[Live] Tame Impala au Métropolis de Montréal

La presse musicale et les fans de musique indé n’ont d’yeux que pour eux. Après avoir dévoilé cinq titres de son album « Currents » prévu pour cet été, Tame Impala, l’un des groupes les plus captivants de la décennie a défendu son univers psychédélique et trippant lors de deux concerts à guichets fermés au Métropolis.

crédit : Karine Jacques
crédit : Karine Jacques

Mini Mansions

Le Métropolis de Montréal, situé en plein quartier des spectacles, est vraiment le lieu parfait pour voir un concert avec plusieurs centaines de personnes. Très grande, très espacée et moderne, avec un imposant balcon, la salle est le lieu contemporain par excellence pour profiter de spectacles confortablement.

La soirée s’ouvre avec le trio de Los Angeles, Mini Mansions, projet montant du microcosme psychédélique qui s’avère idéal pour inviter parfaitement le public dans l’univers pop onirique de Tame Impala. Sur scène, Michael Shuman (NDR : bassiste des Queens of the Stone Age) au chant fait également office de batteur. Ses deux acolytes, Tyler Parkford, claviériste sage et Zach Dawes, bassiste à son aise, complètent la scénographie composée sur le côté d’un panneau lumineux indiquant le nom du groupe. Les morceaux sont joués avec une grande maîtrise et oscillent entre pop sombre et indie rock au fur et à mesure du show.

Deux tubes notables : « Death is A Girl », au refrain imparable qui synthétise remarquablement l’univers du groupe, et « Vertigo », qui consiste initialement en un duo avec Alex Turner des Arctic Monkeys. Ce dernier s’intéressant fortement aux sons psychédéliques et notamment Tame Impala, dont il sait reprendre « Feels Like We Only Backwards » avec brio.

Tame Impala

Le concert n’a pas commencé qu’un contraste assez drôle apparaît. Les techniciens installant le matériel arborent un sarrau, blouse blanche qui évoque la médecine. Nous fait-on passer un message comme quoi le spectacle sera d’une précision chirurgicale ?

Un accueil triomphal est réservé aux quatre Australiens et au Français de Tame Impala alors qu’ils pénètrent sur scène. Il faut dire qu’après des présences mémorables à Coachella et à l’Austin Psych Fest cette année, l’attente s’est faite ressentir dans la métropole québécoise. Le leader Kevin Parker arrive pieds nus, fidèle à son habitude. Ses allures de gourou aux cheveux longs donnent la sensation d’une cérémonie qui va avoir lieu avec un public privilégié. L’annonce et les premières notes de « Let It Happen » agitent l’audience qui se rend à peine compte des nettes dissonances qui sont en train d’être jouées, mais l’ambiance est festive, le son est fort. Pas mal pour l’extrait d’un album qui n’est pas encore sorti.

crédit : Karine Jacques
crédit : Karine Jacques

L’enchaînement avec « Mind Mischief » est logique et prévisible, et mène ensuite vers des titres moins connus, mais toujours fascinants. Les dissonances disparaissent. Les boîtes à rythme, la voix légère de Kevin Parker et les guitares aux projections ondulatoires sont irrésistibles et géniales. La force mélodique de Tame Impala est colossale ; on est à la fois hypnotisé et halluciné. Une véritable musique exploratoire et antistress qui sait aussi mettre des claques rock. Le tube « Elephant » ne fait qu’une bouchée du public et le met en transe, puis s’arrête soudainement pour enfin reprendre cinq secondes seulement.

Les projections visuelles en arrière-plan se transforment tout au long du spectacle et sont synchronisées avec chaque musique. Souvent abstraites, parfois mettant en valeur le son produit par un instrument, on passe de cercles hypnotiques et multicolores à des images de road trip vécu dans des états seconds, et même des pluies de feu ocres. Toutes ces images sont amplifiées par une rangée de lumières fixées sur des têtes derrière les musiciens qui enveloppent la salle de vagues luminescentes. La réaction des Montréalais est sans équivoque. Une bonne partie d’entre eux dansent, font du body surfing ou montrent tous les signes de la transe.

crédit : Karine Jacques
crédit : Karine Jacques

D’autres morceaux de « Currents », l’album du groupe dont la sortie est prévue cet été, font l’unanimité. « Eventually » et « Cause I’m A Man » avaient conquis d’avance un public de connaisseurs qui a beaucoup apprécié d’entendre ces nouveaux titres sur scène. « Be Above It », présent sur le deuxième album, Lonerism, convainc moins en live, notamment par sa désillusion quant à son côté artificiel (la batterie que l’on entend dans le morceau n’est en fait qu’une boîte à rythme). Le concert se termine par le formidable titre juvénile et élévateur « Apocalypse Dreams ». Le rappel laissera bien sûr la place à « Feels Like We Only Go Backwards », chanson mélancolique ultime qui fait toujours verser une larme aux plus sensibles. La soirée s’achève avec « Nothing That Has Happened So far Has Been Anything We Could Control », chanson bonus n’apportant pas vraiment de valeur ajoutée.

On peut le dire, apprivoiser cet animal astral qu’est Tame Impala n’est pas simple durant un concert de 90 minutes. Cela reste une musique d’initiés ; l’aficionado ne trouvera que difficilement ses repères durant une performance live, d’autant plus qu’elle diffère souvent de la qualité CD, elle-même extrêmement produite. Pour les fans, on est en revanche au bord de la crise d’épilepsie.

crédit : Karine Jacques
crédit : Karine Jacques

Deux soirs de concerts qui semblent avoir été mémorables pour beaucoup. Un extrait du show a été diffusé aux yeux du monde entier sur la Story Snapchat de Montréal pendant plusieurs jours et le sujet alimentait encore des conversations une semaine durant. On ne pourra pas glorifier la présence scénique des artistes, mais applaudir sans réserve le travail musical de Tame Impala.


Setlist de Tame Impala au Métropolis de Montréal

Let It Happen
Mind Mischief
It´s Not Meant To Be
Alter Ego
Eventually
Elephant
Be Above It
Oscilly
Cause I’m A Man
Why Won’t You Make Up Your Mind?
Why Won’t They Talk To Me?
Apocalypse Dreams
Feels Like We Only Go Backwards
Nothing That Has Happened So Far Has Been Anything We Could Control


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Merci à Karine Jacques pour sors-tu.ca pour les photos de Tame Impala.

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Yann Puron

Découvreur musical avide d'émotions fortes aussi bien sur disques qu'en concerts