire balancer les corps à coup de refrains entraînants, aux saveurs ensoleillées et tranquilles. Il y a chez eux, ce subtil goût de l’anecdote joyeuse qui parvient à faire sourire et danser. Bien sûr, en parfaits songwriters, les membres de The Seasons savent jouer des sentiments et au détour d’une Maroquinerie conquise, ils arrivent à venir toucher les cœurs avec des ballades tendrement subtiles. Dandys en herbe ou bien mauvais garçons crooners, ils naviguent entre séduction nonchalante et fièvre innocente, grâce à des airs bien sentis et une prestance candidement insolente. Entre eux, se lit facilement une camaraderie malicieuse, si ce n’est la fratrie, où les voix de Julien et Hubert Chiasson se mêlent, se succèdent dans une intelligence de sens et de textures. Les chants sont joliment impulsés par un jeu riche de guitares, de basse (Samuel Renaud) et de batterie (Rémy Bélanger). Se dégage de leur communion une sincère excitation à l’idée de partager la scène, de prendre conscience de leur posture malgré leur jeune âge. The Seasons rassemble alors une fougueuse jeunesse et une posture scénique pleine de maturité. Musicalement, leur grande faculté à produire des mélodies entêtantes peut d’une certaine façon suggérer l’influence des Beatles, mais ce qui ressort le plus est sûrement leur âme écorchée et lumineuse à la fois, qui rappelle l’anti-folk des Coming Soon, des années 2007, quand ces derniers participaient à la bande originale du film « Juno ».

Le très pop et endiablé, « Whatever » a ouvert les festivités permettant aux amplis de chauffer et aux deux frères Chiasson de prendre possession de la scène à coup de corps dansants. Plus loin, « The Way It Goes » sur des notes électroniques, laissant place à un rythme quasiment bossa nova et ténébreux, a donné à voir tout le caractère suave de The Seasons. « The Fence » est alors apparu comme le parfait témoin de l’art de ces fougueux québécois à écrire des ballades romantiques aux traits obscurs. Et à l’image de l’enchaînement « Apples », « Oola Oup » (en duo avec Maï Lan), « Velvet Wedding » et « Junk », The Seasons maîtrise parfaitement les transitions voyageant entre un pop-folk sautillant, un clavier-voix aérien, les douceurs des velours et les lumières des night-clubs. Leur reprise des « Papillons noirs » de Serge Gainsbourg en fin de concert ne fait qu’appuyer leur aisance sans pour autant tomber dans la prétention qu’une telle tâche peut révéler.

Maîtrisant les mélodies et les atmosphères, The Seasons est venu conquérir avec allégresse la France. Les quatre garçons à l’accent québécois ont livré un set aux saveurs multiples, mais profondément sincère et magnifiquement dansant. Fête hypnotique et bienveillante, où la musique n’a d’égal que les sourires parcourant le public.


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Juliette Durand

étudiante en cinéma, arpenteuse des scènes parisiennes et passionnée des musiques qui prennent aux tripes