[LP] The Dead Mantra – Nemure

Eucharistie sonore éminente, « Nemure » de The Dead Mantra déchaîne les passions obscènes d’un shoegaze obscurantiste vouant un occulte culte au sacré.

The Dead Mantra - Nemure

En huit titres immersifs et ténébreux, le jeune quatuor se lance dans sa plus grande inquisition à ce jour, réveillant au passage les démons endormis au cœur de la nécropole mancelle.

The Dead Mantra porte ainsi sa croix sur 34 minutes d’un rock souterrain et mystique, où la voix transcendée et hurlante de Mantra Paul fait corps (et esprit) avec les riffs saturés de sa guitare, cherchant l’union sacrée avec celle de Ludwig Vön Müller et la basse grondante de Frère Médard.
Comme pour expier ses impardonnables pêchés, Möe Jöe laisse jaillir toute sa hargne derrière ses fûts, avec une sévérité dantesque.

L’impressionnant « Holy Dawn » pose l’ambiance, austère, de ce rock qui cherche toute sa splendeur dans des chœurs aux résonnances cathédrales, où la saturation des instruments hisse avec ferveur le titre vers les hauteurs. Entre confusion et effervescence, The Dead Mantra laisse peu à peu la folie le gagner, pour immédiatement la laisser s’emparer de nous.

L’expéditif « Mxeico » brûle alors les derniers cierges en l’honneur des damnés. Un titre grave et morflant qui jubile de flageller ses instruments avec effroi, enchaînant toujours plus bruyamment sur « Don’t Call It Love », choc musical aux riffs soniques et aux voix fantomatiques. Effarant et brutal.

Le recueillement est alors de rigueur sur le solennel « 1996 », ode funèbre et pénombrale emportée par des chœurs en phase avec les instruments, hantant chaque couplet d’un voile opaque et oppressant. Tout s’intensifie, tout se densifie là où jamais la noirceur ne relâche.

« Pure » noircit autant qu’il transcende le tableau fait de fusain et d’encre de chine. Nous faisons un rêve funèbre, où l’obscurité se fait prenante et empirique, où « I See Your Eyes » dépeint le dessein tragique d’un « Nemure » sous les flammes, d’un monde sous la nuit infinie. Où l’or ne brille plus.

Entre l’acharnement du post punk et l’enténèbrement du shoegaze, les quatre enfants de l’apocalypse défendent à bout de souffle sur « Soulless », avec une passion ésotérique, un album divinement habité et possédé, d’âme et de saturations. The Dead Mantra is the New Black.

crédit : Denis Rouillard
crédit : Denis Rouillard

« Nemure » de The Dead Mantra, sortie le 22 septembre 2014 chez Cranes Records en édition vinyle sérigraphiée à l’encre dorée, limitée à 200 exemplaires, et disponible à prix libre sur Bandcamp à cette date.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques