[LP] Strange Wilds – Subjective Concepts

Le rock dans tous ses états ; c’est grâce au nom de ce festival renommé que l’on trouve la définition parfaite de la musique que nous offre Strange Wilds avec ce premier album. De visites sur des terrains apprivoisés à des chutes vertigineuses dans l’inconnu, en passant par des tunnels bruitistes imparables, le trio américain évolue hors des sentiers battus, leurs compositions étant remarquablement mises en avant grâce à une production impeccable. Récit d’un coup de cœur immédiat.

Strange Wilds - Subjective Concepts

« L’intelligence, c’est comme les parachutes : quand on n’en a pas, on s’écrase. » Remercions le regretté Pierre Desproges pour cette formidable citation s’appliquant ici parfaitement à un certain public d’internautes n’ayant apparemment pas saisi l’intérêt autre que parodique des Américains de Strange Wilds. En effet, en parcourant les commentaires de ces faux mélomanes sur la page YouTube accompagnant le nouveau single du trio, ainsi que certaines critiques de sites musicaux bien connus, on trouve souvent des comparaisons à Nirvana et, forcément, des reproches faits au label Sub Pop. Laissons-les dans leur coin et gageons que ces constats pseudo-éveillés sont bien loin du résultat du travail de ces enfants du rock. Car « Subjective Concepts » va beaucoup plus loin, tout en n’empruntant absolument pas le même chemin. Un disque furieux et débridé, mariant à la perfection respirations bienvenues et folie furieuse, dans un tourbillon électrisant et dévastateur.

Passée la claque monumentale qu’est le premier extrait de ce fabuleux disque, « Pronoia », on est immédiatement happé dans les méandres d’un rock sans concession et qui sent bon la transpiration et l’envie d’en découdre. Rien n’est laissé au hasard et tout ici est implacablement posé pour déchaîner les enfers d’un rock abrasif et direct (Egophillia). Ça court dans tous les sens, ça saigne, ça épuise sans jamais devenir un trop-plein indigeste ; car tous les titres respirent la passion et ce besoin inconditionnel de faire mal et de percer les tympans pour mieux obséder l’esprit de l’auditeur (Disdain, Pareidolia). S’accordant quelques respirations nécessaires à l’écoute complète du LP, Strange Wilds prend son temps et pose ses bases avec intelligence et un sens du perfectionnisme pourtant périlleux dans le genre qu’il a choisi (Dont Have To, Oneirophobe). Le groupe maîtrise son sujet, prouvant au passage que les pauses permettent de mieux mettre en valeur des déflagrations sans concession (l’excellent « Lost and Found »). Rien ne sert de courir, il faut partir à point.

Le chant lui-même dose remarquablement les apparences tantôt punk, tantôt incontrôlables du dessein si particulier et original du projet. Les gars savent très bien où ils veulent en venir et se donnent totalement à leur objectif, sans jamais faillir. Tant et si bien qu’on sent chaque cellule de notre corps exploser au fur et à mesure de l’avancée de cet album franc du collier et furieux, mais qui ne perd jamais son sens de la mélodie et du riff, là encore imparables. Les détonations s’enchaînent, les uppercuts pleuvent et nous laissent K.O. quand le souffle final se fait entendre. On se surprend à adorer ce qui se déroule ici et à en redemander immédiatement. Une vraie drogue qui dégage les esgourdes et les sens, dans un torrent tumultueux faisant sauter toutes les digues d’un style qui en avait bien besoin. Une claque, pour résumer de manière plus imagée. Mais de celles qui laissent une empreinte rouge et chaude sur la joue ; voire quelques cicatrices.

Strange Wilds

Strange Wilds fait d’ores et déjà partie des projets qu’on adore, grâce aux coups de pieds qu’il nous donne pour nous faire avancer. En courant et en hurlant, de préférence.

« Subjective Concepts » de Strange Wilds est disponible depuis le 24 juillet 2015 chez Sub Pop.


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Raphaël Duprez

En quête constante de découvertes, de surprises et d'artistes passionnés et passionnants.