[Interview] The Psychotic Monks

Auteur d’un remarquable EP, « IV », en mars dernier, The Psychotic Monks, quatuor rock psychédélique parisien n’a jamais autant tourné que cette année. Pour conclure sa tournée estivale, le groupe parisien investira la Scène Île-de-France le samedi 27 août 2016, à 22h pétantes, dans le cadre du festival Rock en Seine avant de repartir sur les routes françaises et donner notamment un concert au Joker’s Pub d’Angers le 8 septembre en compagnie des Australiens de Cambio Sun. Arthur, guitariste et l’un des chanteurs du groupe – avec ses complices Martin, guitariste, Clément, batteur et Paul, claviériste et bassiste – nous raconte avec passion, engagement et détermination l’épopée ambitieuse de sa formation musicale.

crédit : Christophe Crénel
crédit : Christophe Crénel
  • En mars dernier, vous sortiez l’EP « IV » pour affirmer que l’histoire de The Psychotic Monks s’écrirait désormais à quatre. Pouvez-vous revenir sur le vécu de votre groupe de ses débuts à aujourd’hui ?

On est un peu comme une famille. Avec Martin, on se connaît depuis qu’on a 7 ans, on est devenus meilleurs potes, on a grandi ensemble, monté nos premiers groupes ensemble au collège et au lycée ; on est comme des frères. Puis on a rencontré Clément il y a 4 ans qui venait d’arriver à Paris, pour tenter de faire de la musique. Je me souviens de Martin qui m’appelle pour me proposer de jammer avec un pote à lui, dans une petite salle de répétition : je me ramène, je prends une basse, parce que c’est le seul truc qui traîne là, et on se retrouve à partir en délire pendant deux heures, sans s’arrêter. Je connaissais même pas Clément, mais il s’est passé direct quelque chose de fou. On a senti un truc très fort tous les trois à ce moment-là, on a senti qu’il fallait qu’on en fasse quelque chose. Et depuis, c’est un peu ce moment mystique qu’on a vécu qu’on cherche à retrouver.

La particularité ; c’est qu’on était tous les trois chanteurs, donc on avait l’ambition de créer un groupe « démocratique », sans leader, ou en tout cas, sans leader constant. Le but, c’était que chacun ramène ses morceaux, et qu’on transforme ensuite tout ça en un voyage humain.
Il nous est arrivé pas mal d’histoires en trois ans. On a très vite évolué, et très vite eu la chance de rencontrer des gens qui nous ont poussés, nous ont permis de prendre du recul et de nous poser des questions, de comprendre que personne d’autre que nous ne peut savoir ce qu’on veut dire, ce qu’on veut exprimer. De faire des choix et de les assumer en quelque sorte.

On a passé énormément de nuits ensemble à boire du vin rouge, à écouter les disques des groupes qu’on aime, à les passer et les repasser en boucle, pour tenter de comprendre comment ces gars-là faisaient pour avoir ces sons, pour essayer de ressentir ce qu’ils ressentent, de comprendre l’essence de leur musique. En fait, on a juste passé énormément de temps ensemble tout court, et c’est ça qui fait qu’on s’est retrouvé rapidement à avoir une grande complicité tous les trois. On se comprend quand on est sur scène, on n’a même pas forcément besoin de se regarder. Et puis l’année dernière, on commence à faire monter, pour un titre ou deux, pour faire une trompette ou un tambourin, ou un orgue par-ci, par-là, mon petit frère, Paul, qui nous suit depuis le début, qui n’a pas loupé un concert, qui était, en fait, déjà avec nous avant de rentrer dans le groupe, quand on y pense. On est arrivés à une sorte de paroxysme de notre formule à trois, on en voyait les limites, et tous les groupes qu’on écoute sont plus nombreux et on avait besoin de pouvoir aller plus loin dans les arrangements, d’évoluer. Alors après un an où il a squatté la scène avec nous, on a décidé qu’il intègre le groupe officiellement, et qu’on soit quatre.

On a directement enregistré un nouveau disque : le premier vraiment avec cette nouvelle formule. Ce qui est étonnant, c’est qu’en fait on est presque devenu un nouveau groupe : ça change énormément, donc on a eu pas mal de choses à réapprendre, ou en tout cas à apprendre différemment.
Les choses ont vraiment pris un coup de boost depuis, on a fait notre toute première tournée cette année, pour promouvoir « IV ». On a fait plus de dates en trois mois qu’en deux ans, et ça nous a vraiment changés. La tournée, c’est très violent, mais aussi très excitant. Tu te sens vraiment en vie et en contact avec les autres, c’est génial. On a beaucoup appris sur les autres et sur nous, ça nous a chamboulés, et on est revenus très fatigués, mais aussi avec la conviction que c’est ça qui nous anime, c’est ce voyage-là qu’on veut faire.

  • Il y a énormément de tension et de bouillonnement dans vos compositions. De noirceur aussi. Est-il le reflet de votre vision du monde ?

Ça ne reflète pas forcément notre vision consciente du monde, il y a une grande part d’inconscient dans ce qu’on crée, et c’est très important pour nous.
Ce qui est sûr c’est que quand on compose, qu’on enregistre, on transmet ce qu’on ressent à ce moment-là. Donc en quelque sorte, oui, quand vous écoutez notre disque, vous avez accès à notre ressenti, à nos questionnements, à tout ce qu’on perçoit du monde qui nous entoure à ce moment-là. C’est clair qu’il y a de la tension en nous, qu’on bouillonne et c’est sûrement lié à la difficulté qu’on a à vivre dans cette société qui est d’une telle violence humaine, d’une telle absurdité parfois, où on se sent refoulés en tant qu’être humain, mais il n’y a pas que de la noirceur en nous.
On a des pulsions de mort, et des pulsions de vie. C’est très paradoxal parfois, mais c’est ce paradoxe qui nous intéresse. On peut, parfois, être dans une telle mélancolie que rien ne semble pouvoir nous apaiser, et l’instant d’après, ressentir une fulgurante envie de vivre, qui nous enivre, et nous procure une immense légèreté. Et c’est ça qu’on essaye de transmettre dans notre musique, cette opposition, mais qui est aussi une complémentarité, c’est notre interprétation de la condition de notre existence.

crédit : Christophe Crénel
crédit : Christophe Crénel
  • Parlez-moi de vos textes. Y’a-t-il des thématiques qui vous sont chères et comment les travaillez-vous les textes et le chant en relation avec votre musique ?

On y répond déjà un peu dans la question précédente : ce qui nous intéresse c’est l’humain, dans son entièreté, l’humain non kitch, c’est-à-dire parler de l’humain dans toute sa beauté, mais aussi dans toute sa laideur. On parle bien sûr d’amour et de haine. Mais on parle de tout ça d’une manière imagée. La poésie, c’est quelque chose de très important pour nous et on passe notre temps à tenter de s’en inspirer. On lit beaucoup Baudelaire, par exemple, car chez lui, on retrouve beaucoup de choses qui nous correspondent, comme le concept de pulsion de vie et de pulsion de mort.
En fait, on parle des autres et de nous, de nos rapports au monde et à ce qui nous entoure, de ce qu’on voit, de ce qu’on vit, de ce qu’on rêve. On s’amuse avec la forme ; on trouve des thèmes qui nous plaisent, comme la science-fiction, ou les films noirs. C’est très cinématographique dans nos esprits. D’ailleurs, on tente souvent de traiter nos concerts comme un film.
Comme on est plusieurs à chanter, chacun écrit ce qu’il chante, et pour les morceaux où l’on chante à plusieurs, ça donne une plus grande abstraction au texte que telle partie ait été écrite par l’un ou par l’autre. On se concerte sur notre ressenti par rapport à la musique, et on écrit chacun de notre côté, puis on met en commun, et on tente de rendre ça cohérent pour nous.

  • Votre dernier EP, « IV », est un bel exemple de psychédélisme noir. Vous sentez-vous en phase avec l’étiquette « psychédélique » qui à notre époque revêt un sens aussi large, et donc vague, que celui de l’indie ?

Ce qu’on ne supporte pas, ce sont les étiquettes, et c’est fou comme les gens ont tendance à avoir besoin de mettre des étiquettes. Nous, ça n’est pas notre boulot d’étiqueter ce qu’on fait, on le fait c’est tout. On pioche des choses dans la musique qu’on aime, et on les réunit, et on ne se pose pas la question de l’appellation que ça doit avoir. De toute façon, aujourd’hui ça ne veut strictement plus rien dire.
Par exemple, tellement de groupes se remettent à faire de la musique psychédélique, car le son est à la mode, mais sans forcément se poser la question de ce qu’est vraiment le psychédélisme, et c’est ça qui est triste. La musique est devenue juste quelque chose d’esthétique, et non quelque chose qui comporte un sens humain profond. Pour nous, la musique c’est politique, en quelque sorte, et si on fait de la musique rock et psychédélique, c’est parce qu’on se retrouve dans ce que ces styles de musique impliquent, c’est-à-dire pour le psychédélisme ; le partage par la transe, une connexion inconsciente très forte avec l’autre, un véritable voyage qui rassemble. Le psychédélisme pour nous, c’est le rite de passage, vers un au-delà qu’on cherche à atteindre : c’est chamanique, c’est extrêmement puissant.

Le rock, c’est la révolte, c’est ne jamais faire ce que les gens attendent de toi, c’est déranger l’autre pour le pousser hors de son territoire de confort. Aujourd’hui, le rock c’est devenu ultra stéréotypé, codé, normé. Quand tu fais du rock aujourd’hui, les gens s’attendent à ce que tu te comportes de telle manière, ils viennent voir des concerts de rock pour ça, pour se divertir, en sachant exactement ce qu’ils vont y trouver. C’est plus du rock alors, c’est de la musique à esthétique rock, mais c’est plus du rock. C’est pas rock’n’roll de sauter sur les tables et de tout casser quand c’est ce qu’on attend de toi. La révolte, c’est fondamental pour nous. On a besoin de déranger, de faire sortir les gens de leurs gonds, on n’a pas envie de donner aux gens ce qu’ils attendent, on a envie de leur proposer quelque chose de différent qui pourra peut-être les intriguer, les interpeller. Et s’ils se sentent intrigués alors on a gagné, ils entrent dans notre monde…

  • Pouvez-vous m’aider à décrypter la pochette, très artistique et intrigante, de ce dernier EP ?

Le truc c’est qu’il n’y a pas qu’une seule interprétation. C’est important pour nous de laisser la possibilité à chacun de se faire son idée, c’est un peu un moyen d’intriguer, d’interpeller l’imagination de ceux qui se retrouvent en face de cette pochette. Vous aider à la décrypter serait dommage, car on vous imposerait notre idée, et en serait-elle plus proche de la vérité que celle que vous vous faites personnellement au premier abord ? On n’est même pas forcément d’accord entre nous, on a chacun notre propre interprétation, personnelle, et c’est ça qui est bon. Ce qui est certain, c’est que si vous regardez la pochette en écoutant la musique, vous la comprendrez sûrement mieux.

The Psychotic Monks - IV

Cette pochette reflète notre manière de concevoir l’expression, la sensation et le partage humain. On travaille avec une artiste très douée à qui on a fait écouter la musique, on lui a écrit chacun des bribes de textes pour parler de notre idée de ce disque, et on lui a demandé de créer quelque chose avec ce qu’elle ressentait de tout ça. Et elle en a fait cette illustration.
On aime beaucoup travailler avec des gens avec qui on s’entend bien, d’une manière libre, et les laisser expérimenter, comme on expérimente nous-mêmes.

  • Après trois courts formats, vous venez de retourner en studio pour préparer la suite de l’aventure. Que pouvez-vous nous en dire ? Faut-il s’attendre à du changement tant au niveau des productions musicales que du format ?

Pour l’instant, on n’en sait rien. On s’est enfermés en studio juste pour créer, pour expérimenter, et on a fait pas mal de nouveaux trucs. On verra bien ce que ça donne. Ce qui est sûr, c’est qu’à chaque nouvel enregistrement, on évolue, la musique change, puisqu’on a changé, on n’est plus les mêmes, on a vécu des choses différentes, nouvelles, alors c’est normal que ce qu’on ressente et que ce qu’on ait à dire soit différent.
Donc le prochain disque sera forcément différent, même s’il conservera sûrement quelque chose qui doit fait notre essence, et qui est plus du fond que de la forme.

Quand on enregistre de la musique, ça correspond à un moment T de notre vie, et l’instant d’après on n’est déjà plus les mêmes, l’instant d’après, si on veut être extrêmes, la musique enregistrée est déjà presque obsolète… On découvre toujours beaucoup de musique, tout le temps, et on s’en nourrit. Ça nous donne envie de faire de nouveaux morceaux, de tester de nouvelles choses. C’est super important pour nous, ça fait partie de ce qui nous passionne : l’expérimentation.

  • Le live semble être un but en soi pour vous. Composez-vous dans l’optique première de donner une seconde existence, après l’enregistrement sinon la composition, à vos titres sur scène ?

Le live est fondamental, c’est le moment où l’on tente de transmettre, de partager avec l’autre, de faire ressentir ce qu’on ressent, de faire du bien, de déranger, et quand, par moments, on sent qu’on y touche, c’est la plus grande jouissance qui existe, c’est une sorte de transcendance collective.
Mais la création pure, faire quelque chose à partir de rien, travailler la matière et assembler les choses, seuls dans notre coin, c’est aussi un moyen de s’exprimer, c’est le premier passage, c’est là que tu sors pour la première fois des choses de toi, c’est déjà une transmission, un partage, que de rendre concret quelque chose d’abstrait.

crédit : Christophe Crénel
crédit : Christophe Crénel

C’est une première étape, et ensuite, c’est certain que les morceaux évoluent en fonction du live. Quand on les joue aux gens, on se rend compte de leur véritable essence, de leur caractère, ils changent, on se rend compte qu’en fait on s’était fourvoyé sur leur sens.
Le live, c’est un laboratoire humain pour nous, et, ce qui est génial, c’est que les gens qui viennent à nos concerts participent complètement à cette expérimentation, à cette transmission, puisqu’en fonction de ce qu’ils ressentent, de comment ils reçoivent ce qu’on veut transmettre et de ce qu’ils nous renvoient, il va se passer quelque chose ou non, et les morceaux ne seront plus jamais les mêmes. Et ça nous donne tout le temps de nouvelles idées – et puis c’est hyper excitant !

On a vraiment eu l’expérience de tout ça sur notre première tournée cette année. Ça a été une telle aventure ! C’était très puissant, des fois très dur, d’autres fois très exaltant. Ça a été pour nous un voyage à la découverte des autres, et de nous-mêmes. On s’est retrouvé dans tout un tas de situations pas imaginables. Quand tu commences à faire ça, tu te rends compte de ce que ça a de mystique, d’humain, de poétique. Tu es tout le temps en mouvement, à la recherche de l’autre, et de toi-même, à la recherche du lien entre les gens. Ça nous a chamboulés.

  • Avec quels groupes rock français actuels vous sentez-vous particulièrement proches ? Avec qui vous verriez-vous bien monter une tournée commune ?

Ah, ça, c’est un peu une question politique… Et on n’aime pas trop faire dans la politique, on n’est pas très bons pour ça… En fait on ne se sent pas vraiment appartenir à la scène rock en France, enfin, on ne se sent pas vraiment appartenir à une scène tout court. On ne sait pas trop où se situer.
On a fait de très belles rencontres en tournée, de superbes groupes et aussi des gens très cool et très humains. Ce qui est sûr c’est qu’on trouve ça vraiment bien qu’une scène rock se développe actuellement en France, parce que c’est de la bonne musique, et si ça permet à plus de monde de s’y ouvrir, alors c’est génial. Mais on se sent mieux avec des gens qui voient un peu les choses comme nous, quel que soit le style de musique ; enfin, avec des gens qui font leur truc et n’en ont rien à faire si ça dérange ou si ça ne plaît pas.

Les enjeux sont exactement les mêmes. On en a déjà parlé plus tôt, mais en gros, qu’il y ait une ou 500 personnes devant nous, notre but c’est qu’à la fin du concert, on ait vécu un truc avec les gens, qu’on soit parti ailleurs ensemble. Il suffit qu’une seule personne vienne nous voir après le concert pour nous dire qu’on l’a amené quelque part, et alors on est bien. On a déjà fait un concert devant huit personnes qui a été un moment de vie magnifique, où on s’est retrouvés tous complètement ailleurs. Et inversement on a déjà fait des concerts devant cinq cents personnes où rien n’est passé du tout. C’est la connexion qui compte et qui fait que le concert devient autre chose.

Après, techniquement, c’est sûr que tous les concerts sont différents. Pour faire passer une émotion au fond d’un bar ou sur une très grande scène, c’est pas pareil et on ne sait d’ailleurs pas vraiment dans quelle situation c’est le plus compliqué… Quand tu lances un larsen de guitare dans une immense sono d’un festival, ça n’a pas la même répercussion que quand ça sort juste de ton ampli au fond du bar. Mais après ; c’est là que se situe le travail vraiment intéressant, ça ne devrait pas tellement être différent. Un très bon groupe, il te fait ressentir la même chose, ou quasiment, son truc à lui, quelles que soient les conditions.
C’est pour ça qu’on est super impatient de repartir en tournée, parce que c’est précisément ça que tu y apprends, tu apprends à faire ressentir la même tempête à un gars bourré au pastis, pilier du bar – on n’a rien contre le pastis, hein ! – avec ton petit ampli, qu’à mille personnes qui viennent te voir à Rock en Seine devant une immense et puissante sono.

Le plus important, ce qui est certain, c’est que, quand tu y es, tu y es. Faut se poser des questions avant et après, mais pas pendant. On a vraiment cette démarche d’aller au bout de nous-mêmes pendant les concerts. Parce que c’est vraiment un moyen pour nous de donner quelque chose, même si ça arrive que ça ne soit pas reçu. Et si à la fin d’un concert on sent qu’on n’a pas tout donné, qu’on n’est pas à moitié morts, c’est qu’on n’a pas été bons !

  • Après ces dates de rentrée, quelles sont les prochaines actualités à venir pour The Psychotic Monks ?

On va continuer dans notre démarche, c’est-à-dire faire le plus de concerts possible dans toutes les conditions pour tenter de rencontrer et de toucher un peu plus de monde à chaque fois. Continuer à enregistrer, expérimenter, aller au bout des choses. On va continuer à essayer de vivre, en apprendre plus sur ce qui nous entoure, les autres, nous, et surtout, pour ne pas citer l’autre poète, on va continuer à s’enivrer, de vin, de musique, de vertu, parce que c’est ce qui est le plus important…


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques