[LP] The Psychotic Monks – Silence Slowly And Madly Shines

Habiles musiciens pétris de fougue, à l’aise dans le psychédélisme comme dans le garage ou le noise rock, les quatre garçons de The Psychotic Monks dévoilent leur premier album ténébreux et enivrant, distillant au fil des morceaux une vision forte, plurielle et sans concession du rock’n’roll moderne.

crédit : Vincent Bourre

Après deux EPs foudroyants, nous laissant errer dans un univers mélodique entre l’urgence et l’accalmie, les voilà de retour avec « Silence Slowly And Madly Shines », un long-format savamment orchestré, alternant les décharges rugueuses et les ballades brumeuses. Aperçu à Rock en Seine et aux Bars en Trans l’année dernière, leur live en forme d’exutoire sonique s’incarne à la perfection dans ce projet, reprenant leurs éternelles inspirations psychédéliques afin de les entremêler avec les distorsions d’un garage rock ténébreux et quelques expérimentations atmosphériques.

En témoigne l’introduction, aux inspirations floydiennes, baptisée « Part 1 : As A Burning And A Fever », un souffle anxiogène traversant les amplis, dans lequel éclatent çà et là des sonorités abstraites et légères ; avant l’explosif « It’s Gone » et ses bourrasques noisy entrecoupées d’intermèdes vocaux inquiétants. « Wanna Be Damned (Punk Song) » porte admirablement bien son nom, avec ses guitares colériques et endiablées à la manière du chant aussi tranchant qu’un rasoir.

Découpé en quatre parties, l’album est à nouveau interrompu par d’étranges sonorités, rappelant les harmonies décharnées de morceaux comme « Echoes » de Pink Floyd. Et cette référence n’est pas anodine à ce moment de l’article, puisque le morceau qui se tient magistralement après « Sink », qui ressemble à ce type d’expérience sonore où les atmosphères ne cessent de muter, nous entraîne ici dans un voyage de onze minutes à travers la psyché du groupe. Le paysage musical d’envergure qu’il nous fait visiter se clôt sur « Walk By The Wild Lands », une longue complainte psychédélique, délicate et mélancolique, dans les riffs comme dans la voix, qui nous ramène vers un peu de lumière.

S’ils étaient parvenus à se faire rapidement un nom et à tourner en France, ce disque les lance définitivement dans le grand bain, tant l’architecture sonore révèle une maturité et une expérience rares pour leur jeune âge. Ne craignant pas d’expérimenter les sons de leurs guitares et de leurs claviers, The Psychotic Monks enchaînent les hymnes pénétrants, avec une frénésie sombre et saisissante manipulée avec talent. Les harmonies s’agitent, dérapent, se déchirent et s’imposent à nous, avec cette fine mélancolie imbibant leur imaginaire depuis toujours. Pas de doute : c’est un décollage en beauté qu’il nous tarde d’écouter en live, afin de ressentir les atmosphères nuancées de ce disque aux confins des sens.

crédit : Fred Lombard

« Silence Slowly And Madly Shines » de The Psychotic Monks, sortie le 21 avril 2017 chez Alter-K.


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Etienne Poiarez

Étudiant en master d’information-communication à Paris 3 Sorbonne-Nouvelle. Éternel adepte de Massive Attack et passionné de cinéma, d'arts plastiques et de sorties culturelles.