[Live] Sylvan Esso et Noga Erez au Point Éphémère

Petites sensations électro-pop de ce milieu d’année, Sylvan Esso et Noga Erez font une tournée européenne commune pour présenter de nouveaux titres avec une certaine résonance politique. Paris n’a pas fait exception, avec une double prestation puissante et frondeuse sur la scène du Point Éphémère.

Sylvan Esso – crédit : Cédric Oberlin

Déjà aperçue au Arte Live Festival il y a plusieurs semaines, Noga Erez est revenue dans la capitale pour ouvrir la soirée au bord du Canal Saint-Martin. Ancienne percussionniste de The Secret Sea – projet de Portland -, elle offre un nouveau souffle à l’électro-pop, venu cette fois tout droit de la banlieue de Tel-Aviv qui lui a inspiré des sonorités incisives et insoumises.

Comparée un peu partout à M.I.A, Noga Erez mérite son titre de petite sensation de l’année avec sa pop corrosive et frondeuse, qui fait appel à autant de beats urbains et minimalistes que de boucles électro bien senties. Accompagnée du producteur Ori Rousso, avec qui elle fonctionne comme un vrai duo, elle a posé son chant hypnotisant sur des machines électroniques aux percussions métalliques. Sa voix chaude et grave, exploitée avec un style presque trap, sert des textes forts aux connotations pour le moins politiques, et qui ont fait en sorte que l’évasion et le plaisir musical passent aussi par un moment de réflexion.

L’artiste aux partitions désenchantées a, en réalité, tous les attributs d’une enchanteresse, figurant en pôle position pour devenir l’une des divas pop engagées de ces prochains mois. Son album, déjà arrivé jusqu’à nos oreilles – et qui finira sa gestation le 2 juin prochain chez City Slang – va sans doute confirmer le potentiel de la jeune artiste, qui va faire danser sur ses discours militants : manipulations politico-médiatiques («Dance While You Shoot»), féminisme («Pity»), crainte de l’anonymat ou de l’oubli («Off The Radar»)… Des titres puissants que Noga Erez reviendra présenter très vite au public parisien qui avait, ce soir, l’air absolument conquis.

Après cette belle performance surprise, c’est au tour de Sylvan Esso de prendre possession du Point Éphémère. Un autre duo, composé d’Amelia Meath et Nick Sanborn, et qui fait le choix de ne pas arranger la formule sur scène. La première prend donc l’espace, avec ses chorégraphies hantées et sa voix mélodieuse un brin juvénile, tandis que le second se charge de tisser des sons électroniques. Les partitions proposées cette fois-ci sont plutôt orientées dance et pop, avec un potentiel certain pour renverser les foules, dans la veine d’un Chvrches ou d’un Purity Ring, mais avec une signature plus nerveuse, voire chaotique.

Les Américains, déjà très remarqués il y a trois ans avec leurs premiers disques, ont apparemment décidé de monter en puissance, autant dans le discours politique – du fait d’un contexte particulier de l’autre côté de l’Atlantique – que dans la production. Une nouvelle posture qui ne semble pourtant pas perturber une horde de fidèles venus avec la ferme intention de danser, à l’image des réactions sur le puissant single «Radio», petite pique adressée à l’industrie musicale sur une mélodie catchy.

Mais, si le nouveau long format du tandem tire une certaine force de son hétérogénéité – malgré des compositions assez inégales – et les acrobaties changeantes de la voix Amelia Meath, la performance proposée a semblé vouloir trop tout recentrer sous un filtre plutôt club, à la fois pesant et répétitif. Peu de place, donc, pour mettre en avant les nuances pourtant présentes sur leurs deux disques, mis à part l’apaisé «Slack Jaw», qui a presque fait figure d’intrus sur la setlist.


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Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens