[EP] The Japanese House – Clean EP

La jeune artiste anglaise The Japanese House dévoile, avec ce second EP, une facette bienveillante et sensible de son art ; entre introspection et révélation.

The Japanese House - Clean EP

Inclassable : c’est le premier mot qui vient à l’esprit lorsque l’on découvre le nouvel EP d’Amber Bain, alias The Japanese House. Une jeune artiste de 20 ans mais qui, au travers des chansons de « Clean EP », fait preuve d’une maturité déjà immense en termes de composition et de création. En effet, son second effort, quelques mois après le magnifique « Pools To Bathe In », démontre un talent rare, offrant des structures musicales profondes, entre minimalisme et travail immense de production, l’artiste apportant un soin particulier et d’une importance capitale à chaque son, à chaque arrangement, dans le but de proposer des pistes diversifiées et véritablement émouvantes. Tant et si bien que l’auditeur ressent cette impression constante de voyager dans la psyché de la musicienne, sans pouvoir résister à son incroyable pouvoir d’attraction.

En apparence lisse et soigné, ce nouveau disque recèle au contraire des trésors d’intelligence, évoluant entre pop et quelques moments plus particuliers. Ainsi, il n’est pas aisé de donner une appellation, somme toute totalement réductrice, à ces titres venus d’ailleurs ; une frontière lointaine que la voix d’Amber Bain achève d’affirmer tout au long de l’écoute. Entre la subtilité évolutive de « Clean », moment de plénitude synthétique où les samples imprègnent des mélodies délicates et pénétrantes, et le dépouillement instrumental de « Sugar Pill », l’évidence s’impose d’elle-même : on n’a rarement entendu pareilles mélopées dans le paysage créatif actuel. La douceur s’allie à l’affirmation d’une démarche en mouvement constant, parfois lors d’incursions plus énergiques et presque rock (Letter By the Water), mais avec cet immuable sentiment de tenir, entre ses mains, un ensemble protéiforme, donc les contours se troublent pour mieux nous embrasser, comme le prouve la candeur d’inspiration folk qui se dégage lentement de « Cool Blue ». Les expérimentations se métamorphosent alors en véritables révolutions et révélations, dans des écrins lentement brodés et au travers de filtres harmoniques fascinants et satinés.

Le chant se fait aérien, entre chœurs synthétiques et une simplicité presque répétitive de l’élocution, pour toucher la corde sensible de notre âme et l’enrouler de ses fils les plus délicieux. Amber Bain nous conte ses histoires, ses passions, ses tourments qu’elle parvient à exprimer avec une délicatesse admirable, sans jamais sombrer dans l’auto-satisfaction. Une affection et une fragilité que la musicienne surmonte au travers de quatre offrandes résolument profondes et belles. Une innocence retrouvée, qui apparaît comme la plus salvatrice des expressions sentimentales et légères, provoquant un plaisir inédit et formidable, tout en finesse et don de soi immuable. The Japanese House devient alors un lieu dans lequel on accepte sans hésitation de se perdre afin d’en explorer tous les recoins, à la lumière d’une chandelle dont la flamme frémit tendrement.

The Japanese House

On attend impatiemment de découvrir ce projet sur un véritable premier album qui, on l’espère, verra bientôt le jour. Mais, pour patienter, autant continuer à traverser le miroir avec elle, pour mieux se perdre dans ses corridors de l’âme.

« Clean EP » de The Japanese House est disponible depuis le 6 novembre 2015 chez Dirty Hit Records.


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Raphaël Duprez

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