[Live] Sunflower Bean et Weaves au Point Ephémère

Sunflower Bean et Weaves, deux révélations rock nord-américaines de l’année se sont donné rendez-vous au Point Ephémère à Paris vendredi 16 septembre 2016. L’occasion de redécouvrir deux albums incontournables, teintés de psychédélisme ou de grunge pour le premier, et de soul pour le second.

Sunflower Bean © Cédric Oberlin
Sunflower Bean – crédit : Cédric Oberlin

Avant de rentrer dans la salle, nous ne pensions évoquer le groupe qui ouvrait le bal qu’en quelques lignes. C’était sans compter cette première partie surprenante et de grande qualité signée par Weaves. Les Canadiens s’illustrent par une instrumentation rock ou funky assez lourde, qui contraste avec la nonchalance de sa chanteuse au grain soul. Interprète un brin décalée avec une présence assez électrisante, bien accompagnée par une batterie musclée et un guitariste également farfelu qui tente, sur de brèves séquences, de remuer ses cordes avec son nez ou avec ses dents (nous n’avons pas tout compris). Une prestation aussi tendue qu’intense, où Weaves aligne déjà une série de tubes évidents, mais pas toujours cohérents tellement les couleurs et les sonorités sont modulées par la formation canadienne. L’ensemble n’en reste pas moins déroutant et est joué avec passion par sa chanteuse ensorcelée. Le projet de Toronto, signé chez Kanine Records (Fear Of Men) a sorti un premier album cette année à découvrir sans attendre.

C’est au tour de Julia Cumming et de ses deux acolytes de Sunflower Bean de débarquer sur scène. Ancienne égérie pour Saint-Laurent, la chanteuse et bassiste donne maintenant de la voix dans cette jeune formation qui s’est donnée elle-même l’étiquette de néo-psyché mais lorgne également avec plaisir vers le grunge et le shoegaze au gré de ses divers singles et EPs. Le dernier en date, sorti en septembre et baptisé « From the Basement » comprend ainsi quatre reprises de The Modern Lovers, T-Rex, Spiritualized et Neil Young. Dans cette large palette sonique, la blonde platine au look croisé entre Soko et Grimes se donne à cœur joie de faire les montagnes russes entre voix de tête angélique et éclats plus rageurs.

Les New-Yorkais n’étaient pas venus depuis la sortie de leur premier album « Human Ceremony » en janvier, un disque écrit en sept jours ; étrangement apaisé jouant plutôt sur le surf et la pop de leurs voisins brooklynois DIIV, après des débuts plus saturés en guitare. Dans une salle pas tout à fait remplie, ils ont livré une performance bien plus brutale que ce qu’a pu laisser entrevoir ce disque, notamment grâce aux titres plus anciens squattant la setlist. Leurs instruments se font également plus rugueux et grungy sur scène, à l’image de la ligne de basse furieuse de la chanteuse ou des riffs aiguisés du guitariste Nick Kivlen. Jouant les meilleurs instants d’ « Human Ceremony », les trois Américains à peine entrés dans la vingtaine ont malicieusement alterné entre douceur mélodique, hymnes pop et puissance punk rock avec aisance. Si le batteur, Jacob Faber, semble en retrait, les deux manieurs de cordes jouent d’harmonies entre leurs voix, où se répondent des paroles qui sonnent comme des conversations à l’image de « 2013 » et « I Was Home » où Nick Kivlen fait résonner son chant piquant. Nous nous sommes principalement éclatés sur les envolées surf/psyché de « This Kind Of Feeling » à la mélodie imparable et aux airs très DIIV. Puis, sur le très pop « Easier Said » qui rappelle une autre ambiance rétro incarnée par Haim et lorgnant plutôt vers la côte ouest qu’à New York, ou encore « Wall Watcher », plus explosif dans ses riffs, qui incarne la variante grunge qui était probablement le plus à la fête ce soir-là. Un public constitué de nombreux connaisseurs avait en tout cas la banane aux lèvres, et c’est le principal.


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Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens