Un deuxième jour de festival est un jour différent. Il y a d’abord cette barre dans le front au réveil. Il y a ces corps un peu fatigués. Il y a cet instant de faux flottement. Celui où les pelouses ne sont pas encore noires de monde. Mais il y a aussi cette envie d’en voir encore, d’en entendre toujours plus. Bienvenue sur le 2e jour de Terres du Son.
Le festival se vit la nuit, mais aussi la journée. Il se vit différemment. Au détour des scènes, on se pose et on écoute. La foule n’est pas encore là, mais le spectacle a commencé. Sous un soleil, qui tape fort, des artistes ouvrent les festivités.
Il y a d’abord Mathieu Boogaerts. Lui et sa guitare. Moulé dans un tee-shirt des plus roses, il surplombe la foule sur son estrade. Ça sera de nouvelles chansons, celles de son album et celles qui n’y ont pas trouvé leur place. Il y aura aussi les autres, celles qu’on a déjà attendu. Il est un phénomène qui déborde de naturel. Il danse. Non, il se dandine carrément. Demande à son public et aux autres, des chœurs. Des chœurs encore et toujours. Sur chaque chanson, une interaction avec les gens. Un moment de plaisir entre lui et le public.
L’après-midi chez Terres du Son, il y a ce quelque chose de l’ordre de la flânerie. Ce temps qu’on prend pour la découverte. Samedi, la découverte fut indienne. Bollywood Masala Orchestra ou comment nous rappeler que la musique est d’abord coutume, invitation et partage. Sincère. Un ensemble de cuivre, des percussions des plus étonnantes, des danseuses et un Fakir.
Le jeu se veut parfois guerrier, mais toujours festif. Le public s’amasse autour de la scène. Ça tape des mains et danse. Sur le visage de la troupe et dans la foule, il s’agit là du même sourire. Engouement et joie.
La suite sera aussi dépaysante. Un léger accent et une conférence de presse incongrue, qui a des airs de débats écologiques.
Les Cowboys Fringants sont là et promettent d’enflammer le festival. Devant la scène, un public fidèle se presse. Le band est juste heureux et nous montre que le son n’est pas obligé de s’arrêter – ou d’aller jusqu’ – à la perfection technique. Ils amènent la foule à danser avec leurs idéaux. Festif et agréable. Le public est heureux. Et si ça suffisait à estimer une musique ?
22h00. Le soleil descend peu à peu. L’obscurité se fait. Le festival prend un autre visage. Peut-être plus attentif. Plus musical. Plus grand. La nuit laisse les lumières des scènes prendre tout leur sens.
Tout cela pour mieux sublimer Archive. Le groupe est frontal. Une batterie percutante. Des claviers se font face. Conquérant. Les voix durent et s’introduisent dans les profondeurs de la nuit. S’introduisent dans les corps. Magistral et sombre.
La musique navigue entre apesanteur céleste et pesanteur des ténèbres. Tout ce que nous offre le groupe est fascinant. Parlons même d’interprétation mystique. Entre envolée électronique et orchestration aérienne, la batterie marque le pas. Le concert est de ces choses qui donnent un écho. Résonance démentielle.
Croisé en espace presse, demandant à être photographié, distribuant des autocollants à son effigie, Janski Beeeats est sûrement la découverte de la soirée – et qui sait du festival.
Sous le chapit’ô, ambiance moite. Ça transpire et ça piétine la terre. L’incendie a pris. Les deux « animaux » font vibrer la nuit. Une tête masquée d’une créature au sourire démoniaque et affamé. Un robot ourson bleu à la batterie. Duo détonnant. L’image est donnée et se projette aussi derrière eux.
C’est sur un fond d’histoire de manga et de jeux game-boy que le concert s’engouffre. Touches de synthés ou de keytar. Ambiance électrique et libérée, qui prend tout son sens en public. Nous voilà entraînés dans un projet effréné aux allures de parties enflammées sur console de salon.
Oui, le deuxième jour est bien différent. Passé l’euphorie des débuts, un jour où l’on prend tout ce que Terres du Son a à proposer ; entre découvertes familiales et soirée ravageuse. Fatiguées, mais en vie. Qu’en sera-t-il du troisième et dernier jour ?