Cinq titres faisant le bilan de pas moins de trente années de rock, tout en montrant une facette inédite de la musique hexagonale, entre influences anglo-saxonnes et revendication d’une nouvelle et ferme envie d’en découdre.
La vidéo accompagnant le premier extrait de « Brainstorm Party », nouvel EP des Montpelliérains de The Plans, avait le redoutable honneur de mettre tout le monde d’accord sur l’orientation qu’avait suivie le trio : il s’agissait, grâce à l’énergie contenue de « Falling Back », à ces images filmées par le chanteur du groupe lui-même, Alexandre Ehrsam, de prouver la dualité entre grâce et énergie débridée, entre sobriété et besoin de crier pour exulter.
Et il suffit de parcourir les cinq pistes de ce récent effort pour être persuadé d’une chose qui pointait d’ores et déjà le bout de son nez : The Plans est là pour durer, certes, mais avant tout pour remettre les pendules à l’heure, alors que le rock a trop tendance à s’essouffler et que ses têtes de file ne sont plus qu’une ombre sur ce paysage en jachère. La fête cérébrale est sur le point de commencer…
Dès l’intro de « Sugar Girl », le ton est donné ; ou plutôt non, tant les secrets de « Brainstorm Party » restent encore à découvrir. L’élan rock furieux de ce premier titre cache en effet des trésors de mélodie et d’arrangements électroniques discrets mais indispensables. On se croit ainsi revenu en pleine période américaine des années 90 avec le premier single, qui cachait finalement bien le jeu d’Alex, Sylvain et Guillaume. Un jeu aussi intense que subtil, entre battements de cœur prêts à se déchirer (Running Girls), ou rock’n’roll à bride abattue (Live Then Die).
Tout en n’oubliant pas de calmer les ardeurs impressionnantes de ces trois magiciens de l’harmonie : « We Walk The River » devient ainsi rien de moins qu’un hymne à la dimension surréaliste, tant chaque détail y est soigné et passionnant à écouter en boucle. Sans être une synthèse de la diversité musicale de ces artisans dont on n’a pas fini de parler, la chanson prouve, s’il en était encore besoin, tout le potentiel d’une bande de potes ayant décidé une fois pour toutes de laisser libre cours à leur talent et leur symbiose totale, comme l’auteur de ces lignes a pu en juger lors d’un concert très privé à Bourges il y a peu de temps.
Que faut-il donc garder, suite à de nombreuses écoutes fébriles et vitales de ce nouvel EP ? Le sentiment de tenir entre ses mains un objet auditif non identifié, qui secoue les neurones et modifie les synapses pour motiver à remuer la tête, à sentir chacun de ses membres s’agiter avec grâce et frénésie. En vingt minutes, The Plans crée une surprise qui restera dans les annales. Il réconcilie le besoin de ressentir les frissons nous parcourir grâce à des guitares et batteries omniprésentes sans être jamais étouffantes et un chant qui ne cesse à aucun moment de sembler différent sur chaque morceau.
On n’avait pas eu le plaisir de revivre des moments de fulgurance aussi palpitants depuis de nombreuses années, entre fièvre et exultation, entre larmes de joie et sueur. Il aura fallu attendre plusieurs mois pour enfin pouvoir profiter de cette incarnation profonde des racines d’un genre qui n’était plus lui-même ; et « Brainstorm Party » prend les devants en mettant tout le monde d’accord. À cœur vaillant, rien d’impossible ; on souhaite que celui du groupe soit encore irrigué pour longtemps, qu’ils achèvent bientôt de nous titiller les hormones avec un véritable album ou un digne successeur de cette folie douce et sûre d’elle-même. À juste titre, d’ailleurs.
Un disque dont il faut profiter encore et encore, pour en découvrir toutes les perles et le travail effectué en amont dans un seul but : le plaisir, immédiat, efficace et irrémédiable. On risque de tailler la route avec The Plans pendant encore de longues années !
« Brainstorm Party » de The Plans est disponible depuis le 11 mai 2015.
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