[Interview] Stéphane Martin, programmateur du Chabada

Programmateur du Chabada depuis 2000, Stéphane Martin est une figure incontournable de la salle de concert angevine. À l’occasion des 20 ans du Chabada du 6 au 8 juin prochain, nous avons passé du temps en sa compagnie pour tout comprendre de son quotidien et de sa passion, et explorer avec lui la programmation à venir.

Stéphane Martin par Fred Lombard

  • Bonjour Stéphane, tu es le programmateur du Chabada depuis nombreuses années. À quand remonte ton arrivée ?

C’était en septembre 2000.

  • Donc ça va faire 14 ans en septembre. Comment es-tu arrivé au Chabada ?

Je crois que c’est mon parcours pré-Chabada qui a fait que j’y travaille aujourd’hui. Le poste de programmateur s’étant libéré l’été 2000, j’ai postulé et j’ai été retenu. Si c’est mon parcours qui a joué, ce qu’on peut supposer, j’ai été précédemment disquaire indépendant entre 1989 et 2000 à Angers, et parallèlement à ça, je faisais de la radio ; j’avais commencé en 81 à la libération des ondes. Je devais également participer à quelques fanzines dans les années 90, mais surtout de la radio et de la réalisation de concerts avec deux associations : Black & Noir qui a surtout sévi dans les années 80 et Love Fuzz dans les années 90, dont les concerts organisés ici au Chabada, plutôt autour du rock puisqu’on a fait Fugazi, L7, Noir Désir.
Les premiers concerts organisés au sein de l’association Black & Noir, c’était au milieu des années 80. On avait commencé dans les bars autour de 82-83.

  • Si tu devais définir ce qu’est devenu aujourd’hui le métier de programmateur : tes fonctions, tes responsabilités ?

À ma charge de proposer une cinquantaine de concerts sur l’ensemble d’une saison, en essayant de balayer au plus large le spectre des musiques actuelles, puisque le credo du Chabada, c’est de rester éclectique au sein des musiques actuelles ; donc ne pas hésiter à aller sur de la chanson, parfois du jazz, même si de moins en moins puisque le jazz se mélange moins qu’il ne l’a fait ces dernières années. Moi, ma musique de référence, c’est plutôt rock, mais évidemment en tant que programmateur, on ne programme pas en fonction de ses goûts, mais pour le public. Il faut avoir une ouverture d’esprit que j’espère avoir au moins un peu.
Le métier de programmateur, c’est de regarder ce qui se passe et de coller au plus à la réalité, aux envies du public et parfois les précéder, c’est aussi le but du jeu avec les découvertes. Et aussi de répondre aux attentes avec quelques têtes d’affiche.

  • Tu me disais donc 50 concerts à l’année…

Avec parfois 2 groupes voire plus par concerts.

  • La saison du Chabada, c’est combien de mois dans l’année ?

Ça démarre fin septembre, ça se termine autour du mois de juin. Du coup, 9 mois.

  • Le Chabada donne l’occasion, par l’intermédiaire du « On Stage », à de jeunes groupes amateurs et locaux l’opportunité de jouer dans des conditions professionnelles. Comment est née cette idée ?

Le On Stage existait avant que j’arrive au Chabada. L’idée étant bonne, il ne s’agissait pas de casser ce qui avait été fait auparavant, mais de poursuivre le projet. Le On Stage a évolué, et va sans aucun doute évoluer. On est à deux On Stage l’année aujourd’hui alors qu’on a pu être jusqu’à 4, mais ce n’est pas la seule façon de programmer des groupes locaux en devenir, puisque sur l’ensemble de la programmation, on va en retrouver très très régulièrement en première partie ou lors de release party.

Burn School
Burn School lors du « On Stage »

Ou même des petites têtes d’affiche, ça a pu se faire encore récemment avec Eagles Gift ici.
Si les chiffres sont corrects, on est à 30% de musiciens angevins chaque saison, et c’est assez constant, On Stage inclus. Bref, je trouve que la part dévolue au local reste importante, et c’est normal.

  • Tu parlais de programmation éclectique, est-ce que tous les genres musicaux sont selon toi représentés ?

Je dirais que oui. Si on prend les grandes familles : rap, pop rock, chanson, jazz, électro, tout ça y est effectivement. Mais la musique aujourd’hui a énormément changé.
Ça fait pour moi 30 ans que je baigne dans ce milieu, aujourd’hui, ce qu’on a vu, c’est l’éclatement de chacun de ces grands courants en de multiples niches. Quand on parle de rock aujourd’hui, on peut parler, je pense, de centaines de niches différentes. C’est très difficile de répondre à toutes les demandes finalement, car un amateur de rock peut apprécier certaines formes de rock et pas d’autres. C’est là que ça rend les choses compliquées. Être pertinent sur toutes les esthétiques rock aujourd’hui, c’est compliqué et dans le rap, c’est la même chose tout comme en électro.
La gageure, c’est de couvrir un champ qui n’est pas couvrable, ça c’est sûr ! On ne peut pas faire le tour des musiques actuelles, c’est impossible, il y aura forcément des manques.

