[LP] The Big Moon – Love In The 4th Dimension

Avec, enfin, un véritable premier album digne de ce nom, les quatre filles de The Big Moon ne laissent pas le format studio rendre leurs compositions trop étroites, en faisant exploser leur rock mélodique avec une constance et un savoir-faire admirables et consciencieux. Tout en n’oubliant pas, au passage, un petit grain de folie entre émotion et exaltation, soignant mélodies et arrangements accrocheurs avec une imparable maestria.

On avait eu la chance de découvrir les Londoniennes de The Big Moon sur scène il y a un an, lors de la dernière édition du festival L’Ere de Rien, et le constat était sans appel : ces beautés-là avaient un don particulier de séduire autant que de faire jaillir une bonne dose d’électricité dans l’air, grâce notamment à des compositions à la fois immédiatement fédératrices et diablement malignes, le tout remué dans le shaker d’un rock digne des plus grandes déflagrations du genre. Et c’est bel et bien ce mélange de séduction et de gifle que l’on prend en pleine figure sans les voir venir qui parcourt chaque instant de « Love In The 4th Dimension », premier opus d’ores et déjà parfait sur tous les plans et offrant à l’auditeur une transe étrange, car l’obligeant à sauter dans tous les sens, que ce soit en plein air ou dans l’espace clos d’une chambre étudiante. Canaliser pour mieux s’exalter ; un credo que nos musiciennes respectent à la lettre, tout en l’agrémentant d’une frénésie intrinsèque captivante et occupant chaque recoin de l’espace sonore ici créé et interprété.

« Sucker » plante admirablement bien le décor, entre déchirements guitaristiques et prouesses vocales radicalement addictives, profondes autant que délurées. Marque de fabrique d’un opus bercé entre la sagesse et la schizophrénie, « Love In The 4th Dimension » alterne ainsi des élans mélodiques pop rock surannés et sensitifs (« Pull The Other One », « Silent Movie Susie ») et des décharges traversant nos membres et nos cerveaux, injections d’adrénaline puissantes et radicales (le démentiel « Bonfire » ou le psychédélique « The Road ») qui nous font trembler des orteils au sommet du crâne, injectant dans nos veines un poison brûlant et excitant. Et, même lorsque les mesures s’apaisent afin de dissimuler d’autres coulées de lave corrosives et éblouissantes (« Cupid », « The End »), The Big Moon chamboule les codes et les structures harmoniques, laissant libre cours à une inspiration décidément inépuisable et revigorante.

On en était pratiquement certain, on en a maintenant la confirmation : The Big Moon marque le rock anglo-saxon en lui apportant un regard neuf, libéré de ses chaînes et prêt à trouver une perspective encore plus jouissive sur scène. Et personne ne s’y est trompé, au vu de la réputation croissante de nos quatre cavalières, défrichant tous les terrains abandonnés et construisant, au fur et à mesure de leur carrière, une réelle identité et personnalité qui donnent terriblement envie d’obtenir la réponse à cette question qui nous pend aux lèvres : alors, ça donne quoi, l’amour dans la quatrième dimension ? Éléments de réponse fournis rubis sur l’ongle par The Big Moon, et qui provoque de furieux désirs de laisser les peaux et les corps, en sueur, s’exposer et s’unir dans des ébats sonores et visuels érotiques et suaves.

« Love In The 4th Dimension » de The Big Moon est disponible depuis le 7 avril 2017 chez Fiction Records / Caroline International.


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Raphaël Duprez

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