Une véritable merveille de rock aérien où chœurs et guitares s’unissent pour porter des mélodies vocales magnifiques et imparables. Un grand disque, et bien plus encore.
Il est incroyable de voir à quel point un environnement particulier peut conduire certains groupes à livrer des disques remarquables et donner, pour cela, le meilleur d’eux-mêmes. En ce qui concerne les Américains de The Lighthouse and the Whaler, il s’agit ici de la rue où ils ont enregistré, sur une période de seulement six semaines, le superbe « Mont Royal ». Un disque empruntant des structures folk et pop ici électrisées, portées par des arrangements vibrants et chaleureux. N’ayant pas peur d’évoquer des thèmes humains dont la généralité (la vie, la mort, l’histoire) n’a d’égale que la beauté de leur illustration en musique, le quartet engendre une collection de chansons toutes plus fascinantes les unes que les autres, dans un rock éthéré et merveilleusement bien mené pour des instants de mélancolie comme on en a rarement entendus. « Mont Royal » et un inoubliable moment, et sans conteste l’un des efforts les plus importants de 2015.
Mariant à la perfection guitares saturées et éléments plus pop dans leurs sonorités, le groupe enflamme les sens et bouleverse, que ce soit au travers du titre introductif « In Motion », montée progressive vers la délivrance, ou par les synthés envoûtants de « Closer », suspendus et évasifs. Mais ici, aucune influence majeure ; juste un véritable plaisir de jouer et d’interpréter des pistes sur lesquelles chaque couche est posée avec un soin extrême, pensée en amont avant d’être exposée au grand jour. La progression en intensité, portée par les cordes, de « I Want To Feel Alive » rivalise d’intelligence créatrice avec celle, fulgurante et profondément émouvante, de « In The Open », monument central qu’il sera difficile de détrôner. Ainsi, The Lighthouse and the Whaler peaufine tous ses détails pour des résultats émotionnels déstabilisants et sublimes, durant chaque seconde d’écoute. Entre intimisme et révélation.
Sur ces bases déjà solides, les voix et chœurs viennent se poser délicatement mais fermement, achevant de plonger l’auditeur dans un état second, proche de la transe. Rarement, ceux-ci auront été aussi captivants, portant les complaintes éclairées et transcendants d’un LP aux saveurs douces-amères mais dont le spleen ambiant n’est jamais sacrifié sur l’autel, trop simple, de la tristesse et de la noirceur. Tout, ici, brille de mille feux ; le temps semble suspendu et l’on s’accroche à cet édifice rock dont chaque pierre contribue à son équilibre, toujours précis et jamais précaire. Dépassant haut la main tous les groupes essayant de mélanger des éléments planants et d’autres plus stables et terre à terre, The Lighthouse and the Whaler prend le temps de confectionner ces écrins de l’âme prenants et nuageux. Aucune menace ; simplement, un désir à l’état brut, dont les fondations mélodiques nous hanteront longtemps.
L’un des grands disques de cette fin d’année, sinon le plus admirable ; « Mont Royal » est un chef-d’œuvre immuable et place ses géniteurs parmi les plus grands et les plus importants des années passées, présentes et futures.
« Mont Royal » de The Lighthouse and the Whaler est disponible depuis le 28 août 2015 chez Roll Call Records.
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