  • Et comment tu gères cet équilibre entre les familles de musiques représentées au sein de cette programmation ?

Sans établir de quota, car ça n’est pas notre façon de faire et ça serait ridicule parce qu’on est très réactifs par rapport à l’actualité musicale et celle du lieu : c’est d’ailleurs pour ça qu’on n’a pas une, mais trois programmations dans l’année. Ça nous permet de réagir aux nouveaux artistes émergents. Ce qu’il faut y avoir dans la tête, c’est ce que je suis en train de construire pour la rentrée prochaine, c’est de se dire, « voilà, les agences m’ont proposé ces artistes-là, j’ai trois concerts de rock, qu’est-ce qui se passe du côté du hip-hop ? ». On va essayer, sans se fixer de quota, d’avoir un espèce d’équilibre. Équilibre qui ne tient pas évidemment parce qu’il y aura toujours des manques sur une programmation de trois mois. Mais on est jugé sur une programmation de trois mois par le public.

  • Et c’est finalement en recevant le programme que le public va se réserver pour tel ou tel concert vu qu’on a aujourd’hui une telle offre qu’on ne peut pas aller à tous les concerts, soit en raison de nos disponibilités, soit de nos goûts tout simplement, mais également en raison de notre budget alloué aux sorties.

Oui, exactement. Tout le monde n’aime pas tout ! L’idée, c’est de se dire « si tous les gens qui s’intéressent aux musiques actuelles peuvent passer au moins une fois par an au Chabada, c’est déjà pas mal ». Ça veut dire qu’on aura au moins trouvé un équilibre sur une saison. C’est difficile de le faire sur une programmation de trimestre, sur une saison, c’est le but du jeu, et je sais que c’est déjà compliqué à réaliser.

  • Au quotidien, tu reçois des propositions de groupes. Quels sont les atouts du Chabada pour faire venir ces groupes, qu’est-ce qui joue sur la balance avec les salles périphériques ?

Disons qu’on a l’avantage avec le Chabada qui existe depuis 20 ans d’être bien installé dans le paysage national, et donc d’avoir plus d’offres que nous, nous faisons de demande. On est bien repérés auprès des principales agences françaises, puisqu’on travaille quasi exclusivement avec des Français, très exceptionnellement avec des étrangers, puisque c’est un peu plus complexe. Puis souvent les artistes ont leurs propres agences en France de toute façon. C’est avec ces agences là qu’on discute. Ils font des propositions. Je peux leur demander des groupes qui m’intéressent et c’est eux qui décident si le Chabada est pertinent sur une tournée pour x raisons.
Si l’artiste vient pour la première fois en France, et qu’il commence à avoir une notoriété, je sais qu’il ira plus facilement à Nantes qu’à Angers. On fait quand même partie du second cercle, même si on est bien repéré, avec l’ombre de Nantes : métropole régionale dotée d’une excellente salle en plus, donc avec un pouvoir d’attraction de par le public qu’il y a à Nantes.
Et vu qu’on sait que les lives sont liés aux ventes d’album, encore un peu, un affichage sur une ville comme Nantes va toucher bien plus de public qu’à Angers, car le public est moindre.

Parfois on est donc obligé de se battre pour avoir un artiste, qu’on a ou qu’on n’a pas d’ailleurs.
Les arguments à mettre en avant, y’en a pas tant que ça ; on se connait bien avec les agences, ils connaissent les qualités et les défauts du Chabada : d’être dans une grosse ville, mais avec l’ombre de Nantes. Bref, on discute vraiment, mais c’est une histoire de feuille de route. Si toutes les dates de l’artiste se font à l’Est, c’est plus compliqué de récupérer une date pour l’Ouest.

Parfois, effectivement, on fait quand même quelques efforts pour aller chercher des artistes qu’on ne nous suggère pas, mais là aussi, je crois que l’argument, ça va être triste à dire, mais il est bêtement financier. Si on est en capacité d’offrir ce que l’artiste veut, on va l’avoir. Si on n’est pas en capacité, ça passera à quelqu’un d’autre. C’est ce qui se fait régulièrement quand un artiste étranger va avoir 8-10 possibilités en France et qu’on va être 25 salles à postuler pour avoir une date. Et là, selon le meilleur routing, selon le meilleur positionnement géographique…

  • Le Chabada a mis en place le concept « Total Découverte ». Des concerts à 5 euros, où j’ai pu voir Breton, David Lemaitre, Eugene McGuinness… Des groupes qui aujourd’hui ont vraiment explosé, c’est un pari de les faire jouer ?

C’est un petit pari en fait, parce que si on fait ce tarif de billetterie à 5 euros, c’est qu’on n’a pas acheté l’artiste très cher. La prise de risque est donc minimum. Si dans cette opération-là on perdait plusieurs milliers d’euros, on ne l’aurait pas perpétué.
L’idée, c’était : dans une période où c’est très difficile de faire venir du public, surtout pour des artistes inconnus du public, il fallait trouver un subterfuge. Et le subterfuge, il est malheureusement sur le porte-monnaie quoi !
Aussi, les « Total Découverte » ne se font que sur des artistes étrangers, pas sur les Français, ce que j’aimerais bien aussi. On est en train de gamberger pour trouver une formule pour les artistes français à découvrir, parce qu’il y en a un paquet !

David Lemaitre

Mais, le concept des « Total Découverte » ne peut pas s’appliquer aux artistes français, parce qu’il n’y a pas cette plus value, disons exotique. Aller voir un inconnu pour 5 balles, et ça fonctionne plus ou moins bien : on a eu de très bons succès avec Pokey LaFarge avec plus de 600 personnes, et AM444 avec moins de 100 personnes.
Donc là, effectivement, c’est des paris qu’on lance, avec des envies de faire découvrir qu’on a, mais ça fonctionne pas toujours. Malgré tout, on a une base moyenne de 200 personnes sur ces dates ce qui n’est pas quand même négligeable sur les ambitions qu’on a.

Le but du jeu, c’est de prendre des artistes qui sont des coups de cœur pour François Delaunay et pour moi-même, et de les proposer au public.
Et j’ai eu des retours du public qui me disait, on ne regarde même plus la programmation de ces « Total Découverte », on sait que c’est 5 balles, on y va. En plus, ça ne te grille pas ta soirée, car ce n’est qu’un seul concert, il n’y a pas de première partie donc en gros, si tu aimes tu restes et à 23h, tu as fini ta soirée, ce qui te permet d’enquiller le boulot le lendemain. Si ça ne te plait pas, tu n’as perdu que 5 euros, et peut-être quelques minutes seulement de ta soirée.
C’est extrêmement difficile de fidéliser un public et sur des « Total Découverte », ça fonctionne.

Le reste du temps, c’est plus difficile, car comme je l’ai dit auparavant, on défend une programmation éclectique. Du temps de mon asso, c’était plus facile, car il s’agissait de fédérer des gens autour d’un genre musical. On le voit avec les projets associatifs avec un objet musical très précis : c’est facile de fédérer tout son propre réseau. À partir du moment où tu multiplies les réseaux par dizaine, on n’est plus crédible. Et puis, l’institutionnalisation du Chabada fait qu’on perd, à tort à mon avis, en crédibilité de pertinence.

  • Tu parlais des décisions prises conjointement avec François Delaunay, être programmateur n’est donc pas un métier solitaire ?

Ça peut l’être. Moi je travaille principalement avec François Delaunay, qui est le co-directeur, chargé de l’artistique. Je trouve que c’est toujours bien d’échanger. François et moi, on est fans de musique et parfois, on a tendance à s’emballer. Quand l’un de nous deux s’écrie : « Oh putain, ce groupe, il faut absolument qu’on le fasse », l’autre répond « c’est très bien, mais il va faire combien d’entrées ? ». Et là, on commence la réflexion sur combien de public on peut ramener, et peut-être de calmer les ardeurs en réalisant que « ce groupe, c’est trop tôt pour le faire, on va faire moins de 100 personnes, ça n’a pas de sens, attendons un petit peu. »
Il y a beaucoup d’échanges, c’était pas écrit. Je suis en charge de la programmation et même si François s’est toujours gardé une petite part de programmation, je pourrais très bien travailler seul… si ça avait été ma méthode de travail.

Stephane Martin par Fred Lombard

Je préfère échanger avec François, en plus, on a la chance d’avoir deux bureaux mitoyens avec une porte de communication entre les deux ce qui permet beaucoup d’échanges. Et l’un et l’autre, on s’use sur le sujet : « est-ce que tu penses que c’est pertinent là maintenant ? », ce qui permet d’assurer nos décisions, sans trop se mettre en danger soi-même.

Et quant au reste de l’équipe, je peux les consulter de manière informative, car ils n’ont pas de pouvoir de décision, par exemple avec Julie qui est l’attachée de production, avec Paul et Mathias qui sont en technique, suivant les goûts de chacun. Je sais avec qui ça n’est pas la peine de discuter musique, mais avec certains, on peut échanger sur le sujet, mais aussi sur des montages de soirées, parce qu’il y a évidemment les concerts lambdas avec un ou deux groupes qui jouent dans la soirée, mais quand on fait des soirées un peu exceptionnelles, là c’est bien de discuter, d’avoir l’avis de tout le monde pour penser à tous les aspects.

  • En parlant de soirées exceptionnelles, la Birthday Party XXL pour les 20 ans du Chabada, c’est du 6 au 8 juin au Chabada et sur les bords de Maine le dimanche lors du Piknic Electronik. Est-ce que tu peux me parler de l’élaboration de cette programmation, comment tu l’as pensé ? Et pourquoi tu as retenu certains groupes…

…Et pas d’autres ? (rires) Comment on a conçu cette programmation, euh, je ne sais plus trop !
On s’est dit avec François, « tiens, il faudrait que ce groupe soit là, que celui là aussi… », et du coup on a commencé à monter le truc. Et on s’est rendu compte, sans l’avoir vraiment théorisé au départ que tous les groupes qui jouent, à l’exception de Odezenne, le vendredi et de Blitz The Ambassador, le samedi, tous les groupes qui jouent ont un lien avec le Chabada. Par la porte ou par la fenêtre.

Golden Animals, c’est un groupe psychédélique, et nous organisons avec l’Austin Psych Fest le Levitation, il y a donc évidemment un clin d’œil à cette programmation.

Fortune est né au Chabada sur les cendres d’Abstrackt Keal Agram, il y a quelques années. On les a accompagnés et on aime toujours ce que font ces garçons. Et ils ont sorti un album cette saison.

Mustang, c’est pareil. Moi, j’étais très fan dès les premiers titres. François les a soutenus pour qu’ils obtiennent le Fair, il y a 5 ans, et depuis on est resté en contact, ils sont venus travailler ici. Je reste absolument fan du groupe, de ses quatre albums. Moi j’aime beaucoup son parti pris. Il y a un vrai lien. Je savais que le groupe ne voulait pas faire beaucoup de dates avant l’automne où démarrera vraiment sa véritable tournée sur « Écran Total ». Quand j’ai discuté avec l’agent, j’ai demandé : « Est-ce que j’ai la présomption de penser qu’Angers est l’une des villes auxquelles le groupe a pensé », et il m’a dit « Évidemment, Angers est une des villes auxquelles il a pensé comme Clermont-Ferrand, parce qu’ils en sont originaires. » Voilà, il y a aussi ce lien avec Mustang.

Driving Dead Girl, c’est un groupe de l’écurie l’Igloo qui bosse à Angers, et en plus c’est un groupe belge, et les groupes belges ont toujours été très présents dans la programmation du Chabada.

Jazzman Gerald, notre collaborateur, Jérôme Kalcha Simonneau travaille avec Jazzman Records, et quand il nous a proposé ce fabuleux DJ, on avait envie d’accepter.

Les SAmBA De La mUERTE, c’est pareil, on les accompagne. Dedans, il y a Corentin Ollivier, l’ancien guitariste-chanteur des Dancers, qui joue aussi avec les Concrete Knives.
The Octopus Project, ils sont d’Austin…

  • Il y a des liens partout pour résumer !

Il y a des liens partout en effet, mais ça n’a pas été plus gambergé que ça !

Évidemment, il y a la carte blanche qu’indiemusic a sur ce premier jour. Et là le lien c’est indiemusic – Le Chabada et les groupes.

L’invitation faite à Kazamix, qui lui-même a invité les Mixtapes de l’apéro, collectif de DJs angevins avec qui on a déjà travaillé. Il y avait vraiment cette envie et c’est vrai que les deux headliners de ces soirées, Odezenne et Blitz sont les deux seuls groupes avec qui il n’y a pas de liens. Odezenne, ça faisait très longtemps que j’avais envie de proposer ce groupe qui a un propos super intéressant dans le hip-hop et curieusement, l’autre groupe qu’on a choisi, c’est aussi un groupe de hip-hop avec aussi un propos extraordinaire et décalé.

Pour le dimanche, on a essayé de poursuivre plus loin notre collaboration avec Arno Gonzales et le travail entrepris depuis plusieurs années avec les Modern, en lui confiant les clés de la programmation de ce Piknic Electronik. On va être très très occupé sur les deux jours de programmation, et il nous fallait faire appel à un peu plus de forces vives pour ce dernier jour, et c’est donc l’équipe d’Arno qui va s’en charger, et qui est en lien avec le local, avec le label Timid Records et avec des artistes invités dessus comme Molly et Carlos Nilmmns, présent en tant qu’Angevin et artiste international.

  • On va aller explorer tes meilleurs souvenirs du Chabada. C’est quoi le groupe que tu as été le plus fier de voir et de faire jouer au Chabada ?

Oh, c’est un groupe autrichien, et une de mes premières envies quand je suis arrivé ici en 2000. J’étais très très fan de ce groupe et j’ai du mettre trois ans à parvenir à programmer au Chabada, c’est Sofa Surfers. C’est de l’électro trip-hop dub, mais surtout un groupe extraordinaire.
Avec les Zenzile, on écoutait ça en boucle ! Et j’étais content quand on a réussi à les programmer !

Pour les autres bons moments, je me souviens du concert de Staff Benda Bilili, qui est un souvenir assez fort. C’est marrant, je parle de trucs électros ou de pop world, et je cite pas de rock, alors que c’est plutôt mon fonds de commerce, comme quoi !
Et c’est vrai que je n’ai pas tant de souvenirs marquants – c’est un peu triste de le dire comme ça, car tous les concerts sont marquants –, mais c’est vrai qu’un clou chasse l’autre…
Je me souviens du concert sonique d’Archie Bronson Outfit qui avait fait fuir une grosse partie du public. À raison, car ça jouait extrêmement fort, et ça c’est pas forcément un bon souvenir, et pourtant, c’est un excellent groupe.
Je me souviens du concert de Fugazi qu’on avait organisé avec mon asso au Chabada dans les années 80, ça c’était un autre bon souvenir d’avoir fait venir cet extraordinaire groupe à Angers.

Non, je crois que c’est tous les jours Noël en tant que programmateur, il y a toujours le groupe de demain qui m’intéresse de faire venir ! Un Pokey LaFarge, c’était une belle histoire. Et puis y’en a plein plein plein !
Et là, je suis très content… Ah non, je ne peux pas le dire, car ça va être sur la programmation de Levitation, mais je suis très content d’avoir un groupe canadien, que j’avais très envie de programmer ! Je sais, je viens un peu de te donner des pistes (rires).

Dans les regrets, j’aurais aimé faire jouer LCD Soundsystem qui est pour moi, l’un des groupes les plus importants des années 2000. Ça ne s’est pas fait, trop tôt ou trop gros, même si ça ne m’a pas empêché de le voir en concert, j’étais ravi.

Aujourd’hui, finalement, le truc c’est qu’il y a plein de très bons groupes, mais on ne les connait pas encore ! C’est une gourmandise, non pas d’aller forcément vers la nouveauté, mais vers la curiosité. Je ne suis pas forcément du genre à prêcher « tout ce qui est neuf est bien », mais j’aime voir comment la musique évolue, quelles sensations la musique peut encore nous procurer. Et finalement, après 70 ans de musiques actuelles, je trouve ça encore fabuleux qu’on puisse avoir des sensations alors qu’on a l’impression que tout a été fait. Et il y a tellement encore de choses à faire et à renouveler !

  • Si tu devais résumer la philosophie de Stéphane Martin en tant que programmateur ?

Oh ! J’en ai une, moi, c’est ce que je dis souvent, « Quand artiste content, public content, moi content ». Une programmation réussie, c’est celle-ci.
Voilà, quand l’artiste donne un bon concert, qu’il est content d’être sur scène, que le plaisir prend plaisir à ce show, quelque soit la musique qui est jouée, même si je n’aime pas la musique qui est jouée – parce qu’il m’arrive de programmer des choses que je n’aime pas à titre personnel, mais que je sais qu’il faut les programmer – et bien, ça me suffit pour me rendre satisfait de mon travail.
Je suis content, car je vois des gens qui ont le sourire, on a fait passer une bonne soirée à des gens et ça, c’est notre boulot !
Notre boulot, c’est de mettre en relation un artiste et un public, son public ! C’est ça que j’aime !
Et quand, en plus, c’est un groupe que je suis hyper content, car j’en suis fan, alors là, je mets le niveau un peu plus haut, mais là, c’est la cerise sur le gâteau.
Et bien sûr, si on va évidemment dans le sens de ce que les gens cherchent, on essaye pour autant de ne pas faire du populisme, et ne pas proposer que ça, ça n’est pas le but. L’outil qu’on a, l’association avec laquelle on travaille, l’ADRAMA, nous amène à balayer ce champ le plus large possible.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques